Crédit immobilier : les banques anticipent une hausse des risques d’impayés
Le plus dur de la crise immobilière pourrait être encore devant nous. Les banques augmentent fortement leurs provisions pour défauts de remboursements, signe d’un durcissement attendue de la crise.
vendredi 2 août 2024, par Denis Lapalus
Le coût du risque augmente fortement
La publication des résultats des banques au premier semestre 2024 montre clairement un changement de météo concernant les crédits octroyés aux particuliers. Alors que le volume de crédits immobiliers octroyés est en chute de plus de 30% sur le premier semestre 2024, par rapport à la même période de 2023, les craintes de défauts de remboursements sont en forte hausse.
Les banques doivent donc augmenter leurs provisions financières. Ainsi, le groupe BPCE a multiplié par 2 son coût du risque en l’espace de 12 mois seulement. Sur les 6 derniers mois, le groupe bancaire a ajouté 560 millions d’euros de provisions afin de faire face à une potentielle vague de défauts de remboursement sur la fin d’année. Du côté de chez BNP Paribas, ce n’est guère mieux, le coût du risque de crédit a grimpé de +88% en 12 mois pour s’établir à 475 millions d’euros à fin juin 2024. Enfin, chez le premier distributeur de crédits immobiliers de France, Crédit Agricole, le coût du risque avoisine désormais les 424 millions d’euros, une hausse de +6% en 3 mois.
Des taux de marché en hausse
Les taux d’intérêts de marché en France continuent leur ascension entamée depuis le début de l’année 2024. La relative faiblesse de l’économie, et la chute des indicateurs avancés (services notamment) ne plaident pas en la faveur d’un retour de la baisse dans les mois à venir. Les économies sont entrées dans un mode de ralentissement de l’activité. Les incertitudes politiques restent anecdotiques à côté du déficit budgétaire tricolore. Le paiement de la dette devenant un sujet de plus en plus important avec la remontée des taux d’intérêt. La moyenne mensuelle des taux des oat est clairement orientée à la hausse.
Des taux des crédits immobiliers en hausse
Qui dit risques accrus, dit taux plus élevés. Les taux d’intérêt de marché se tentent. Les offres promotionnelles sur les crédits immobiliers effectuées par les banques ces dernières semaines vont se tarir, car les taux doivent nécessairement grimper de nouveau. LCL ainsi que d’autres banques ont d’ores et déjà mis un terme aux ristournes accordées jusqu’en juin dernier. Boursobank a renoncé à son offre commerciale, remise de 50€ par mois, durant toute la durée du prêt, portant sur le crédit immobilier distribué. Les médias annonçant des baisses de taux de crédit ne sont que le reflet des succès de ces offres commerciales. Les taux des crédits immobiliers ne baissent pas intrinsèquement, ce serait même plutôt le contraire.
Durées de crédit | Taux élevés (15% apport) | Taux moyens (30% apport) | Taux faibles (50% apport) |
---|---|---|---|
7 ans | 3,86 % | 3,42 % | 2,88 % |
10 ans | 3,95 % | 3,55 % | 2,98 % |
15 ans | 4,32 % | 3,78 % | 3,42 % |
20 ans | 4,83 % | 3,92 % | 3,48 % |
25 ans | 5,22 % | 4,08 % | 3,28 % |
(*) Mise à jour effectuée le 04/11/2024 . Taux assurance incluse d'un taux moyen d'assurance emprunteur de 0.45% (pour un couple). Considérer un taux d'assurance emprunteur de 0,20% pour une personne seule. Taux moyens de marché (avec 30% d'apport), calculés sur les relevés des courtiers en crédits immobiliers. Données indicatives uniquement. |