Pays émergents, la fin de l’eldorado ?

Le resserrement de la politique monétaire américaine est un véritable étau pour les pays émergents. Les investisseurs prennent la fuite et les monnaies locales en subissent les conséquences.

jeudi 30 janvier 2014, par Frédéric S.

Pays émergents recherchent investisseurs

L’indice MSCI Emerging Markets regroupant les 819 titres de 21 places boursières émergentes affichait une progression de 129% sur les 10 dernières années.

Alors que la crise frappait le monde financier en 2008, l’injection massive de liquidités des banques centrales à taux proches de zéro aura conforté la stratégie des investisseurs de privilégier les places émergentes (Inde, Brésil, Turquie, Argentine...). Les investisseurs se donc rués pour investir dans ces pays et profiter d’un dynamisme exceptionnel.

L’année 2013 aura cependant changer la donne. L’intérêt pour les marchés émergents s’est surtout effrité depuis mai 2013 lorsque Ben Bernanke président de la Réserve fédérale américaine (FED) annonça le retrait progressif des injections de liquidités sur le marché.

Un pavé dans la marre qui va permettre de renforcer le cours de la monnaie américaine, mais qui sonne le désengagement des investisseurs dans les pays émergents devenues moins rentables.

Les investisseurs ont donc changé leur fusil d’épaule pour éviter le décrochage de leurs positions. Sauf que les ventes panique sont à l’heure actuelle trop importantes et entraînent inexorablement les monnaies locales vers le bas. De plus, les hausses de taux d’intérêts récemment décidées par les banques centrales indienne ou turque, ne parviennent pas à enrayer le phénomène.

Face au dollar, la roupie indienne a chuté de 20% depuis le 1er mai, le real brésilien de 17%, le rand sud-africain de 13,5% et la livre turque de 11,9%.

La chute des économies émergentes a des répercussions sur les économies développées :

Un retrait désordonné des fonds placés dans les pays émergents peut-être catastrophique pour les économies émergentes mais également avoir des conséquences in fine sur les économies développées, ce qui a d’ailleurs entraîné la chute de la Bourse de Tokyo jeudi matin (-2,45%).

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Pays émergents : d’autres faiblesses à évoquer

Le resserrement de la politique de la FED est l’un des facteurs de la chute des monnaies émergentes. Pour le FMI, ce nouveau cap n’a pour le moment pas joué un rôle important dans les actuelles tensions financières. L’avenir pourrait donc être plus sombre pour les pays émergents.

Ces pays font preuve d’autre faiblesses qui viennent expliquer la montée en puissance de ce phénomène de crise. Le contexte géopolitique dans certaines zones du monde (Thailande, Turquie) fait fuir les investisseurs américains et européens, par ailleurs le ralentissement de la croissance en Chine à des répercussions sur ses principaux fournisseurs en matières premières (Brésil, Indonésie ou Afrique du Sud).

Il est bon de rappeler que les matières premières ont subit dernièrement des crises successives qui ont fait chuté les cours. La majorité des pays émergents dont la croissance du PIB est principalement liée à l’exportation de ces matières n’ont pas su trouver de relais de croissance aussi dynamiques.

Enfin, les pays émergents affichent des exemples flagrants de problèmes structurelles. Notamment en Inde, la politique budgétaire peu rigoureuse du gouvernement fait craindre le pire lorsque le ralentissement économique se profile à l’horizon.

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