La France connaît en juin 2023 la plus grande contraction de son activité économique depuis février 2021
La France connaît à son tour une forte baisse mesurée de son activité économique en juin 2023, selon les indicateurs HCOB PMI.
vendredi 23 juin 2023, par Denis Lapalus
Les indicateurs avancés PMI permettent de connaître les évolutions de l’activité d’un pays, avant même que les statistiques de reporting d’activités ne montrent l’évolution de la tendance effective.
L’économie française a enregistré sa plus forte contraction depuis février 2021, l’activité étant repartie à la baisse dans le secteur des services en juin
Points clés :
- L’indice PMI Flash composite HCOB de l’activité globale en France(1) s’est replié à 47,3 en juin (51,2 en mai), un plus bas de 28 mois.
- L’indice PMI Flash HCOB de l’activité de services en France(2) s’est replié à 48,0 en juin (52,5 en mai), un plus bas de 28 mois.
- L’indice PMI Flash HCOB de la production manufacturière en France(4) s’est replié à 44,2 en juin (44,7 en mai), un plus bas de 2 mois.
- L’indice PMI Flash HCOB de l’industrie manufacturière en France (3) s’est replié à 45,5 en juin (45,7 en mai), un plus bas de 37 mois.
Données recueillies du 12 au 21 juin
La conjoncture économique française s’est dégradée en fin de deuxième trimestre 2023, l’activité globale du secteur privé ayant reculé pour la première fois depuis janvier. Selon les données PMI Flash HCOB recueillies par S&P Global, un renforcement de la contraction de la production dans le secteur manufacturier s’est accompagné d’un retour à la baisse de l’activité dans le secteur des services. En conséquence, l’activité globale a enregistré son plus fort repli depuis février 2021. Cette chute de l’activité globale a résulté d’une nouvelle détérioration de la demande, notamment en provenance de l’étranger, le recul du volume global des nouvelles affaires s’étant accéléré en juin. La confiance des entreprises quant à une croissance de leur activité au cours des douze prochains mois s’est également repliée par rapport à mai pour afficher son plus faible niveau depuis mai 2020. Les entreprises privées françaises ont néanmoins de nouveau augmenté leurs effectifs en juin, le taux de croissance de l’emploi ayant toutefois fléchi au cours du mois.
Parallèlement, les tensions inflationnistes se sont atténuées par rapport à mai, les prix payés et les prix facturés ayant augmenté à leur plus faible rythme depuis respectivement vingt-sept et vingt-deux mois. Dans le secteur manufacturier, les prix des intrants et les prix de vente ont diminué en juin.
Analyse sectorielle
Au niveau sectoriel, l’enquête de juin continue de signaler une contraction de la production manufacturière, conformément à la tendance amorcée en milieu d’année 2022. C’est toutefois le secteur des services qui a fait basculer l’économie française en zone de contraction en juin, l’activité des prestataires de services ayant reculé pour la première fois depuis janvier. Selon les répondants, l’inflation, le durcissement des conditions financières, notamment en termes d’obtention de crédit, et, dans certains cas, la fermeture d’entreprises, ont contribué à la baisse de l’activité en fin de deuxième trimestre.
Tirant à la baisse les volumes d’activité, la demande s’est dégradée en juin, le repli du volume des nouvelles affaires s’étant en effet poursuivi au cours du mois, et ce à un rythme marqué, le plus fort depuis novembre 2020. La baisse des nouvelles affaires s’est accélérée dans les deux secteurs étudiés, l’industrie manufacturière ayant toutefois enregistré, de loin, la plus forte contraction. Les entreprises interrogées expliquent ce nouveau repli de la demande par les tensions inflationnistes, les pressions concurrentielles et la hausse des taux d’intérêt. Conformément à la tendance observée depuis mars 2022, le volume des nouvelles affaires à l’export a de nouveau reculé, la contraction ayant conservé un rythme élevé.
Emploi
La croissance de l’emploi amorcée en janvier 2021 s’est poursuivie en juin. Cette tendance repose toutefois exclusivement sur le secteur des services, les fabricants ayant en effet signalé un recul modéré de leurs effectifs. Le taux de création de postes s’est replié à un creux de six mois mais est demeuré supérieur à sa moyenne des vingt-cinq années de collecte des données.
