Arnaque / spéculation sur les baskets : une pyramide de Ponzi de 85 millions de dollars démantelée
La plus grande arnaque sur les baskets de collection vient d’être démantelée. Les spéculateurs auront perdu probablement les deux-tiers de leurs investissements, pour le moins hasardeux.
lundi 29 août 2022, par Denis Lapalus
Retour à la réalité
Explosion des bulles spéculatives tous azimuts. Après quelques années d’absence de rendement pour les placements traditionnels, les particuliers se sont embarqués dans des investissements pour le moins risqués. Les cryptomonnaies n’en sont que la partie visible de l’iceberg. Après les manuscrits, les montres de luxe, au tour des baskets de collection de voir les cours s’effondrer.
Revente de baskets Nike, Adidas, Yeezi
Quelques semaines à peine après qu’un ancien propriétaire d’une entreprise de revente de baskets a été accusé d’avoir orchestré une pyramide de Ponzi de plusieurs millions de dollars, un séquestre nommé par le tribunal cherche à vendre près de 60.000 paires de chaussures pour collecter des fonds pour indemniser les victimes. Michael Malekzadeh, l’ancien propriétaire de Zadeh Kicks LLC, une société de l’Oregon aujourd’hui disparue qui vendait des baskets en édition limitée et de collection en ligne, a été accusé au pénal de fraude électronique, de complot en vue de commettre une fraude bancaire et de blanchiment d’argent le 3 août, accusé de escroquer 85 millions de dollars à des clients et à des institutions financières.
Nouvel éclatement d’une bulle
La spéculation sur le marché des sneackers devrait se calmer. 59.780 paires, dont une majorité de la marque Nike, sont mises en vente. Elles ont été saisies aux Etats-Unis il y a un mois dans le cadre de la plus grande arnaque sur les chaussures de sport. Devenues des objets de collection et de spéculation , les baskets ont vu leur marché décoller sur les sites de revente et leur prix, parfois, s’envoler.
Pyramide de Ponzi
Cette pyramide de Ponzi a atteint un montant de 85 millions de dollars. 70 millions correspondent aux pertes des particuliers et 15 à celles des institutions financières à qui il doit de l’argent, comme American Express et PayPal. Michael Malekzadeh, qui plaide non coupable, risque plusieurs dizaines d’années de prison. Il a collecté l’argent de clients en leur promettant qu’il obtiendrait des modèles rares, 3 à 6 mois après leur sortie d’usine, et dans des quantités extravagantes et irréalistes. 15.000 clients se sont laissés séduire. Ils étaient prêts à patienter longtemps en spéculant, estimant que les prix des baskets ne pouvaient que monter et qu’ils auraient tout le loisir de les revendre à leur tour avec profit une fois livrées. Michael Malekzadeh avait assuré pouvoir fournir 600.000 paires d’un modèle de Nike, et n’en a livré que 10 %. Mais avec l’avance reçue, il pouvait dédommager les clients (argent, cartes cadeaux) qui ne recevaient pas leurs baskets et éviter des procès qui auraient attiré l’attention de la justice. Les impayés se sont accumulés, conduisant Zadeh Kicks à se déclarer insolvable en avril.
Madoff des sneakers
Il n’avait pas le moindre accord avec les grandes marques comme Nike pour acheter leurs nouveautés avant leur sortie. Il les achetait où il pouvait trouver les prix les plus bas, auprès d’autres revendeurs ou sur des sites comme StockX. Ses clients avaient, eux, payé à l’avance. Leur argent servait aussi à rembourser les dettes de sa société tout en lui assurant un train de vie très confortable, à en juger par les Bentley, Ferrari et Lamborghini dont il disposait.
La justice américaine a récolté 6,4 millions de dollars en revendant les objets personnels du « Bernie Madoff des sneakers », selon la presse américaine. Il a en effet opéré une forme de pyramide de Ponzi , une arnaque qui consiste à payer des clients avec l’argent des autres pour entretenir l’illusion d’une activité légale et profitable. En 2021, Zadeh Kicks a enregistré 100 millions de dollars de ventes, 50 fois plus qu’en 2015, rapporte le média « nicekicks ».
Selon les experts cités par l’agence Bloomberg, le stock de baskets saisies, dont plus d’un millier d’exemplaires qui appartenaient à Michael Malekzadeh, ne devrait couvrir qu’une faible partie des pertes. Les clients qui attendent toujours leurs sneakers, non livrées, avaient déboursé 70 millions de dollars. Ils pourraient n’en récupérer qu’une vingtaine au mieux.