Russie : une crise monétaire majeure, victime de la chute organisée des cours du pétrole

La coalition des pays producteurs de pétrole pour affaiblir les USA sur ce marché fait sa première victime collatérale, la Russie. Une crise monétaire majeure, mais qui n’affole pas les Russes plus que cela. En 40 ans, ils en ont vu d’autres...

mercredi 17 décembre 2014, par Denis Lapalus (avec AFP)

Après un lundi marqué par une chute de 9,5% sans précédent depuis la crise financière de 1998, le rouble a plongé de plus de 20% dans l’après-midi. L’euro a touché le seuil inimaginable de 100 roubles et le dollar 80 roubles, avant un rebond de la monnaie russe autour de 90 roubles pour un euro et 72 roubles pour un dollar.

Cet effondrement de la monnaie russe que rien ne semble pouvoir arrêter est la conséquence directe des sanctions économiques décrétées par les Occidentaux pour punir l’attitude du président russe dans le dossier ukrainien et de la chute vertigineuse des cours du pétrole.

La Russie est entrée dans la très dangereuse spirale de la crise monétaire malgré les mesures radicales adoptées mardi pour enrayer l’effondrement du rouble, mettant en lumière l’impuissance de Vladimir Poutine dans une crise aux conséquences dramatiques pour la population.

Le rouble a ainsi perdu près de 60% de sa valeur face au dollar depuis le début de l’année. Et la situation échappant désormais à tout contrôle, la banque de Russie a annoncé au milieu de la nuit, fait exceptionnel, une hausse de 6,5 points de son taux directeur à 17%. Mais le soulagement aura duré moins de deux heures sur les marchés mardi matin.

Consommation russe : un appel à consommer les produits du pays

Après un lundi marqué par une chute de 9,5% sans précédent depuis la crise financière de 1998, le rouble a plongé de plus de 20% dans l’après-midi. © stock.adobe.com

Pour les ménages, les conséquences de l’affaiblissement de la monnaie nationale sont déjà très concrètes. La hausse des prix approche déjà 10% sur un an et promet de s’envoler encore. Les autorités ont vu ces derniers jours réapparaître les étiquettes en devises étrangères dans certains magasins, fréquentes dans les années 1990.

Avec un taux directeur à 17%, un crédit immobilier sera ainsi désormais accordé avec un taux d’au moins 22%, a calculé le site Lenta.ru, un niveau difficile à tenir par des ménages au pouvoir d’achat malmené par la hausse des prix.

Si le gouvernement prévoit déjà une récession (-0,8%) l’année prochaine après une croissance autour de 0,6% cette année, la banque centrale avait prévenu lundi que si les cours du pétrole restaient à leur niveau actuel, autour de 60 dollars le baril, le produit intérieur brut pourrait chuter d’au moins 4,5%.

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