Réforme des retraites 2023 : ces salariés nés en 1961 doivent choisir entre congés sans solde ou revenir au travail !
Ce monde à l’envers. Seize employés de l’entreprise Orano, nés après 1961 mais déjà en congés jusqu’à leur retraite, ont reçu début avril une lettre recommandée les informant qu’ils sont concernés par la réforme.
vendredi 28 avril 2023, par Denis Lapalus
En congés pré-retraite, ces salariés doivent choisir entre revenir au travail ou perdre de l’argent
C’est France Bleu Drôme Ardèche qui relate cette histoire sortie d’un cauchemar social, impact direct de cette réforme des retraites 2023. Seize employés de l’entreprise Orano, nés après 1961 mais déjà en congés jusqu’à leur retraite, ont reçu début avril une lettre recommandée les informant qu’ils sont concernés par la réforme. Ils doivent choisir entre un congé sans solde, toucher moins d’argent... ou revenir au travail.
Déjà à la retraite dans leur tête, le retour au travail impossible
Dans leur quotidien, dans leur esprit, ils étaient déjà à la retraite. Nés après 1961 (la première génération concernée par la réforme) mais ayant pu anticiper leur retraite en prenant des congés grâce à différentes mesures (compte épargne-temps, par exemple), 16 employés de l’entreprise Orano ont pris une douche froide début avril. Avant même la validation de la réforme des retraites par le Conseil constitutionnel, leur entreprise leur a envoyé une lettre recommandée. Celle-ci leur annonce que la réforme va les impacter, de deux trimestres en moyenne, qu’ils doivent se mettre en contact avec le service des ressources humaines. On leur propose alors, par téléphone ou par mail, plusieurs solutions :
- Option 1 : lisser sa rémunération (perdre du salaire chaque mois)
- Option 2 : reprendre une activité professionnelle
- Option 3 : opter pour un congé sans solde
"J’avais déjà le projet de partir m’installer dans le sud de la France, tranquillement, après une longue carrière dans l’entreprise", confie un salarié. "Finalement, je ne vends plus ma maison, c’est dégueulasse, j’ai cotisé et la règle c’était 42 ans, au bout de 41 ans et demi on change". Soit il doit revenir au travail, soit il perdra près d’un tiers de son salaire actuel.
Du côté des syndicats, on s’étonne du manque de concertation et du timing du courrier : "les décrets d’application ne sont pas tombés, d’ailleurs si vous appelez la CARSAT aujourd’hui, personne ne peut vous dire combien de trimestres supplémentaires vous devrez faire", dit Alain Pecherand, délégué du site du Tricastin.
Chez Orano, on assure qu’il vaut mieux s’y prendre ainsi. "C’est notre rôle d’entreprise responsable d’anticiper, de prévenir le salarié pour ne pas qu’il ait une mauvaise surprise à l’automne, mais aussi de trouver des solutions individualisées", réagit une cadre d’Orano. Elle cite l’exemple de l’indemnité de départ à la retraite, un dispositif propre à l’entreprise, calculé pour chaque salarié individuellement. "Le montant peut être lissé pour compenser les trimestres, converti en temps de travail également". Ce mercredi 26 avril, le ministre du travail, Olivier Dussopt, a affirmé que la réforme serait mise en application dès le 1er septembre.