Faillites d’entreprises : un tsunami attendu en France dès la fin dégressive des aides financières

Aberrant, consternant, inquiétant. En pleine crise, le nombre de faillites en France chute de -40.9% en mars 2021 par rapport à mars 2020, selon les données publiées ce jour par la Banque de France. Le nombre d’entreprises zombies pourrait être de près de 300.000 en France.

mercredi 14 avril 2021, par Denis Lapalus

Alors que le gouvernement s’attèle à trouver une porte de sortie dégressive pour le versement des aides financières aux entreprises, la Banque de France a publié un nombre de défaillances d’entreprise en forte baisse sur le mois de mars 2021. L’établissement public précise évidemment que ces chiffres sont à relativiser, le versement des aides financières maintenant nombre d’entreprises en vie.

Des aides à double tranchant

Entre le recul du paiement des charges sociales et fiscales, la distribution d’aides financières et l’obtention de Prêt Garanti par l’Etat (PGE), les entreprises en difficulté doivent compter sur une reprise exponentielle de leur activité afin de pouvoir refaire surface. Ces aides permettent de survivre durant ces périodes d’aides financières mais en aucun cas de changer la donne. Avec l’arrêt progressif des aides, ces entreprises devront connaître une croissance double afin de surmonter la double-lame du remboursement.

700.000 entreprises ont souscrit un PGE

Pas moins de 700.000 entreprises ont souscris un PGE. Si 35% d’entre elles ont simplement bénéficier de l’effet d’aubaine et ne l’ont pas utilisé jusqu’à présent, la majorité des autres doivent leur survie grâce à ce crédit. 6% des bénéficiaires du PGE ont affirmé ne pas être en mesure de rembourser ce crédit. Toutefois cela ne veut pas dire faillite pour autant. L’Etat envisageant d’effacer cette dette, au cas par cas. Mais cela n’est que la surface émergée de l’iceberg. De nombreuses entreprises en difficulté n’ont pas eu recours à ce PGE.

En mars 2021, le nombre de défaillances sur un an en recul de 40,9 %

La reprise du paiement des charges sociales serait fatale pour près d’une entreprise aidée sur deux. Par ailleurs, la fin, même dégressive des aides financières actuelles ne permettrait pas à une entreprise aidée sur deux de continuer son activité. Au final, les entreprises qui s’en sortent le mieux sont celles qui avaient un chiffre d’affaires élevé en 2019. Elles ont pu bénéficier d’aides financières conséquentes. 35% d’entre elles ont même accumulé de la trésorerie via le Prêt Garanti par l’Etat, et ce, à très bon compte.

« Le risque est d’avoir mis sous perfusion des sociétés françaises qui n’allaient pas très bien et de venir rajouter à la crise de la consommation qu’on connaît aujourd’hui une crise financière, peut-être dans un an, parce que des sociétés n’arriveront plus à se refinancer et que les banques fermeront peut-être un peu plus les vannes du crédit », indique Pierre-Arnoux Mayoly, associé au cabinet d’avocats McDermott Will & Emery.

Une baisse des faillites d’entreprise en trompe l’œil

Ainsi, comme l’indique la Banque de France, cette baisse n’indique pas une réduction du nombre d’entreprises en difficulté car elle résulte : en premier lieu, de l’impact momentané qu’ont eu à la fois la période de confinement sur le fonctionnement des juridictions commerciales et les évolutions réglementaires qui ont modifié temporairement les dates de caractérisation et de déclaration de l’état de cessation de paiements ; en second lieu, de l’ensemble des mesures de soutien qui apportent des aides de trésorerie ou permettent aux entreprises de réduire ou retarder le paiement de certaines charges, et donc le risque de faire défaut sur ces paiements (mesures d’activité partielle, prêts garantis par l’État avec remboursements différés, fonds de solidarité, moratoires, etc.).

La baisse du nombre de défaillances sur un an s’observe dans tous les secteurs et pour la plupart des catégories d’entreprise, sans que cela puisse être analysé d’un point de vue économique.

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