Réforme des retraites 2020 : l’âge pivot de 64 ans supprimé par le Premier Ministre, sous conditions
Edouard Philippe s’est dit samedi disposé à retirer, sous conditions, l’âge pivot de 64 ans du projet de réforme des retraites dans un courrier aux partenaires sociaux, un geste bien accueilli par les syndicats réformistes alors que les opposants ont battu le pavé dans la plupart des grandes villes de France.
dimanche 12 janvier 2020, par FranceTransactions.com (avec AFP)
"Je suis disposé à retirer du projet de loi la mesure de court terme que j’avais proposée, consistant à converger progressivement à partir de 2022 vers un âge d’équilibre de 64 ans en 2027", indique le Premier ministre dans ce courrier envoyé au lendemain de bilatérales avec les syndicats à Matignon, tout en maintenant le principe d’un âge d’équilibre dans la réforme.
Tout semble se passer comme pour l’Agric-Arrco
Le système de retraite complémentaire des cadres Agirc-Arrco, géré par les partenaires sociaux, a connu exactement le même scénario. Le gouvernement a sommé les partenaires sociaux de trouver un accord, sans quoi, sa réforme aurait été appliquée. Sous la pression algébrique du déficit Agirc-Arrco, les partenaires sociaux n’ont pas eu d’autre choix que d’instaurer un âge pivot à 63 ans. Le même scénario va-t-il se dérouler pour le système de retraite de base ? Les partenaires sociaux ont jusqu’au mois d’avril pour résoudre cette équation insolvable sans que les Français mettent les mains à la poche, d’une façon ou d’une autre.
Le retrait de l’âge pivot, un signe fort de compromis
La CFDT, premier syndicat en France et favorable au système universel par points, avait fait une "ligne rouge" de cet âge pivot incitant les Français à partir à 64 ans en 2027 sous peine de se voir infliger un malus. Dès l’annonce du gouvernement, la centrale a "salué le retrait de l’âge pivot du projet de loi, retrait qui marque la volonté de compromis" de l’exécutif. Elle affiche dans un communiqué sa volonté de "poursuivre les discussions dans le cadre proposé" et indique qu’elle s’inscrira "dans la conférence de financement dont elle a proposé le principe".
"Le retrait de l’âge pivot est une bonne chose qui permet de discuter sereinement de l’équilibre", a abondé le secrétaire général de l’Unsa, Laurent Escure. "Cela va permettre d’avancer sur le reste de la réforme, pour obtenir des compensations, des garanties, des avancées", a-t-il déclaré à l’AFP. La main tendue du gouvernement aux syndicats réformistes pourrait fissurer le font des opposants à la réforme. Pour le leader de la CGT Philippe Martinez, interrogé samedi en tête de la manifestation parisienne avant la publication du courrier du Premier ministre, "l’âge pivot est un leurre" qui "ne change rien à notre opposition à la réforme".
Plus mesuré, son homologue de FO, Yves Veyrier, observait que "si on nous annonce un recul en tout ou partie sur l’âge pivot, ce sera le produit de la mobilisation". Au 38e jour de mobilisation contre le projet de réforme, plusieurs dizaines de milliers de manifestants - 150.000 selon la CGT - défilaient samedi après-midi dans la capitale entre Nation et République. Devant le cortège syndical bon enfant, plusieurs centaines de manifestants, dont certains masqués ou cagoulés, ont brisé des vitrines, saccagé une banque, incendié du mobilier urbain et jeté des projectiles en direction des forces de l’ordre, qui ont répliqué par des tirs de gaz lacrymogène. La police faisait part de sept interpellations à 17H30.
La CGT a appelé à maintenir le blocage des expéditions de carburants des raffineries jusqu’au 16 janvier inclus, et a déposé un préavis de grève "reconductible bloquante" à partir du 13 dans deux centres de la Banque de France qui traitent plus du quart des billets du pays. La grève historique continuait samedi à l’Opéra de Paris, avec l’annulation de la représentation du Barbier de Séville, et à Radio France, qui en est à son 40e jour de grève.