Finance / Crise des dettes souveraines : Ce que les stress-tests ne disent pas...
Finance : Les stress-tests mesurent la solvabilité des banques face à un contexte financier difficile. Pourtant les faits financiers les plus probables ne sont pas mesurés : défaut partiel de paiement d’un Etat membre de la zone euro, valorisation au prix de marché des dettes souveraines dans les banques, ...
lundi 18 juillet 2011, par Denis Lapalus
Les banques françaises affichent toujours une grande sérénité, la publication des résultats des stress-tests bancaires ne fait que confirmer la relative bonne santé financière des banques de l’hexagone.
Cependant ces stress-tests ont un défaut majeur : ils ne testent pas le défaut partiel de paiement d’un Etat membre de la zone euro, et c’est pourtant le fait financier le plus probable à venir, avec la Grèce. Par ailleurs, ces stress-tests ne mesurent que la réactivité des banques et non celles des assureurs, les plus exposés aux dettes souveraines. Ces tests n’assurent donc en rien la stabilité du monde financier en cas d’un premier défaut de paiement d’un Etat membre de la zone euro.
Banques françaises : Résultats des stress-tests
Les quatre principales banques françaises, qui ont soumis leur bilan financier 2010 à un scénario de crise équivalent à deux années de récession « particulièrement sévère », affichent un ratio moyen de « Core Tier 1 » de 7,5%, soit un niveau de fonds propres durs « très supérieur » au seuil de 5% exigé par l’EBA, a indiqué l’ACP.
« Ces bons résultats s’expliquent par une gestion rigoureuse des risques mais également par le modèle universel des banques françaises, dont la résilience a été prouvée pendant la crise » de 2009, s’est félicité le gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer.
A noter, le Crédit Agricole, banque mutualiste, ressort comme étant une des banques les plus solides financièrement face au scénario testé.
Banques : Ce que les Stress-tests ne mesurent pas !
Aussi incroyable que cela puisse paraître, cette seconde vague de stress-test ne mesure donc pas les impacts des banques face à un défaut de paiement partiel d’un Etat membre de la zone Euro. Le scénario de test porte sur une minoration de 15% de la valeur des dettes souveraines, alors qu’un défaut partiel de paiement porterait au moins sur 50% de leur valeur.
On se souvient des précédents stress-tests, affichant des résultats satisfaisants pour les banques Irlandaises, pourtant au bord de la faillite seulement trois semaines après la publication de ces mêmes résultats.
Si un défaut partiel de paiement de la Grèce semble maintenant inévitable, il aurait été pertinent que les stress-tests puissent mesurer un tel impact. L’effet positif de ces stress-tests est que la publication des expositions des banques aux dettes souveraines a été rendue publique. Ainsi, l’exposition des banques françaises est de 200 milliards d’euros, pour les dettes de la Grèce, de l’Irlande et du Portugal. Si cette exposition semble gérable par les banques, elle pourrait apparaître beaucoup plus difficile pour les assureurs.
Assureurs : Une forte exposition aux dettes souveraines
Un défaut partiel de paiement de la Grèce conduirait les établissements financiers à valoriser leur participation au prix de marché. Les obligations grecques verraient donc leur cours chuter de 40 à 50%, réduisant d’autant la valorisation des fonds des assureurs. Ce risque portant sur les fonds en euros est bien plus important pour les épargnants que celui des banques. Comme pour les banques, si le seul cas grec ne remet pas en cause les portefeuilles des assureurs, un effet domino sur toutes les obligations souveraines des pays mis en surveillance (Irlande, Espagne, Portugal, Italie...) par les agences de notation, pourrait avoir un impact bien plus important sur fonds des assureurs.
Sommet extraordinaire européen : La dernière chance ?
Jeudi est programmé un sommet européen d’urgence afin de tenter de trouver une solution commune pour régler le cas grec. Le but est bien d’éviter de créer un précédent avec un premier défaut de paiement dans la zone euro. Les marchés financiers attendent donc une réponse durable face à cette crise... réponse jeudi !