L’AMF alerte sur les risques grandissant d’une chute des marchés financiers
L’AMF a présenté hier sa cartographie 2020 des marchés et des risques. L’institution prévient de la montée des risques pour la stabilité financière avec une possible nouvelle correction des marchés et la solvabilité dégradée de nombreuses entreprises.
vendredi 3 juillet 2020, par Denis Lapalus
Ce ne sont pas les risques qui manquent...
L’AMF alerte sur les risques grandissant portant sur les marchés financiers. C’est bien simple. Il est plus facile de scruter les secteurs pour lesquels les risques ne sont pas dans l’orange ou le rouge sombre. Et là encore, accrochez-vous. Selon l’AMF, le seul secteur dont les risques restent faibles en 2020 est le besoin en collatéral de bonne qualité. Tous les autres secteurs sont marqués de risques.
Une possible nouvelle correction des marchés financiers
Si les marchés et les infrastructures ont bien fonctionné durant la crise sanitaire, les déséquilibres initialement présents se sont accentués et les tensions géopolitiques demeurent. Au-delà des nombreux défis que présente le financement de la relance économique post-Covid 19, une nouvelle vulnérabilité en soi, la cartographie met en avant une montée des risques pour la stabilité financière avec une possible nouvelle correction des marchés et la solvabilité dégradée de nombreuses entreprises.
Des perspectives économiques dégradées
La crise sanitaire avait fortement dégradé les perspectives économiques, d’où la brutale correction boursière entamée en mars. Les autorités nationales et européennes ont pris des mesures ambitieuses pour préserver la liquidité et limiter l’impact de la crise. Néanmoins, l’AMF identifie des risque croissants pour la stabilité financière. Dans un contexte d’incertitude liée à l’évolution de la situation sanitaire et à l’impact réel de la crise sur les acteurs économiques, la stabilisation des marchés demeure fragile et leur rebond apparaît déconnecté des perspectives d’activité. Il est encore trop tôt pour évaluer pleinement certains effets de la crise, néanmoins les valorisations boursières apparaissent élevées au regard des prévisions de bénéfices.
Endettement et sur-endettement
L’endettement des entreprises du secteur non financier est aussi préoccupant : il s’accroît du fait de la chute de leurs revenus et des mesures de soutien passant d’abord par des prêts. Au niveau mondial, le risque d’insolvabilité constitue une vulnérabilité générale avec la menace de vagues de dégradations de notation et la crainte de mouvements de grande ampleur sur les marchés obligataires. L’endettement public n’est pas épargné, avec l’Italie comme risque emblématique pour la zone euro.
Le risque pesant sur le financement de l’économie fait donc son retour en 2020 et devrait encore se renforcer en 2021. Le recours important à la dette, bancaire ou de marché représente une vulnérabilité importante à moyen terme, qui appelle une transition vers un modèle de financement reposant davantage sur les fonds propres. Cette recapitalisation de l’économie devrait également prendre en compte la transition verte, ce qui pose un défi supplémentaire.
Un regain d’intérêt pour la bourse
Concernant les épargnants, la situation inédite du confinement a engendré un regain d’intérêt pour la bourse. Néanmoins, les placements sans risque des ménages connaissent de nouveaux records : ils pourraient atteindre un montant supplémentaire de 100 milliards d’euros en 2020 à la suite de l’épargne supplémentaire induite par la gestion de la crise sanitaire. Le financement en fonds propres nécessaire à la relance devra passer par une réorientation progressive de cette épargne avec un nouveau défi à la clé : celui de l’information fournie aux investisseurs par les émetteurs, dans un contexte où valoriser des actifs est compliqué compte tenu du manque de visibilité sur l’avenir.
La crise COVID-19 ne doit pas faire oublier les vulnérabilités antérieures qui perdurent telles que celles liées à la cyber-sécurité ou au Brexit.