Baisse des nouvelles affaires
La baisse des nouvelles affaires, conjuguée à la hausse des effectifs, a entraîné la première diminution des affaires en cours depuis janvier dans l’ensemble du secteur privé français. Le taux de contraction du travail en attente s’est en outre redressé à son plus haut niveau depuis novembre 2020. Parallèlement, les données de l’enquête mettent en évidence un ralentissement de la hausse des prix payés et des prix facturés par les entreprises privées françaises. Si les coûts ont fortement augmenté en juin, ils ont toutefois enregistré leur plus faible hausse depuis mars 2021, tendance reflétant la baisse des prix des achats dans le secteur manufacturier. Comme en mai, les coûts des fabricants ont en effet de nouveau diminué au cours du mois, et ce à leur rythme le plus fort depuis mars 2016, en raison notamment de la baisse des prix des matières premières. Les prestataires de services ont en revanche signalé une augmentation de leurs coûts, qu’ils expliquent principalement par la hausse des salaires.
Baisse des prix
Par ailleurs, les fabricants ont réduit leurs prix de vente pour la première fois depuis juin 2020, tandis que les prestataires de services ont de nouveau augmenté leurs tarifs, le taux d’inflation s’étant toutefois replié par rapport à mai. Les données de l’enquête mettent ainsi en évidence la plus faible hausse des prix facturés par les entreprises privées françaises depuis vingt-deux mois.
Chute de la confiance
Enfin, la confiance a nettement reculé dans le secteur privé français en juin, le degré d’optimisme s’étant replié à son plus faible niveau depuis un peu plus de trois ans. Si les prestataires de services continuent d’anticiper une hausse de leur activité au cours des douze prochains mois, le degré de confiance ayant toutefois faibli par rapport à mai, les perspectives d’activité sont restées défavorables dans le secteur manufacturier, le degré de pessimisme ayant en outre affiché son plus haut niveau depuis novembre 2022. Dans l’ensemble, les répondants se sont déclarés préoccupés par l’évolution de la demande, l’inflation et la hausse des taux d’intérêts.
Norman Liebke, économiste à Hamburg Commercial Bank, commente ainsi les derniers chiffres de l’enquête PMI® Flash pour la France : « Les dernières données PMI flash HCOB sont loin de dresser un tableau de l’économie française aussi encourageant que celui brossé ces derniers mois. À 47,3 en juin, l’indice PMI composite HCOB pour la France s’est fortement replié par rapport au mois de mai (perdant près de quatre points) et s’est établi à son plus bas niveau depuis le début de l’année 2021. Ce fort recul de l’indice a principalement reflété une dégradation de la conjoncture du secteur des services, l’activité des prestataires de services étant repartie à la baisse, tendance que les entreprises interrogées ont attribuée à l’impact de la forte inflation et du durcissement des conditions financières. Les prestataires de services français ont en outre indiqué un recul des nouvelles affaires (en provenance des marchés intérieurs comme de l’étranger) ainsi qu’une baisse du volume des affaires en cours. Bien que les perspectives d’activité à douze mois soient demeurées favorables, l’indice correspondant a accusé une chute de plus de six points en juin, faisant craindre une conjoncture de plus en plus difficile dans les mois à venir. Avant ces derniers résultats de juin, notre modèle de prévision immédiate signalait une croissance trimestrielle globale nulle pour le deuxième trimestre, caractérisée par une contraction du secteur manufacturier et une croissance du secteur des services. Les données PMI HCOB du mois de juin changent maintenant la donne : l’activité devrait désormais reculer tant chez les fabricants que chez les prestataires de services et les prévisions s’orientent maintenant vers une contraction économique (baisse trimestrielle de -0,5% selon nos estimations). Si celle-ci ne constitue pas à elle seule une récession, le risque de voir une récession se matérialiser s’accroît. Les données sur les prix, notamment celles relatives au secteur manufacturier, offrent quant à elles des signes encourageants. Après la première baisse des coûts des fabricants depuis juillet 2020 signalée en mai par l’indice HCOB du prix des intrants, l’indice relatif aux prix sortie d’usine s’est à son tour replié en territoire négatif en juin. Dans le secteur des services en revanche, si les prix continuent d’augmenter, le rythme de l’inflation a toutefois continué de ralentir. Si les prix évoluent ainsi de manière favorable, on peut toutefois craindre que le ralentissement de l’inflation dans le secteur des services ne soit initialement que le reflet d’un effet de base statistique. La forte inflation pourrait en fait perdurer dans ce secteur et se répercuter ainsi sur l’inflation sous-jacente. »