EDF en crise : les prévisions financières de l’électricien ne résistent pas au court-circuit gouvernemental sur les prix
Double peine pour EDF : L’énergéticien français a annoncé tailler à nouveau dans sa prévision d’excédent brut d’exploitation pour l’année 2022, en raison des problèmes de corrosion de son parc nucléaire et du volume d’électricité que l’Etat le force à vendre à bas prix.
lundi 14 mars 2022, par FranceTransactions.com
EDF dégrade à nouveau fortement ses prévisions financières
Alors que la société EDF est une société cotée en bourse, mais dont l’Etat reste très largement majoritaire, le gouvernement a quasiment fait écrouler la pépite française afin de préserver un semblant de pouvoir d’achat des Français. Une situation ubuesque, dans laquelle le pays s’auto-pénalise en se contraignant à acheter de l’électricité sur les marchés extérieurs à des prix prohibitifs. Comme attendu, EDF revoit donc à nouveau fortement sa copie. L’énergéticien français a annoncé revoir fortement à la baisse sa prévision d’excédent brut d’exploitation (Ebitda) pour l’année 2022, en raison des problèmes de corrosion de son parc nucléaire et du volume d’électricité que l’Etat le force à vendre à bas prix.
Une perte financière orchestrée par le gouvernement
Le groupe estime d’une part l’impact de l’Arenh (Accès régulé à l’électricité nucléaire historique), c’est-à-dire le volume d’électricité nucléaire que l’Etat l’oblige à vendre à des fournisseurs concurrents à bas prix, à -10,2 milliards d’euros, contre -8,4 milliards estimé initialement. En parallèle, EDF estime que la baisse de sa production prévue en 2022, notamment à cause des problèmes de corrosion qui forcent l’arrêt de plusieurs réacteurs , lui coûtera 16 milliards d’euros d’Ebitda, contre 11 milliards d’euros estimé initialement. Par comparaison, en 2021, l’Ebitda d’EDF était de 18 milliards d’euros, pour un chiffre d’affaires de 84,5 milliards d’euros. La hausse de l’impact des deux éléments s’explique par l’évolution des prix à terme 2022, explique EDF dans son communiqué, « dans un contexte de marché extrêmement volatil ».
Recapitalisation d’EDF de 3,1 milliards d’euros : l’Etat participe à hauteur de 2,7 milliards à l’augmentation de capital
Un non-sens économique pour préserver le pouvoir d’achat des Français
Sur demande de l’Etat le 14 janvier, et selon un décret paru dimanche, EDF va en effet devoir acheter sur le marché 20 térawattheures supplémentaires au prix de 257 euros par MWh, pour les revendre à des fournisseurs d’électricité au tarif de 46,2 euros par MWh. Au total, EDF devra vendre 120 TWh au tarif Arenh cette année, sur une production nucléaire estimée à 295 à 315 TWh.
D’après le rappel des Echos, l’énergéticien estime par ailleurs que les travaux à réaliser en lien avec les problèmes de corrosion sont « susceptibles de peser sur la capacité du groupe à atteindre ses objectifs », sans tenir compte des éventuels effets de la guerre en Ukraine , « difficilement quantifiables ». Face au double impact de l’Arenh et de la baisse de production, EDF avait annoncé lors de la présentation de ses résultats annuels une augmentation de capital de 2,5 milliards d’euros, à laquelle l’Etat a annoncé participer à hauteur de 2,1 milliards d’euros.