Conjoncture : tout ne va pas si mal, malgré la pénurie d’énergie, la hausse du coût de la vie (+6%), la faible croissance (2.6%), la guerre en Ukraine, la sécheresse, la déprime ...

L’INSEE a publié sa note de conjoncture de la rentrée. Et surprise, tout ne va pas si mal, malgré ce que les médias nous annoncent tous les jours, comme étant la fin du monde.

jeudi 8 septembre 2022, par Denis Lapalus

Conjoncture : non, tout ne va pas très bien... Mais tout ne va pas si mal non plus ! L’INSEE a publié son rapport de conjoncture de la rentrée ce 7 septembre 2022. Et surprise, l’inflation devrait changer de cap. Les produits énergétiques ne devraient plus être ceux qui portent la hausse des prix au plus haut. Les produits alimentaires vont reprendre le flambeau. Par ailleurs, la récession, tant redoutée, ne devrait pas être rencontrée en France. L’INSEE table ainsi sur une croissance nulle sur la fin d’année, laissant un PIB de 2.6% en 2022.

 Un manque de visibilité évident

La toile de fond de l’activité économique mondiale reste marquée par la conjonction de plusieurs chocs exogènes (sanitaire, géopolitique, climatique) qui entraînent des tensions persistantes sur les conditions de production et contribuent à alimenter l’inflation.

 Inflation à 6.5% en décembre

En France, les politiques publiques de limitation des prix de l’énergie aideraient à maintenir le glissement annuel des prix à la consommation à un niveau proche de 6 % en septembre-octobre. Celui-ci pourrait néanmoins atteindre environ 6,5 % en décembre, du fait notamment de l’augmentation continue des prix de l’alimentation.

 Inflation élevée

Bien que nettement tempérée par les mesures de limitation des prix, l’inflation resterait élevée d’ici la fin de l’année. En août 2022, les prix à la consommation en France ont globalement progressé (+0,4 % par rapport à juillet) selon l’estimation provisoire. Le glissement annuel des prix a toutefois légèrement reculé (+5,8 %, après +6,1 % en juillet), pour la première fois depuis juillet 2021, à la faveur notamment du reflux des cours du pétrole. L’inflation en France reste ainsi élevée, mais parmi les plus faibles des pays de la zone euro.

© INSEE

 Baisse des cours du pétrole

L’évolution des prix au cours des prochains mois dépendra de plusieurs facteurs : les mouvements des cours internationaux de l’énergie et des matières premières, la valeur de l’euro sur le marché des changes, la vitesse et le degré de transmission des hausses passées des prix de production (y compris leur composante salariale) aux prix à la consommation, les politiques publiques de limitation des prix, en particulier ceux de l’énergie.

Dans cette prévision, le cours du Brent est supposé égal à 100 $ le baril (soit également 100 €, sous l’hypothèse de parité entre l’euro et le dollar jusqu’à la fin de l’année). Le renforcement de la « remise à la pompe », conjugué au maintien du bouclier tarifaire sur les prix du gaz et de l’électricité, contribuerait à faire diminuer l’inflation énergétique en septembre-octobre. Cette remise serait ensuite de moindre ampleur en novembre-décembre et le glissement annuel des prix de l’énergie pourrait ainsi augmenter en toute fin d’année 2022, tiré par ailleurs par un « effet de base », les cours du pétrole ayant baissé fin 2021 au moment de l’émergence du variant Omicron.

L’inflation dans les services n’accélérerait globalement pas d’ici la fin de l’année, en partie du fait de la suppression de la contribution à l’audiovisuel public qui ferait baisser les prix du poste « Redevances et abonnements audiovisuels » dans l’indice des prix à la consommation.

 Flambée des prix alimentaires

Le glissement annuel des prix à la consommation continuerait d’augmenter pour les biens manufacturés (environ +5 % sur un an prévu en décembre 2022) et surtout pour l’alimentation (environ +12 % prévu). Au total, dans notre scénario, l’inflation se stabiliserait un peu en dessous de 6 % sur un an en septembre-octobre, puis s’élèverait à environ 6,5 % en décembre. L’inflation sous-jacente, qui ne prend pas en compte les prix les plus volatils, dépasserait 5 % en fin d’année. Les boucliers tarifaires et remises à la pompe contribueraient directement à atténuer l’inflation d’ensemble d’environ 2,5 points de pourcentage en septembre. Mais cette estimation est a priori un minorant de l’impact global de ces mesures, impact qui comprend aussi l’effet indirect transitant par le système productif.

 Croissance

Les enquêtes de conjoncture auprès des entreprises suggèrent une relative résistance de l’activité française cet été, en particulier dans les services. La croissance serait ainsi légèrement positive (+0,2 % prévu) au 3e trimestre. La fin d’année est plus incertaine et l’activité pourrait marquer le pas (0,0 % prévu), sur fond de resserrement monétaire et d’inquiétude sur les approvisionnements en énergie. La croissance annuelle s’élèverait ainsi à 2,6 % pour 2022, mais l’« acquis » de croissance pour 2023 serait modeste.

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