Inflation, pouvoir d’achat, coût de la vie : la grande confusion des médias et de l’opinion publique
C’est assez incroyable mais pratiquement tous les médias confondent encore inflation et coût de la vie. L’INSEE ne cesse pourtant de l’écrire noir sur blanc, l’inflation n’est pas un indicateur de la hausse du coût de la vie. Il faudrait que les journalistes cessent de raconter n’importe quoi.
lundi 15 août 2022, par Denis Lapalus
La polémique n’est pas née ces mois derniers, avec cette hyperinflation que nous connaissons actuellement. A chaque forte hausse de l’inflation, les consommateurs contestent les publications de l’INSEE, minorant la mesure des hausses des prix qu’ils subissent. Nombre de médias et consommateurs confondent tout simplement l’inflation et le coût de la vie. Deux notions proches et pourtant si différentes.
Inflation & coût de la vie, la grande confusion
Ce n’est pas jouer sur les mots. Les indicateurs publiés par l’INSEE, l’inflation, l’Indice des Prix à la Consommation (IPC) n’est pas un indicateur du coût de la vie. La confusion, pour les consommateurs, est largement entretenue par les médias. Ces derniers confondent abusivement inflation et coût de la vie. Afin de mesurer les variations du coût de la vie, il faudrait prendre en considération toutes les dépenses des ménages. Pour l’estimation de l’inflation, l’IPC se base uniquement sur quelques centaines d’items invariants. Certains secteurs, comme l’immobilier étant largement sous-représentés. Et c’est bien ainsi, car l’IPC ne sert pas à évaluer le coût de la vie. Ce dernier, en données moyennées, n’aurait aucun sens. Il dépend trop de la localisation géographique du consommateur, ses habitudes de consommation, son isolement, le milieu climatique, etc. D’ailleurs tous les médias qui se lancent dans ce type de publication du coût de la vie se rendent rapidement compte que cela n’a aucun sens, à moins de multiplier à l’inflation les critères de sélection.
La mesure de l’inflation sert à quoi alors ?
Selon la définition de l’INSEE : l’inflation est la perte du pouvoir d’achat de la monnaie qui se traduit par une augmentation générale et durable des prix. Elle doit être distinguée de l’augmentation du coût de la vie. La perte de valeur de la monnaie est un phénomène qui frappe l’économie nationale dans son ensemble (ménages, entreprises, etc.). Il s’agit bien là de mesurer la perte de valeur de l’argent, et non pas de la hausse du coût de la vie. Le prix d’un article peut augmenter alors que l’euro ne baisse pas de valeur. C’est pourquoi l’IPC se base sur un ensemble de produits & services dont les prix sont les moins volatiles possibles, afin de ne pas induire de biais grossiers.
La corrélation entre hausse du prix et baisse de la valeur de l’argent n’existe pas toujours. Ce n’est pas la même chose. L’indice des prix à la consommation (IPC) est utilisé pour évaluer l’inflation.
Le coût de la vie
Nul besoin d’indicateur pour le coût de la vie. Tous les consommateurs connaissent le leur, il est propre à chacun d’eux. C’est ce qu’ils paient chaque mois. Nous ne consommons pas tous de la même façon, pas les mêmes articles, n’avons pas les mêmes besoins, pas les mêmes coûts selon notre lieu de vie (villes/campagnes), selon notre activité et nos besoins en déplacements, etc. Les tentatives d’établissement de coût de la vie par segments de la population sont toujours sujet à caution, et ne servent au final, à rien. Une moyenne de ces indicateurs du coût de la vie n’ayant que peu de sens.
Le pouvoir d’achat ?
Au final, cela change quoi ? Un biais cognitif existe sur les prix, les consommateurs ont toujours l’impression de payer de plus en plus cher, alors que nombre de produits (certes, ils sont moins nombreux) voient également leur prix baisser, même durant cette période de forte inflation.