Vous avez reçu la prime indemnité inflation de 100 euros plusieurs fois ? Pas de souci, elle ne vous sera pas réclamée !

L’Etat a la réputation de gérer ses finances avec un panier percé. Encore 170 millions d’euros de plus que l’Etat a laissé filer sans contrôle. La prime indemnité inflation a été versée plusieurs fois aux mêmes personnes...

jeudi 12 octobre 2023, par Denis Lapalus

Prime indemnité de 100 euros : certains l’ont perçue plusieurs fois...

Les travaux de la Cour des comptes ont mis en lumière « un nombre important de doublons » dans le versement de cette aide de 100 euros, estimé à 1,7 million de bénéficiaires. « Il ressort des travaux de la Cour que les dispositions prises pour le versement de l’indemnité inflation n’ont pas permis d’assurer le respect du principe de versement d’une aide unique à chaque bénéficiaire », écrit le premier président de la juridiction financière Pierre Moscovici, dans un courrier adressé en juillet à Élisabeth Borne, successeure de Jean Castex à Matignon, et rendu public ce mercredi. Dans le détail, les Sages ont observé « un nombre important de doublons », estimé à 1,7 million de Français (soit 4,4% du nombre total de bénéficiaires), pour un montant indûment versé d’environ 170 millions d’euros. Pour rappel, cette mesure devait initialement représenter un coût de 3,8 milliards d’euros pour l’État.

170 millions d’euros versés à tort

Le chiffrage de la Cour des comptes « doit cependant être considéré comme un minimum », écrit Pierre Moscovici, étant donné que l’étude des versements « ne comprend pas tous les paiements ». Pis, ces sommes ne peuvent pas être récupérées par l’État. « Alors que les organismes de sécurité sociale sont les principaux payeurs de l’indemnité inflation, le texte (du décret, NDLR) ne dispose pas qu’ils puissent notifier et recouvrer les indus », regrette la Cour des comptes. C’était en effet aux bénéficiaires que revenait la responsabilité du reversement des sommes indues. « Sur cette base volontaire et spontanée, seuls 791.500 euros ont été recouvrés par la DGFiP (Direction générale des Finances publiques, NDLR), soit environ 0,5% du montant des doublons estimés », note Pierre Moscovici.

Des erreurs prévisibles

« La conception même du dispositif de la prime inflation exposait (…) au risque de paiements multiples puisqu’une même personne relevant simultanément de plusieurs statuts (salarié, travailleur indépendant, bénéficiaire de prestations sociales, étudiant,…) relevait de facto de plusieurs organismes payeurs (employeur, caisses de sécurité sociale,…) », souligne le premier président de l’institution. À l’époque, l’exécutif avait justifié le principe du versement « automatique » de cette aide par sa volonté d’éviter de créer une « usine à gaz ».

Pour la Cour des comptes, s’il est trop tard pour corriger les erreurs commises dans la conception de l’indemnité inflation, celle-ci doit servir d’exemple, pour l’avenir, de ce qu’il ne faut pas faire. Dans le cas où une telle aide financière exceptionnelle serait à nouveau décidée, les Sages recommandent de prévoir « les modalités d’échanges de données entre tous les organismes concernés par la mise en œuvre de l’indemnité », ainsi qu’un cadre juridique clair pour contrôler le versement de l’aide et le recouvrement des sommes indûment versées. Ils insistent aussi sur le besoin de simplification, en confiant « la responsabilité de l’attribution, du versement, du contrôle et de la récupération des indus à un seul organisme national ». Au risque sinon d’un nouveau gaspillage d’argent public.

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