Réforme des retraites : l’idée d’un référendum rejetée par l’Assemblée Nationale
L’Assemblée nationale a rejeté lundi au premier jour de la bataille sur les retraites dans l’hémicycle la demande de référendum initiée par les communistes dans une démarche rare, et défendue par l’ensemble de l’opposition de gauche.
lundi 17 février 2020, par FranceTransactions.com (avec AFP)
Bataille politique
Sans surprise, cette "motion référendaire" a été rejetée par 160 voix contre 70. Les communistes avaient réuni 60 signataires - avec les PS, LFI, des élus Libertés et Territoires et même Xavier Breton - au-delà du quota nécessaire (58 au minimum) pour présenter dans l’hémicycle cette demande de référendum. Cette motion, la première depuis 2008, "c’est un acte rare, un acte fort", a souligné le chef de file du groupe communiste André Chassaigne : "60 signataires de différentes sensibilités politiques pensent que le peuple doit avoir la parole sur ce projet de loi". La réforme "ne peut s’imposer dans une telle confusion et dans un tel calendrier", a complété à la tribune son collègue et secrétaire national du PCF Fabien Roussel.
"Bien sûr qu’on le veut ce référendum, qu’on veut voir et savoir si les Français avalent vos bobards", a lancé l’Insoumis François Ruffin à lamajorité. Pour le premier secrétaire du PS Olivier Faure, il faut que "le peuple puisse trancher", sauf si le gouvernement s’engageait à ne pas utiliser le 49-3, arme de la Constitution pour faire adopter un texte sans vote. Le groupe LR n’a pas pris part au vote mais quatre de ses membres se sont cependant prononcés pour cette demande de référendum. Le secrétaire d’Etat Laurent Pietraszewski a aussitôt critiqué cette motion, "artifice de procédure" et "manœuvre dilatoire" pour "empêcher la grande majorité de l’Assemblée nationale" de "faire ce pourquoi elle a été élue".
41.000 amendements
"Pourquoi un seul référendum, pourquoi pas 41.000 référendums pour chacun de vos amendements ?", a ironisé le LREM Jean-René Cazeneuve. Pour la MoDem Nathalie Elimas, c’est une "obstruction" à une réforme décrite "noir sur blanc dans le projet du candidat Macron élu démocratiquement président de la République". Chez les UDI-Agir, Agnès Firmin Le Bodo a aussi trouvé "dommage" de "retarder les débats". Si cette motion avait été adoptée par les deux chambres, Assemblée et Sénat, il ne s’agissait toutefois que d’une proposition de référendum faite au président de la République, libre de donner suite ou pas.
Auparavant, les communistes puis les LR avaient chacun sur un volet de la réforme (ordinaire puis organique) présenté une motion de rejet, pour manifester leur opposition au système universel de retraites par points. Ces deux motions de procédures avaient été rejetées.