Lycées professionnels : tous les stages en entreprises seront rémunérés par l’Etat, de 50 euros (seconde) à 100 euros par semaine en terminale
Bonne nouvelle pour les lycéens en filière professionnelle : tous les stages effectués en entreprise seront rémunérés, dès la rentrée 2023-2024, de 50 euros à 100 euros par semaine.
jeudi 4 mai 2023, par Denis Lapalus
Le gouvernement veut redonner de l’attrait aux filières professionnelles
Si l’apprentissage est un réel succès, les lycées professionnels sont souvent boudés, à tort. Le gouvernement présente ses pistes pour la réforme du lycée professionnel, promise par le candidat Emmanuel Macron lors de sa dernière campagne. La réforme du lycée professionnel est présentée jeudi 4 mai par Emmanuel Macron, à l’occasion d’une visite au lycée Bernard-Palissy de Saintes, en Charente-Maritime, aux côtés des ministres de l’Éducation nationale Pap Ndiaye, du Travail Olivier Dussopt et de l’Enseignement professionnel Carole Grandjean. Dans une tribune mercredi sur les réseaux sociaux, le chef de l’État a indiqué la philosophie de son annonce : faire de la filière professionnelle une voie d’avenir. Promise lors de la campagne présidentielle de 2022, cette réforme a depuis le début des concertations cristallisé une vive opposition. Alors qu’un lycéen sur trois est scolarisé dans cette voie professionnelle, le gouvernement veut mieux connecter le lycée au monde de l’entreprise.
Rémunération de tous les stages
Actuellement seuls les stages de plus de 2 mois sont rémunérés. Toutefois, en lycée professionnel, les stages sont courts, inférieurs à cette période de 2 mois. Afin de ne pas imposer une rémunération aux entreprises accueillant les stagiaires en filière professionnelle, l’Etat prendra en charge directement la rémunération de ces stages. À l’heure actuelle, les élèves effectuent 22 semaines de stage durant leur formation. Le gouvernement souhaite que cette durée augmente sensiblement. "C’est près d’un milliard par an que nous allons investir pour les lycées professionnels, pour l’avenir de nos jeunes", écrit notamment le chef de l’Etat. "Les stages effectués par les élèves seront rémunérés, parce que tout travail doit payer", annonce aussi Emmanuel Macron. Ainsi, près de 600.000 lycéens vont donc bénéficier de stages rémunérés à la semaine.
Années de lycée professionnel | Rémunération / semaine |
---|---|
Seconde (ou 1ère année de CAP) | 50 € |
Première (ou seconde année de CAP) | 75 € |
Terminale | 100 € |
"Quand on choisit de faire un CAP ou un bac pro, on doit pouvoir trouver facilement un emploi et bien en vivre", réitère le président de la République dans ce message. Insistant sur sa volonté de lutter contre le chômage des diplômés, il menace "toutes les formations (...) ne permettant ni poursuite d’études, ni insertion professionnelle" : "Elles seront soit fermées, soit revues", assure-t-il.
De nouvelles filières et certaines fermées
Adapter les formations aux besoins actuels. C’est basique mais cela peut faire sens. L’idée est de créer de nouvelles filières, dans des secteurs porteurs, comme le numérique, ou l’écologie, mais il est aussi question de supprimer celles qui offrent le moins de débouchés : dans la gestion ou le secrétariat par exemple. Il faut mieux prendre en compte les besoins des entreprises, affirme l’Élysée, s’adapter aux bassins d’emploi, privilégier ici les métiers de l’automobile, ailleurs ceux du ferroviaire, ou de la construction. Ce qui signifie qu’il n’y aura pas de liste de formations, rédigée à Paris, les mêmes pour tout le pays. Les syndicats d’enseignants de lycées professionnels pointent le risque de "formatage à l’emploi", contraire à leur objectif de former des jeunes citoyens, avec une culture générale suffisante.
Coût : 1 milliard d’euros par an
Les missions supplémentaires des professeurs, dans le cadre du Pacte proposé par Pap Ndiaye seront précisées : du travail en plus, en échange d’une prime. Pour cette réforme, un milliard d’euros par an est mis sur la table. Elle va s’appliquer en plusieurs étapes : la gratification pendant les stages, l’ouverture et la fermeture de nouvelles formations, dès la rentrée prochaine. Mais d’autres chantiers, un peu plus complexes, seront mis en place plus tard.