Dette abyssale de la France : le FMI tire le signal d’alarme
Sans surprise, le FMI confirme que la France aurait le carnet de chèques trop facile. La politique financière de protection des Français contre l’inflation a un coût, qu’il faudra bien payer, tôt ou tard.
mardi 22 novembre 2022, par Denis Lapalus
Le FMI tire le signal d’alarme
Comme chaque année, le Fonds monétaire international (FMI) livre ses recommandations pour l’économie française. Sans surprise, cette année, il s’agit d’un signal d’alarme. Les finances du pays vont droit dans un mur. Pour le FMI, en assurant un important soutien budgétaire face à la crise énergétique, la France « a réussi à atténuer à son impact économique, mais moyennant un coût élevé ». La France doit dès lors réduire sans attendre la voilure des dépenses pour reconstituer ses marges de manœuvre budgétaires.
Boucliers tarifaires : qui va payer au final ?
Si le chèque énergie adressé à 12 millions de Français est une mesure jugée bonne par le FMI, les ristournes sur les carburants ne reçoivent pas le même accueil. Il s’agit d’une erreur stratégique, conduisant les Français à ne pas réduire leur consommation de carburants tout en creusant davantage le déficit, qui devra être financé par ailleurs. Cette aide financière n’en serait pas une au final.
Inflation induite par la hausse des salaires
Les prévisions du FMI sont plus optimistes que celles des prévisionnistes , mais moins que celle de Bercy. Il table sur une hausse de l’activité de 0,7 % en 2023, contre 1 % pour l’exécutif , tout en alertant sur le risque de dégradation plus prononcée de la conjoncture. L’inflation devrait rester élevée au cours des prochains mois. « L’indexation automatique du salaire minimum - et dans une moindre mesure des retraites et des prestations sociales - […] pourrait induire des effets de second tour », prévient-il.
Dette abyssale de la France
« La loi de finances 2023 ne cible pas une réduction du déficit, reportant l’ajustement budgétaire à 2024 », observe le FMI. Alors que le gouvernement table sur un déficit à 5 % du PIB l’an prochain (comme en 2022), le Fonds craint même « un léger creusement du déficit ». « Nous pensons qu’il atteindra plutôt 5,4 % en 2023 alors qu’une politique d’aide plus ciblée pourrait avoir des effets rapides et permettre de le ramener autour de 4,7 % », indique Jeffrey Franks directeur adjoint du département Europe du FMI.
Report de la baisse des impôts
Au cas où le recentrage du soutien public ne serait pas suffisant, l’institution conseille à la France de reporter la baisse des impôts de production prévue en 2023 (ce que les sénateurs viennent de voter par amendement mais que l’exécutif devrait infirmer à l’Assemblée).
Mise en garde
Le FMI met en garde contre une détérioration prévisible du ratio d’endettement public sur le moyen terme contribuant à creuser l’écart entre la France et les autres pays européens. Compte tenu de la pression fiscale déjà élevée dans l’Hexagone, il insiste une nouvelle fois sur la nécessité de réduire les dépenses courantes, en menant des réformes structurelles - celle des retraites et celle de l’assurance-chômage notamment - mais aussi en engageant une rationalisation des dépenses fiscales ou de la fonction publique.