Banques : Les Français osent davantage quitter leur banque principale (+14.58% en 2019)
La mobilité bancaire en France deviendrait-elle enfin réalité ? En 2019, selon les chiffres publiés par Bain et Company sur son étude annuelle sur la mobilité bancaire en France, 5.50% des Français auraient changé leur banque principale en 2019, soit une progression de plus de +14.58% par rapport à 2018.
mercredi 8 juillet 2020, par Denis Lapalus (avec AFP)
La mobilité bancaire ne serait-elle plus un vaine expression en France ?
Changer de banque principale, un souhait bien plus qu’une réalité...
Près de 20% des Français seraient prêt à quitter leur banque, selon le sondage UFC-Que Choisir, mais dans la vraie vie, seulement 5.50% d’entre eux le feraient réellement, selon la dernière étude publiée ce jour par Bain & Company. Ce taux, en forte augmentation par rapport aux années passées, n’en reste pas moins très faible. Et encore. Ces résultats divergent du reste grandement des statistiques publiés par l’association de consommateurs qui évoque une mobilité bancaire réduite à seulement 2.5% en 2019, soit près de 2 fois moins. Un écart sans doute portant sur la notion de banque principale, réellement utilisée. Si les offres des néobanques et banques en lignes se multiplient, de nombreux comptes sont ouverts par curiosité, ou par effet d’aubaine, car sans frais ou sponsorisés avec une prime de bienvenue, mais au final, le client n’en fera pas sa banque principale. Du reste, de nombreuses banques en ligne ont instauré des pénalités financières pour frais de comptes inactifs, histoire de tenter d’être un jour dans le vert.
Une progression en 2019 et dans les années à venir
Si la progression du taux de changement de banque principal est important en 2019, avec plus de +14% de hausse. En 2020, ce taux pourrait encore être plus fort, les Français, avec la période de confinement ont pris le pli de la souscription de produits financiers en ligne. Les peurs sont moindres et les néobanques et autres banques en ligne surfent sur des records d’ouverture de comptes bancaires. Le changement de paradigme se met en place et les banques traditionnelles sont les plus grandes perdantes. Ainsi, selon Bain & Company, les pertes de clients seraient de -0,4 % pour les établissements mutualistes et de -1,4 % pour les banques commerciales. A l’inverse, les banques en lignes et néobanque verraient leur clientèle s’étoffer de +11% par an.
Classement des banques par nombre de clients
Les banques en ligne font un carton plein avec les crédits immobiliers
Alors que dans 30% des cas, un client va changer de banque afin d’obtenir de meilleures conditions financières pour son crédit immobilier, un ralentissement du marché de l’immobilier pourrait contrebalancer ce mouvement. Si les banques en ligne ont su rapidement proposer des crédits immobiliers, afin de recruter plus largement, les néobanques ne visent pas la même gamme de clientèle, et restent sur les clients 100% mobile, visant la réduction des frais bancaires à outrance.
« Même si le taux de mobilité global demeure assez faible, le fait que les plus volatils soient les plus jeunes, donc les clients de demain, et les plus aisés est le signe que les banques traditionnelles doivent prendre le phénomène très au sérieux », souligne M. Bet de Bain & Company.
D’autant, poursuit-il, que la crise sanitaire a accéléré les usages des canaux numériques – le confinement représente en la matière « un gain de quatre ans sur la trajectoire d’avant-crise », estime l’étude. Pour avancer ce chiffre, elle se base sur le taux de répondants ayant souscrit numériquement leur dernier produit bancaire : alors qu’il progressait ces dernières années de quatre ou cinq points par an, il a bondi d’une vingtaine de points durant le confinement.
A propos du taux de mobilité bancaire
Le taux de mobilité bancaire est définit comme le pourcentage de clients ayant quitté l’établissement qui héberge le compte servant à leurs dépenses quotidiennes (paiements par carte, versement du salaire, prélèvement des factures, etc.). Ces taux de mobilité bancaire ne sont bien sûr que des estimations, basées sur des sondages et dépendant des définitions de « changer de banque » et de « banque principale » choisies dans l’étude.