État du marché immobilier de l’Est parisien (Val d’Europe) : rencontre avec Alain Fontagnères
Rencontre avec Alain Fontagnères, agent immobilier sur le secteur du Val d’Europe, réseau KW France. L’Est Parisien, c’est le secteur de DisneyLand Paris. Sa réouverture le 15 juillet prochain sera un bol d’air pour l’économie de toute la région. Quid du marché de l’immobilier local ? Alors que la reprise semble forte, les professionnels préfèrent attendre la rentrée 2020 pour se prononcer.
vendredi 10 juillet 2020, par Denis Lapalus
Comment se porte le marché de l’immobilier en cet été 2020 ? Si certains évoquent une forte reprise, d’autres estiment que le marché pourrait se calmer rapidement, avec les conditions économiques en dégradation, crise oblige. Rien de mieux que de demander à une personne présente sur le terrain pour en savoir plus. Rencontre avec Alain Fontagnères. M. Fontagnères est agent immobilier du secteur de Val d’Europe (Est parisien), affilié au réseau KELLER WILLIAMS (KW FRANCE). Ce réseau, leader mondial, créé aux USA existe depuis bientôt 40 ans. Arrivé en France en 2017, son modèle (Market-Centers, regroupant des agents immobiliers indépendants) poursuit son développement avec succès et est devenu la plus grande franchise immobilière du monde, regroupant plus de professionnels de l’immobilier que n’importe quel autre réseau.
Comment se porte le marché de l’immobilier dans l’Est parisien depuis la fin du confinement ? Les visites ont repris, et les transactions ?
Alain Fontagnères (AF) : Le confinement a été ressenti comme une mise entre parenthèses de l’activité habituelle. Les transactions immobilières sont fondées sur plusieurs activités :
- les primo-accédants qui étaient locataires et souhaitent concrétiser leur premier achat.
- es familles qui s’agrandissent, se recomposent ou se séparent avec des tailles de logements à adapter à la nouvelle configuration.
- Les mutations ou évolutions professionnelles avec changement de région ou pays.
- Les changements de situations personnelles qui obligent parfois à vendre.
- Les décès, inévitables et parfois imprévisibles.
- Les investisseurs.
Il semble cohérent de penser que ceux qui voulaient vendre leur maison, ont gardé ce projet et ceux qui avaient envie de concrétiser un achat restent motivés. Chez Keller Williams nous avons poursuivi notre activité durant le confinement depuis chez nous. Nous avons été chaque jour en formation, en animations et au contact de nos clients par le biais des moyens de communication actuels. Certains ont même concrétisé des offres sur des biens déjà visités avant le confinement, en utilisant la signature électronique dont dispose notre réseau.
L’activité au sortir de cette période a repris étonnamment dès les premiers jours, comme si les clients voulaient rattraper le temps perdu. Les transactions ont repris également, avec plusieurs offres et aussi des signatures d’actes authentiques. Le marché de L’Est Parisien est très dynamique pour plusieurs raisons. Le secteur dispose encore d’une capacité conséquente en foncier et attire les promoteurs régionaux ou nationaux. Les transports sont nombreux et permettent de fluidifier les destinations de proximité (RER A, réseau de bus,routes, autoroute) ou plus lointaines (TGV, aéroports). Les prix qui augmentent de façon continue, restent plus attractifs que l’Ouest de Paris, Paris bien sûr et la première couronne de l’Est parisien, tout en restant à 30 minutes de Paris centre. La région se construit autour des parcs Disney avec une harmonie de bon goût. Les espaces verts partout à proximité sont bien entretenus, les infrastructures éducatives ou sportives ou médicales sont nombreuses et adaptées, récentes et diversifiées. Les centre commerciaux offrent tout le choix souhaité. Le cadre de vie est apaisant.
La ré-ouverture du parc Disneyland Paris le 15 juillet aura-t-il un impact significatif sur le marché de l’immobilier local ?
AF : Disney est un moteur et un aimant dynamisant autour duquel gravite une activité économique considérable. Il est logique que son ouverture prochaine re-dynamise un marché qui s’est interrogé sur les perspectives. L’activité est portée également par la location courte-durée qui attire des investisseurs dans un rayon d’une dizaine de kilomètres autour de Disneyland.
Certaines agences d’Ile de France annoncent des baisses de prix importants demandées par les acheteurs (jusqu’à -20%), est-ce le cas également, dans ce secteur très demandé de l’Est parisien ?
AF : Nous restons ici sur un marché "vendeur, ou à l’avantage des vendeurs", comme dans la plupart des villes attractives.Encore aujourd’hui l’offre des biens à la vente est inférieure à la demande des acheteurs. cela conforte les ambitions des propriétaires de vendre leur bien toujours mieux, même si parfois l’enthousiasme est excessif. Chez Keller Williams nos 5 indicateurs d’Avis de Valeur permettent d’affiner les prix au mieux des intérêts de chacun pour une transaction rapide et réussie.
Avez-vous constaté un changement des critères de sélection des acquéreurs depuis le confinement ? Plus d’espaces ? Une pièce supplémentaire pour le télétravail ?
AF : C’est une excellente question. Nous avons effectivement entendu que les Parisiens allaient acheter une résidence secondaire, ou un appartement avec grand balcon ou terrasse ou une maison avec jardin. Il est évident qu’après l’épreuve redoutable du confinement les propriétaires d’appartements ont envie de vert ou de davantage d’intimité. Le manque d’espace et de jardin a été odieux, si on ajoute les enfants et l’école à la maison, on comprend mieux le sens de cette question. Effectivement dans la quasi totalité des caractéristiques de recherche, l’espace, l’ouverture sur l’extérieur et la pièce en plus sont demandés. Certainement la crainte d’être confrontés de nouveau à une situation équivalente. Certains acceptent même de s’éloigner un peu plus et de rajouter du temps de transport pour accéder à ces surfaces.
Vos clients rencontrent-ils davantage de difficultés afin d’obtenir leur financement ?
AF : Aujourd’hui comme hier, les bons dossiers restent l’idéal. Les taux d’intérêt historiquement bas font que les banques ne gagnent que très peu sur les dossiers. Ajoutons à ça le fait qu’elles font preuve de prudence sur la suite économique de cette crise, nous comprenons aisément qu’elles sont moins généreuses à accorder des financements. La plupart d’entre elles n’accepte plus de dossiers sans l’apport des 10% minimum et le taux d’endettement des 33% est respecté strictement.
Quelles sont vos anticipations pour ce marché à l’horizon 2021 ? Baisse/hausse des prix, une variation de quelle ampleur ?
AF : Aujourd’hui le marché reste stable. Les baisses annoncées ne se vérifient pas sur les secteurs où tout le monde aimerait habiter. On constate même plutôt une euphorie à sur-estimer son bien pour le vendre à des acquéreurs avides de vert ou d’espace. C’est une sorte d’effet TGV qui arrive dans une région, tire les prix vers le haut et 4/5 ans après le niveau de vie local régule cette embellie. Nous pouvons raisonnablement penser que le vrai bilan devra se faire à la rentrée. Il sera temps d’apprécier le réel contre-coup de cette perte économique et ses conséquences sur les niveaux de vie et les emplois. Peut-être que certains seront contraints de devoir vendre, amenant un afflux de biens sur le marché qui seront au bénéfice du choix des acquéreurs, inversant l’équilibre. Les banques joueront-elles alors leur rôle de soutien, ce sera déterminant.