Aristophil : la Société générale avait conscience des risques pour les investisseurs

La Société générale, banque d’Aristophil, avait conscience des risques pour les investisseurs qui plaçaient leur épargne en manuscrits, comme le proposait cette société soupçonnée d’escroquerie, a appris jeudi l’AFP de source proche du dossier.

jeudi 24 décembre 2015, par FranceTransactions.com (avec AFP)

Aristophil : la Société générale avait conscience des risques pour les investisseurs

Dans cette enquête, le patron d’Aristophil Gérard Lhéritier, qui proposait de placer son épargne dans des parts de manuscrits, a été mis en examen comme plusieurs autres personnes, dont sa fille, un expert-libraire et un expert-comptable. Pour les enquêteurs, il pourrait s’agir d’une cavalerie, un système pyramidal de type Ponzi , où les apports des nouveaux épargnants servaient à payer les intérêts promis à 8 ou 9% par an.

Selon la source proche du dossier, la Société générale a, dans une note de mars 2014, évalué les risques que représentait Aristophil pour les investisseurs, et pour elle-même.

Soulignant qu’Aristophil était la seule société sur ce marché, la banque estime qu’il existe un risque de "bulle" et considère que "s’il n’y a plus d’acheteurs", Aristophil ne pourrait plus payer les "premiers investisseurs". La Société générale a continué à accorder des prêts après cette note.

Puis, procédant à une analyse des risques qu’Aristophil représente pour elle, la Société générale souligne que les activités de la société lui semblent légales et estime que le risque pour la banque est essentiellement un risquede "réputation".

Les intérêts devaient théoriquement être assurés par la croissance de ce marché qui était annoncé en pleine expansion.

Les épargnants achetaient des parts de manuscrits, souvent en indivision, comme le testament politique de Louis XVI, les écrits dugénéral de Gaulle, des manuscrits du marquis de Sade ou d’André Breton...

Le risque de sanction contre la banque devant la justice civile paraît faible, dans la mesure où elle n’intervient pas dans la commercialisation des produits Aristophil.

La banque conclut que le principal risque pour elle serait de voir son nom associé à celui d’Aristophil.

Contactée par l’AFP, la banque n’était pas disponible pour réagir dans l’immédiat.

Selon Me Matthias Pujos, avocat d’une quinzaine de plaignants, "les nombreux investisseurs sont en droit de s’interroger sur le rôle réellement joué par les banques dans la mise en place et la survie artificielle de ce système qui leur paraît en tous points similaires à une pyramide de Ponzi". "Il serait accablant pour la Société générale de découvrir que le système Aristophil a prospéré grâce à ses concours financiers", a estimé l’avocat, sollicité par l’AFP.

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