Inflation en 2022 en Europe : la BCE change finalement de langage, une hausse des taux directeurs attendue avant fin 2022
Plus têtue qu’une banque centrale ? Deux banques centrales ! Après la FED, la BCE reconnaît à son tour s’être plantée, bien indirectement évidemment, dans ses anticipations de baisse de cette inflation passagère. Cela change la donne, la remontée des taux d’intérêts pourrait arriver plus vite que prévue. Preuve que personne ne maîtrise rien...
jeudi 3 février 2022, par Denis Lapalus
La BCE change timidement de ton !
Après le discours de la FED, qui a clairement changé de ton et annoncé de futurs hausse de taux d’intérêts à pas de vis de 0.25%, au tour de la BCE de changer de langage ce jour. La Banque centrale européenne a tenu ce jeudi une réunion déterminante. Elle a acté le retrait progressif des mesures mises en place pour faire face au Covid. Elle augmentera temporairement son programme d’achats « classique » après le mois de mars et conservera de la souplesse dans un contexte économique encore très incertain. Mais surtout, la BCE reconnaît implicitement son erreur de jugement et se ravise. Alors que Mme Lagarde annonçait haut et fort que les taux directeurs ne bougeraient pas avant 2023, il est désormais possible que les taux directeurs soient revus à la hausse avant la fin d’année 2022.
Taux directeurs de la BCE
Évidemment, la BCE a opté pour le statu quo ce jour et n’a pas annoncé de relèvement de ses taux directeurs. Face à l’inflation record - 5,1 % - enregistrée en janvier en zone euro, les marchés attendaient des explications de la banque centrale. Cette dernière a admis qu’un relèvement des taux directeurs pourrait être effectué avant la fin 2022, rassurant ainsi les investisseurs : il y a encore un pilote dans l’avion.
Taux fixes directeurs de la BCE (au 12 novembre 2024) | Taux |
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Taux de refinancement | 3.40 % |
Taux de dépôt au jour le jour | 3.25 % |
Taux de prêt marginal au jour le jour | 3.65 % |
Inflation de +5.1%
Les prix à la consommation dans les 19 pays ayant adopté la monnaie unique (IPCH) ont augmenté de 5,1% en rythme annuel, après 5,0% en décembre alors que les économistes anticipaient une décélération entre 4,4% et 4,7% à cause d’effets de base en lien avec la fin de baisse de TVA en Allemagne en janvier 2021. La surprise est venue de la hausse des prix de l’énergie, estimée à 28,6% sur un an, après +25,9% en décembre, loin devant celle des prix de l’alimentation, de l’alcool et du tabac (+3,6%), des services (+2,4%) et des biens industriels hors énergie (+2,3%).
France : inflation de +3.3%
L’inflation relevée par Eurostat pour la France est différente de celle évoquée par les médias (INSEE). Les critères de détermination n’étant pas les mêmes. Après les surprises sur l’inflation espagnole (6,1%), allemande (5,1%), et française (3,3%), l’énergie a également beaucoup pesé sur les prix en Italie (5,3%) avec un record depuis 1996, aux Pays-Bas (7,6%) et en Belgique (8,5%). L’inflation sous-jacente (hors énergie et alimentation), surveillée de plus près par la Banque centrale européenne (BCE) pour évaluer le caractère transitoire ou non des hausses de prix, a, elle, ralenti le mois dernier à 2,5% en rythme annuel, après 2,7% en décembre.
La BCE à la ramasse ?
La BCE est toujours en retard dans ses décisions, ce n’est pas nouveau. La majorité des grandes banques centrales ont déjà activé la hausse de leurs taux directeurs. La Banque d’Angleterre va poursuivre sa hausse des taux avec un nouveau tour de vis de 25 points de base supplémentaire. La Fed a lancé ses premières hausses taux, effective en mars, un cycle de quatre ou cinq relèvements des taux, de l’ordre de 0.25% à chaque tour de vis supplémentaires.