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Le SRRI, ce prétendu indicateur de risques, un piège pour une partie des épargnants
Pensant bien faire, les autorités ont imposé un indicateur simplifié, le SRRI, sur tous les produits financiers proposés aux épargnants. Sauf que, contrairement à ce qui est communiqué, cet indicateur ne mesure pas le risque, mais la volatilité historique du produit financier concerné... En finances, volatilité historique et risques sont loin de toujours faire bon ménage.
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Certains épargnants s’interrogent concernant la récente chute de valorisation de plusieurs SCPI, au-delà des 15 %, alors que les SRRI de ces SCPI sont modérés, 2 ou 3. Comment est-ce possible ? Retour sur la confusion autour de ce SRRI.
SRRI (Synthetic Risk and Reward Indicator)
Le SRRI (Synthetic Risk and Reward Indicator) est un indicateur obligatoirement présent dans les Documents d’Informations Clefs pour l’Investisseur (DICI). L’indicateur SRRI permet de mesurer le niveau de volatilité historique du fonds auquel votre capital est exposé. L’investisseur doit impérativement en prendre connaissance avant d’investir sur le produit financier concerné. Un raccourci, pour le grand public, assimile, à tort, la volatilité historique avec le niveau de risque. Le lien existe, mais les performances passées ne préjugeant en rien de celles à venir, la volatilité historique ne détermine en rien ce qui peut se produire dans le futur. Il ne s’agit que de probabilités.
Comment se lit le SRRI ?
C’est très simple. Le SRRI est une échelle de 1 à 7. Le 1 indique que le produit financier possède une volatilité historique faible (son cours a peu varié ces 5 dernières années). Le niveau 7 est maximal.
SRRI : échelle de 1 à 7
SRRI
Volatilité correspondante
1️⃣
Volatilité inférieure à 0,5%
2️⃣
Volatilité de 0,5% à moins de 2%
3️⃣
Volatilité de 2% à moins de 5%
4️⃣
Volatilité de 5% à moins de 10%
5️⃣
Volatilité de 10% à moins de 15%
6️⃣
Volatilité de 15% à moins de 25%
7️⃣
Volatilité de 25% ou plus
Imaginons, un fonds ayant une performance annuelle moyenne de 5% et une volatilité historique de 10%. Cela signifie que deux fois sur trois (plus exactement dans 68% des cas), sa performance annuelle est comprise entre -5% et +15% (plus ou moins un écart type par rapport à la moyenne).
Pourquoi est-ce un piège pour certains épargnants ?
Le SRRI est un piège dans le sens où de nombreux conseillers financiers se basent sur le SRRI afin de proposer des allocations de portefeuille, afin de viser un SRRI moyen. Une erreur pourtant de débutant. De même, les épargnants choisissant eux-mêmes leurs produits d’investissement, peuvent être amenés à tenir compte de ce SRRI pour valider leur choix. La volatilité historique est un indicateur acceptable quand il ne se passe rien de majeur sur les marchés financiers. Dès lors que l’on rentre dans une zone de turbulences, ces SRRI ne valent plus rien.
SRRI et SCPI : le cas d’école
Pour preuve, les SRRI des SCPI, dont les volatilités historiques sont très faibles, car aucun événement majeur ne s’est déroulé sur le marché de l’immobilier français depuis plus de 20 ans, affichent des SRRI modérés, de niveau de 2 à 3. Et pourtant les baisses de prix de part de SCPI annoncées dernièrement peuvent être de l’ordre de plus de 15% ! Ce qui aurait du être du ressort d’un SRRI de 5. Comme les SRRI sont revus régulièrement, cela implique que le SRRI des SCPI vont grimper d’une ou deux notations dans un horizon de 6 à 12 mois. Cela montre bien la limite de ce modèle, qui a été imposé, faute de mieux. Il fallait faire simple avant tout. Mais cela peut induire en erreur, car l’indicateur ne considère que le passé pour déterminer l’avenir.
Autre exemple marquant, la SCI CAPIMMO, dont la chute de valorisation de près de 12% depuis ce début d’année 2023 surprend de nombreux épargnants. Cette SCI arbore pourtant un SRRI de 2 sur sa documentation (risque relativement faible donc 2/7), ce qui fait penser aux investisseurs qu’une chute d’une telle ampleur de son cours ne serait pas à envisager. Et pourtant, dans les faits, la chute est bien réelle. Là encore, le passé ne prédit pas l’avenir et les conditions actuelles du secteur de l’immobilier font que la volatilité historique n’indique rien quant aux évolutions actuelles.
Comment mesure-t-on le risque chez les professionnels de la finance ?
Scruter la volatilité historique n’est pas un indicateur de risque pertinent pour les professionnels. Les performances passées ne préjugent en rien de celles à venir, est une phrase appliquée au pied de la lettre chez les pros. Dans les salles de marchés, les calculs de risques portent sur les variations des données impactant le prix du produit financier. Cela implique des calculs mathématiques, notamment de dérivés et d’intégrales sur les prix de produits sous-jacents. Ainsi par exemple, pour tout produit financier, l’on calcule de combien varie le prix du produit financier dès lors que les taux d’intérêts varient (hausse et baisse) de 10 points de base, de 20, etc. De même, avec les devises, les prix des matières premières ainsi qu’avec toutes les variables possibles influençant le prix final du produit. Cela nécessite donc de définir une fonction mathématique déterminant le prix d’un produit financier donné, incluant l’ensemble des variables impactant son prix. Des calculs complexes et difficiles à mettre en œuvre, incompatibles avec un indicateur grand public. C’est sans doute pourquoi, faute de mieux, ce SRRI a été imposé.
SRRI : précautions
Les épargnants doivent donc être prudents avec ces SRRI et ne pas se fier à ces indications afin de construire leur portefeuille, ou même évaluer leurs risques. Cet avertissement est d’autant plus fort en période de changement de tendance, comme actuellement, pour tous les produits financiers liés notamment au secteur immobilier. Considérer avant tout les données sectorielles, la macro-économie, les cycles... Semble plus pertinent pour estimer son exposition aux risques que cette échelle de 1 à 7, ne montrant qu’une photo du passé.
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