CrowdFunding/CrowdLending : Après le rêve et l’emballement des débuts, le réveil est plus difficile

Les sites de financement participatif se révèlent au grand jour : le taux d’échec est plus important que prévu initialement, de l’ordre de 5% annoncé, il serait de 10 à 15% en réalité. Ainsi aux USA, terre d’origine de ces plateformes, les faillites s’enchaînent et les investisseurs désertent les sites participatifs. En France, c’est surtout le crédit participatif qui se fissure pour le moment, sans surprise, la proportion de crédits non remboursés s’envole. La logique semble une nouvelle fois refaire surface, tant les taux de crédit proposés sont décalés par rapport au marché.

jeudi 15 septembre 2016, par Denis Lapalus

Tout nouveau, tout beau ! Selon l’adage bien connu, le lancement des plateformes de financement participatif a suscité un tel engouement qu’il est bien normal que la réalité rattrape en partie les rêves des investisseurs. En dehors des plateformes de dons et de partage, dont aucun retour financier n’est attendu, le financement participatif réservé aux investisseurs, prêteurs ou actionnaires, est bien moins rose qu’il n’y paraît.

  • Proposer un taux de crédit de 8% à une entreprise, est-ce bien lui rendre service ?

Le bon sens n’est parfois pas au rendez-vous. Comment une entreprise se voyant refuser un crédit dans le circuit classique, via les banques, pourrait-elle emprunter et rembourser sans prendre davantage de risques à des taux prohibitifs ?

Pour attirer le chaland, les plateformes de financement participatif sont tenues d’appâter les investisseurs avec des taux de rendement espérés défiants toute concurrence. En cette période de taux bas, rien de mieux que de proposer des taux au-dessus des 6% ! Le seul hic est évidemment, que de l’autre côté de la plateforme, l’emprunteur, lui, aura toutes les peines du monde à rembourser des taux aussi élevés.

Ainsi, Unilend, Finsquare, Lendopolis, et d’autres moins connues doivent faire face à une forte hausse des défauts de paiement. Ainsi, Lendix, le nouveau propriétaire de Finsquare a été dans l’obligation de se fendre d’un courrier d’avertissement à ses investisseurs en juillet dernier, indiquant que le taux de défaut était plus important qu’espéré. La plateforme affirme mettre toute son énergie dans le recouvrement de créances afin de limiter la perte des investisseurs prêteurs.

  • Mais que font les autorités de contrôle ?

L’AMF a depuis longtemps alerté les investisseurs sur les risques encourus en plaçant son argent sur les plateformes de financement participatif. Les recours sont minces et dans la plupart des cas, la perte de capital peut être totale. Si le crowdfunding immobilier a été particulièrement cité comme étant un secteur dont la vigilance des investisseurs doit être renforcée, c’est notamment pour les projets impliquant les investisseurs dans un enregistrement de SCI, les engageant ainsi juridiquement à faire face aux pertes financières du projet soutenu. En clair, les investisseurs peuvent perdre plus d’argent qu’ils n’ont misé. De quoi refroidir toute ardeur, même avec l’affiche de rendements espérés de 9 à 12% !

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