Intelligence artificielle déclinée à toutes les sauces, attention aux indigestions !

L’intelligence artificielle serait déjà partout, tout autour de nous, dans nos voitures, dans les équipements de notre maison, dans les programmes d’allocation d’actifs de nos portefeuilles de valeurs mobilières...

dimanche 2 avril 2023, par Denis Lapalus

À vouloir trop nous vendre de l’intelligence artificielle à toutes les sauces, ne serait-on pas plutôt en train de nous prendre pour des abrutis ?

Intelligence artificielle ? Du marketing avant tout ?

Il suffit que votre voiture possède deux caméras de recul pour que l’argument marketing sorte : système de vision intelligent. Ah bon ? Le système qui régule la température dans votre maison, selon les heures et la luminosité extérieure serait lui aussi intelligent. Étrange, rien de plus stupide pourtant.

Les voitures autonomes scrutent 4.000 paramètres en temps réel, mais ce n’est pas de l’intelligence artificielle pour autant. Cela se nomme de la programmation informatique. L’intelligence artificielle, ce sera quand le système de la voiture décidera d’elle-même quelle règle elle doit ajouter à sa liste de consignes, sans validation humaine. À ce jour, toutes les règles des machine learning sont revues par des humains, sinon, le système peut délirer rapidement. Vous imaginez bien que le jour où votre voiture prendra ses propres décisions basées sur ses règles définies par elle-même, vous prendrez sans doute votre vélo...

ChatGPT, on a bien rigolé...

Tout le monde a tenté de jouer avec ChatGPT. Le système est bien présenté, même si l’artifice de la présentation du texte comme si la machine réfléchissait réellement peut en bluffer certains. Ce qui est certain, c’est que le système raconte de nombreuses bêtises, parfois de façon totalement illogique, montrant bien qu’il ne s’agit encore que de machine learning et rien d’autre. Rien de bien nouveau donc. Par ailleurs, toutes les versions présentées ont fini par délirer après quelques jours de contacts avec des humains, parfois bien taquins. Au final OpenChat GPT est un bon perroquet, puisque toutes les connaissances sont reprises d’une base de connaissance. Le système étant incapable d’en tirer des conclusions par lui-même, c’est d’ailleurs assez frustrant de constater qu’en près de 30 années de recherche sur l’IA, les progrès sont essentiellement liés à la maîtrise du langage. Du côté du raisonnement et de la génération d’avis raisonné, non repris depuis la base de connaissance, on reste proche du zéro absolu.

Intelligence artificielle dans le secteur financier, du marketing

Côté gestion d’actifs, c’est encore plus délirant. Pour celles et ceux qui scrutent les courbes erratiques des indices boursiers, il faudrait de l’intelligence artificielle pour reconnaître des formes géométriques de courbe. Mince alors... Idem dans les allocations de portefeuille, le moindre calcul de volatilité (qui plus est historique, sic) se transforme en un programme d’apprentissage intelligent qui pondère votre allocation en fonction de votre aversion aux risques. Continuez donc de délirer.

Intelligence artificielle, à défaut d’avoir de l’intelligence naturelle ?

L’IA est un outil et le restera. Si certains pensent pouvoir éduquer une IA, ils ne s’agit que de structuration de la connaissance que l’on souhaite bien lui inculquer, mais rien de plus. L’IA ne va pas supprimer des emplois, juste renvoyer au placard ceux qui ne sauront pas l’utiliser à bon escient. C’est un outil, comme une pelle, cela peut permettre de travailler plus vite, encore faut-il savoir la manier, et savoir exactement le résultat que l’on en attend. Ces fantasmes de l’IA qui remplacera l’homme peuvent faire sourire. L’on a toujours peur de pas grand chose.

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