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Placer son argent via internet ? Les épargnants restent timides
Entre des offres méconnues, des craintes, parfois légitimes, de se faire arnaquer, les épargnants Français restent peu nombreux à investir via Internet. Seulement 1.25% des encours en assurance-vie serait placée via le Web, et seulement 25% des Français connaissent les offres de placements sur la toile.
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Des Français plus que timides pour placer via Internet
Les Français restent très timides à franchir le pas de l’épargne en ligne malgré une offre qui s’étoffe. "C’est un marché difficile", dit à l’AFP Gregory Guermonprez, directeur pour la France de Fortuneo, selon qui "il y a un certain conservatisme".
Aux côtés d’acteurs comme BoursoBank, Fortuneo appartient aux banques en ligne qui proposent depuis les années 2000 une alternative à l’éventail offert par les établissements traditionnels, bien qu’elles aient pour l’essentiel été rachetées par ces derniers. Leur offre de banque de détail connaît un relatif succès -* BoursoBank, filiale de Société Générale, affiche plus d’un million de clients -* et se trouve encore plus exposée depuis le lancement en novembre d’un concurrent de poids avec Orange Bank.
Seulement 1.25% des encours en assurance-vie collectés via le Web
Mais le volet consacré à l’épargne peine à se développer, alors même que les arguments de vente sont semblables : facilité de la gestion en ligne et, surtout, frais réduits. Selon M. Guermonprez, dont le groupe appartient au Crédit Mutuel Arkea, les encours d’Assurance Vie sur internet représentent une vingtaine de milliards d’euros en France, une goutte d’eau par rapport aux plus de 1.600 milliards totaux de ce placement, l’un des plus populaires auprès des Français.
Il évoque un "paradoxe" : les consommateurs changent de forfait téléphonique pour quelques euros d’économies mais se posent très peu la question pour l’épargne alors qu’ils pourraient, selon lui, gagner des centaines voire des milliers d’euros en moindres frais.
Les arnaques sur le web sont nombreuses
Avec l’exemple des diamants d’investissement, ou bien ces publicités proposant des rendements de 8%, tout en les comparant au faible taux du livret A, les arnaques ne manquent pas sur la toile. Les épargnants doivent donc redoubler d’attention avant de choisir un placement en ligne.
Méconnaissance des offres d’épargne en ligne ?
Où est le blocage ? "Le seul gros problème, c’est que l’épargne en ligne n’est pas connue", estime Hugues Magron, associé au cabinet Deloitte. Selon une étude publiée la semaine dernière par Deloitte, sur plus de 1.500 personnes interrogées qui épargnent de l’argent, seul un quart connait vraiment l’épargne en ligne.
"C’est faible", a commenté lors d’une conférence M. Magron tout en notant une forte "intention de souscription" : une fois ces offres présentées, beaucoup d’épargnants se disent intéressés. Plus encore que pour les banques en ligne, le déficit de notoriété est un handicap important pour une catégorie d’acteurs apparus ces dernières années : des start-ups qui proposent des plateformes indépendantes d’épargne sur internet.
FinTech : du marketing, ou un réel apport ?
Deloitte estime à une trentaine le nombre de ces "fintech" (cf liste des contrats d’assurance-vie FinTech) et c’est en partenariat avec l’une, l’agrégateur d’épargne WeSave, que le cabinet a réalisé son étude. Parmi ces nouveaux groupes figurent des noms comme Yomoni, Linxea, Nalo. Se faire connaître, "c’est très, très dur (...) sur un marché qui est naissant", avoue à l’AFP Guillaume Piard, cofondateur et PDG de Nalo, qui compte une dizaine d’employés.
Mais l’image des FinTech est parfois usurpée, car l’allocation d’actifs en fonction d’un profil d’investisseur n’a rien de nouveau. AltaProfits, le pionnier de l’assurance-vie en ligne, propose ce même type de service depuis près d’une vingtaine d’années, bien avant que le terme même de FinTech ne fasse son apparition dans les médias. Par ailleurs, les épargnants avertis, rompus avec la gestion des risques, volatilité et espérance de rendements, apprécient ces services, mais reconnaissent volontiers que cela ne reste qu’un outil, et non un gage de placements performants.
Des services sur mesure
Par contraste avec "l’offre classique", catégorie dans laquelle il met même les banques en ligne comme Fortuneo, M. Piard promet une gestion "sur mesure" en fonction des projets individuels, sur le modèle de ce qui se fait dans la banque privée pour les très fortunés.
Nalo, dont le contrat d’assurance vie est géré par la compagnie traditionnelle Generali, utilise, comme d’autres start-up, les "robot-conseillers" : ces systèmes automatisés de gestion se basant sur l’intelligence artificielle.
Robots-conseillers : pour les épargnants lambda
Les robot-conseillers, "ça ne va pas remplacer la gestion de fortune, mais sur l’épargne de masse, c’est un super outil", abonde Céline Bonis, spécialiste des fintech au cabinet de recrutement Heidrick & Struggles.
Reste que Nalo, dont le PDG assure répondre à un "défi de société" en démocratisant l’épargne, compte plutôt attirer des clients fortunés dans un premier temps, même si le ticket d’entrée n’est qu’à 1.000 euros.
"Si on fait du travail sur les gros patrimoines, c’est tout bénéfice : on a plus d’encours et ça fait boule de neige", dit M. Piard, évoquant le modèle du constructeur américain de véhicules électriques Tesla : d’abord des voitures de luxe puis une relative démocratisation des prix.
"Une jeune boîte, à vouloir faire du grand public immédiatement, elle se suicide", insiste-t-il. D’autres, comme M. Magron, restent sceptiques quant à la capacité de ces groupes à séduire directement des clients et voient leur avenir dans une collaboration avec des compagnies traditionnelles qui ont peu numérisé l’assurance vie par rapport aux assurances automobile ou habitation. "Les acteurs traditionnels font appel aux structures qui ont innové pour intégrer leurs technologies dans les leurs", conclut-il.
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