Retraites : des avocats ont bloqué les entrées du tribunal de Paris
Plusieurs dizaines d’avocats ont bloqué pendant plus de trois heures lundi l’accès au tribunal de Paris pour protester la réforme de leur régime autonome de retraite, créant une file d’attente d’une centaine de personnes, ont constaté des journalistes de l’AFP.
lundi 24 février 2020, par FranceTransactions.com (avec AFP)
Retraites : des avocats ont bloqué les entrées du tribunal de Paris
Toutes les entrées du tribunal judiciaire dans le quartierdes Batignolles, celles du public comme des professionnels de la justice, ont été bloquées jusqu’en fin de matinée, quelques heures avant le début du procès de l’ancien Premier ministre François Fillon où 200 journalistes étaient attendus.
Munis de banderoles "Avocats en colère"et de drapeaux du Syndicat des avocats de France , des dizaines de robes noires ont chanté et clamé leur mécontentement au micro, dans une ambiance globalement calme.
"Pour l’honneur des défenseurs et pour un monde meilleur, même si Belloubet veut pas, nous on est là", ont scandé les manifestants, avant d’allumer des fumigènes rouges, couleur de leur "colère" contre une réforme qui va, selon eux, entraîner la fermeture de centaines de petits cabinets et restreindre l’accès à la justice des plus démunis.
Un cordon de CRS a été déployé en face des manifestants, mais sans intervenir. Ils se sont finalement dispersés d’eux-mêmes en fin de matinée.
Les robes noires sont entrées dans la huitième semaine d’une grève dure contre la réforme de leur régime autonome qui va voir doubler les cotisations des avocats gagnant moins de 40.000 euros par an. Le mouvement (défense massive, renvois, manifestations...) a conduit au renvoi de milliers d’audiences et à l’engorgement des tribunaux, où les stocks d’affaires en souffrance ne cessent d’augmenter.
En dépit de quelques réunions techniques à la Chancellerie, après septsemaines d’une mobilisation sans précédent, les discussions sont dans l’impasse avec le gouvernement.
Lundi matin, la ministre de la Justice Nicole Belloubet a à nouveau regretté sur RTL un dialogue de sourds avec les avocats : "Lorsque nous avons fait venir les avocats à la table desdiscussions, cela a toujours été très difficile d’obtenir un positionnement car ils refusent d’entrer dans le système universel".
"Il ne peut pas y avoir un système universel pour 70 millions de Français sauf pour 70.000 avocats", a-t-elle ajouté.
De leur côté, le Conseil national des barreaux (CNB), la Conférence des bâtonniers et le puissant barreau de Paris renvoient la responsabilité du blocage au ministère, dénonçant une volonté de "détruire ce qui marche" - leur régime autonome qui "ne coûte pas un centime d’argent public" - pour un système qui vavoir "à la fois augmenter les cotisations et baisser les pensions".
Lundi, la réforme de leur régime spécifique a à nouveau créé un débat à l’Assemblée nationale : l’opposition, notamment la droite, a accusé le gouvernement de "casser" une caisse autonome "qui fonctionne". La majorité a dénoncé des "contre-vérités" et rappelé l’abattement de 30% sur l’assiette des cotisations sociales (CSG), prévu pour compenser l’augmentation des taux de cotisation.
La députée LREM Laetitia Avia a aussi cité un amendement déposé vendredi par le gouvernement qui prévoit un "dispositif de solidarité" pour les petits cabinets et qui devrait notamment être financé en puisant dans les réserves de la caisse autonome des avocats.
Les avocats s’interrogent sur la pérennité d’un abattement de 30%, fondé sur un "indice du revenu d’activité non définià ce jour", et sur sa conformité à la Constitution. Ils s’insurgent aussi qu’on leur demande de financer leur propre solidarité, alors que pour les médecins par exemple, c’est la sécurité sociale qui le fait.
A Paris comme en province, la plupart des barreaux ont voté la reconduction de la grève jusqu’au début mars.