Placements / Fonds : vague record de retraits, les craintes d’un effondrement
Cela ressemble à un sauve qui peut ! Les fonds européens ont subi, durant tout le mois de mars, un fort mouvement de rachat : pas moins de 290 milliards d’euros de décollecte. En France, l’assurance-vie, placement le plus utilisé par les épargnants a enregistré également un mouvement massif de rachats. En revanche, livret A et LDDS, placements sans risque, garantis directement par l’Etat, ont réalisé une collecte hors norme.
jeudi 30 avril 2020, par Denis Lapalus
290 milliards d’euros de décollecte pour les fonds européens
Les fonds ouverts européens ont accusé près de 290 milliards d’euros de décollecte en mars, un record historique, selon des données Morningstar fournies en exclusivité aux Echos. « L’effondrement des marchés a poussé les investisseurs à vendre de tout pour lever du cash », résume Ali Masarwah, en charge de l’analyse de ces données chez Morningstar. Les inquiétudes sur le risque de non-liquidité des fonds, devant ces retraits massifs, ne sont plus aussi fortes, la fin du mois d’avril approchant et le plus fort de l’orage étant probablement passé.
Chute des versements et retraits massifs également en assurance-vie
Sans surprise, les épargnants ont largement moins versé durant le mois de mars (chute de -19% par rapport au mois précédent). Les incertitudes liées à la crise économique, la chute des marchés financiers, mais également tout comme une certaine défiance envers les assureurs (cf faillite de mon assureur, quelles sont mes garanties ?). Les rachats et les dénouements de contrats (prestations servies par les assureurs) sont en forte hausse de +15%. L’Assurance-Vie est également un moyen de gérer son épargne de précaution et les épargnants auront pu demander des rachats afin de couvrir leurs dépenses durant cette période de crise sanitaire. Paradoxalement, les versements effectués ne cherchent pas à éviter les unités de compte, puisqu’en mars plus de 35% des versements sont encore effectués sur des unités de compte, à risque de pertes en capital.
Versements en forte hausse sur le livret A et le LDDS
Fort logiquement, les épargnants préfèrent placer sur des produits financiers garantis par l’Etat. Les livret A, LDDS et LEP sont directement garantis par l’Etat et ne dépendent pas de la garantie bancaire de 100.000€, dont beaucoup doutent de sa mise en place effective en cas de réelle crise financière.
Livret A et LDDS, au-delà de la garantie bancaire des 100.000€
L’engouement des épargnants pour le livret A et le LDDS n’est pas seulement lié aux manques de solutions alternatives dénuées de risques. Les placements alternatifs, sans risque ou peu risqués, dits placements refuges existent, en cette période de crise sanitaire, mais une motivation importante concerne la garantie bancaire de 100.000€.
En effet, le Livret A, tout comme le LEP et le LDDS bénéficient d’une garantie financière directe de l’Etat. Cette garantie est différente de la garantie bancaire de 100.000€ et permet ainsi donc d’éviter de dépasser ce plafond sur les autres avoirs détenus en banque. Le détail des garanties financières en cas de faillite de votre banque ou de vos assureurs est un élément à connaître en ces temps incertains. La crainte de l’application de l’écrêtage de 100.000 euros sur les avoirs bancaires recueillent également un succès certain sur les réseaux sociaux. Nous en sommes cependant pas encore là.