Le patrimoine des Français a stagné en 2022 (seulement +0.3%), baisse attendue en 2023

Sans surprise, l’INSEE a confirmé dans son étude publiée ce 20 septembre 2023, la stagnation du patrimoine des Français en 2022. Le début de la baisse des prix de l’immobilier en cause. Pour 2023, avec le retournement du marché de l’immobilier, cette évaluation devrait indiquer une baisse sensible.

mercredi 20 septembre 2023, par Denis Lapalus

Le patrimoine économique national n’est pas le patrimoine des Français !

Contrairement à ce que certains médias annoncent, le patrimoine des Français n’a pas grimpé en 2022, mais est resté tout juste stable. La confusion porte sur le patrimoine économique national (de la France), qui englobe les biens des administrations et surtout celles des entreprises. Fin 2022, le patrimoine économique national s’élevait à 20.052 milliards d’euros en France, soit 9,5 fois le produit intérieur net de l’année. Après plusieurs années de forte croissance, la progression du patrimoine économique national a ralenti (+5,6 %). Pour ce qui concernent les Français, ie les ménages au sens de l’INSEE, la situation n’est pas la même.

Le patrimoine des ménages stable en 2022

Le patrimoine des ménages s’est stabilisé après une forte hausse (+0,3 %, après +8,7 % en 2021) en raison du repli des prix des terrains bâtis, et a atteint 14 791 milliards d’euros.

Patrimoine des ménages attendu en baisse en 2023 : Le patrimoine des Français est attendu en baisse en 2023, la baisse des prix de l’immobilier et du foncier, principal composition de la richesse, à hauteur de 90,8 % des actifs non financiers des ménages.

Patrimoine non financier

Le patrimoine non financier des ménages a continué de croître, mais à un rythme moins soutenu que les années précédentes (+3,8 % après +9,2 %), pour atteindre 10 435 milliards d’euros. Ce ralentissement s’explique notamment par celui des prix des biens immobiliers (+3,5 % après +9,1 %), qui constituent 90,8 % des actifs non financiers des ménages. Cette dynamique est principalement le fait des terrains bâtis (+0,6 % après +9,7 %), tandis que la valeur des logements (hors terrains) est restée portée par la hausse du prix des matières premières (+6,2 % après +8,6 %).

Patrimoine financier en forte baisse

Le patrimoine financier net des ménages a diminué de 7,1 % en 2022, à 4 356 milliards d’euros, après avoir augmenté de 7,7 % en 2021. Cette diminution s’explique principalement par la baisse des actifs, les passifs progressant au même rythme qu’en 2021. En effet, les actifs des ménages en assurance-vie, qui représentent 30 % de leurs actifs financiers totaux, ont nettement diminué (-12,1 % après +1,6 %), sous l’effet de la baisse des cours boursiers et de la hausse des taux d’intérêt et en dépit de flux de collecte nets positifs. De fait, les flux nets d’assurance-vie (+36,4 milliards) sont restés soutenus, en accélération par rapport à 2021 (+29,0 milliards), en particulier pour les contrats en unités de compte (+35,5 milliards après 27,8 milliards), tandis que les flux nets de contrats en euros sont demeurés faiblement positifs (+0,9 milliard, après 1,1 milliard en 2021). Les placements sous forme d’actions et de parts de fonds d’investissement ont quant à eux reculé (-4,6 % après +13,5 %).

La progression des crédits ralentit

Au passif des ménages, la progression des crédits a légèrement ralenti (+4,9 % après +5,3 %). Les flux nets de crédits, constitués essentiellement de crédits immobiliers, se sont élevés à 84 milliards d’euros en 2022. Au cours du premier semestre, les crédits ont fortement augmenté, puis leur progression s’est normalisée au second semestre.

Les effets de la hausse des taux d’intérêt sur le patrimoine

Lorsqu’on évalue un encours de dette à taux fixe en valeur de marché, la valeur de cette dette baisse quand les taux d’intérêt montent. De la sorte, un investisseur qui acquiert une dette sur le marché secondaire (à un taux nominal inférieur aux conditions du moment) ou sur le marché primaire (aux conditions du moment) bénéficiera du même rendement réel. Les variations de patrimoine exprimées en valeur de marché rendent compte de ce mécanisme d’égalisation des rendements réels. Symétriquement, le patrimoine des créanciers diminue lorsque les taux montent. Il convient de souligner que la valorisation du patrimoine en valeur de marché a pour objet la description économique du transfert de richesse qui s’opère au détriment des créanciers (ou épargnants) anciens et au profit des emprunteurs, en phase de hausse des taux. Dans le même temps, la hausse des taux a un effet négatif pour les nouveaux emprunteurs (qui empruntent plus cher) et positif pour les nouveaux créanciers (qui prêtent à taux plus élevé). Quant au paiement des intérêts et au remboursement des annuités de la dette à taux fixe contractée avant la hausse des taux, ils ne changent pas, car ils résultent d’un contrat et sont indépendants des conventions de valorisation en valeur de marché.

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