Taxation des superprofits : EDF pourrait avoir à régler 5 milliards d’euros

Les emmerdes volent par escadrille... EDF, dont l’OPA de l’Etat a été validée par l’AMF, devrait avoir à régler 5 milliards d’euros de taxation sur les superprofits, si toutefois cette mesure sera effectivement mise en place.

vendredi 25 novembre 2022, par Denis Lapalus

EDF : court-circuit financier entre EDF et l’Etat

Alors que l’énergéticien est promis à des résultats pharaoniques dans les années à venir, pour le moment, c’est la soupe à la grimace. Le gouvernement s’ apprête à plafonner les « surprofits » des énergéticiens et si les finances du groupe EDF sont largement dans le rouge en 2022, il ne bénéficiera pas pour autant d’un régime de faveur. « EDF a annoncé un niveau de production nucléaire en 2023 compatible avec la mise en place de ce plafond de revenus  », indique-t-on à Bercy, où on pointe aussi la nécessité d’une égalité devant l’impôt.

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OPA de l’État sur EDF © FranceTransactions.com/stock.adobe.com

Selon l’amendement déposé par la majorité dans le cadre de l’examen du projet de loi de finances 2023 au Sénat, les électrons produits par les centrales nucléaires du groupe doivent voir leur prix de vente plafonné à 100 euros le MWh - contre un prix de marché à terme qui oscille aujourd’hui autour de 400 euros le MWh pour 2023, en France. Un tarif similaire est proposé pour les productions éoliennes, solaires et hydrauliques du groupe, confirme Les Echos. Selon les informations du quotidien, pour EDF cela devrait engendrer un manque à gagner de l’ordre de 5 milliards d’euros en 2023. Le groupe devrait ainsi être de loin le premier contributeur de cette taxe calibrée pour rapporter 11 milliards d’euros au budget de l’Etat l’année prochaine.

Paradoxalement ce n’est pas une mauvaise nouvelle pour EDF. A 100 euros le MWh, le niveau de revenu est jugé « confortable. » « L’Etat permet à EDF d’éviter une recapitalisation à court terme et de rassurer les agences de notation sur la trajectoire financière du groupe en 2023. Ce niveau de plafonnement permet de gagner du temps. Notamment pour pouvoir négocier une réforme du marché européen de l’électricité plus favorable », assure un proche du groupe. Ceci sous réserve toutefois qu’EDF produise bien la quantité d’électricité nucléaire promise… A ce stade, le groupe a annoncé une fourchette de 300-330 TWh de nucléaire pour 2023, contre 275-285 TWh annoncé en 2022.

Une dette de 60 milliards d’euros

Plombé par une dette qui doit s’apprécier d’au moins 20 milliards d’euros sur la seule année 2022 et ainsi dépasser les 60 milliards d’euros, EDF pourrait de fait avoir besoin d’argent frais très prochainement pour redresser ses ratios financiers. Ceci afin d’éviter de se voir retirer la qualité « investment grade » pour ses émissions obligataires. De fait, ce sésame est indispensable pour vendre sa dette à un large panel d’investisseurs et faire face à ses lourds investissements dans le nucléaire.

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