Pourquoi l’inflation publiée par l’INSEE ne reflète-t-elle pas véritablement la hausse du coût de la vie ?
L’indice des prix à la consommation, publié officiellement par l’INSEE, ne reflète pas la hausse du coût de la vie. Tout le monde peut le constater, au fil des mois. Pourquoi un tel écart ? Tout simplement parce que l’indice des prix à la consommation est une mesure de l’inflation, mais pas celle d’un indice du coût de la vie. Deux choses sensiblement différentes. Une confusion largement entretenue par les médias...
vendredi 11 février 2022, par Denis Lapalus
La récente vague de hausse de l’inflation fait resurgir des idées reçues tenaces, de défiance même, vis à vis des chiffres officielles publiés concernant l’inflation. L’indice des prix à la consommation (IPC) est utilisé pour évaluer l’inflation. Cette mesure est partielle étant donné que l’inflation couvre un champ plus large que celui de la seule consommation des ménages. L’IPC n’est donc pas un indice du coût de la vie des consommateurs particuliers. Cet indice estime la perte de valeur de la monnaie, et rien d’autre.
Indice des prix à la consommation de l’INSEE
Chaque mois, l’INSEE publie plusieurs indices des prix à la consommation, avec une ventilation par secteurs (énergie, alimentation, etc). Cet indice est sensé reflété l’inflation, tel que présente dans le pays. Afin de pouvoir comparer cette inflation avec d’autres pays, sur la base des mêmes éléments de comparaisons, l’INSEE publie alors l’indice des prix à la consommation harmonisé (IPCH). C’est d’ailleurs celui-ci que devraient reprendre les médias, en juxtaposant l’inflation française vis à vis d’autres pays européens.
L’inflation n’est pas l’augmentation du coût de la vie
L’INSEE le précise pourtant clairement dans toutes ses publications. L’inflation ne représente pas un indice du coût de la vie. L’IPC est basé sur l’observation d’un panier fixe de biens et services, actualisé chaque année. Chaque produit est pondéré, dans l’indice global, proportionnellement à son poids dans la dépense de consommation des ménages.
Inclure davantage d’immobilier dans l’IPC ? Certains s’offusquent en demandant à l’INSEE d’inclure davantage d’immobilier et donc de minorer certains autres postes de dépenses... Mais cela ne changerait rien. Pour rappel les loyers sont indexés sur l’IRL. Cet indice est lui-même basé sur l’inflation. Et surtout cela n’aurait aucun sens de faire évoluer trop fortement le panier de référence, car pour mesurer la perte de valeur de l’euro sur une année, il faut toujours comparer les mêmes références. Ajouter de nouveaux éléments, c’est amoindrir la prise en compte de ceux existants.
Ce que nous ressentons, en tant que consommateurs, est une hausse du coût de la vie, liée en partie à l’inflation, mais pas seulement. En tant que consommateurs particuliers, nous avons tous des comportements d’achats différents. Mêmes nos achats alimentaires sont différents. Pour certains, les dépenses de santé sont élevés, pour d’autres le mode de chauffage coûte cher, etc. Les citadins sont davantage consommateurs de produits bio que les consommateurs vivant à la campagne. Le distingo entre les fumeurs et les autres, le budget loisirs, restaurant, spectacles... Les dépenses en énergie n’ont non plus rien à voir selon notre lieu d’habitation, etc. À la campagne, le budget carburant peut être plus élevé qu’en ville, notamment pour les usagers des transports en commun. Les différences pourraient être listées à l’infini. À chacun son propre ressenti de l’évolution du coût de la vie. L’IPC, bien que ventilé en fonction d’une vingtaine de secteurs, est un indicateur généraliste de la variation des prix, non représentatif de nos consommations habituelles. Son but est de comparer, toujours sur la même base de référence, l’évolution des prix. Cette base de référence est évidemment arbitraire, fixée toutefois selon les produits les plus consommés dans chaque secteur, mais n’en reste pas moins inadapté à chacun de nous. Et c’est très bien ainsi, le but étant se mesure l’écart, pour un même ensemble de produits, ayant les mêmes caractéristiques le comportement des prix.
Comment estimer alors l’évolution du coût de la vie ?
Et bien là encore, l’INSEE vous fournit un outil qui vous permet de le faire. Vous pouvez personnaliser votre IPC en indice du coût de la vie personnalisé, en fonction de votre consommation, en fonction de vos dépenses (davantage de carburant, plus ou moins d’immobilier, etc.). Cet outil en libre service évitera à certains de se lancer dans des projets ubuesques de calcul d’un indice du coût de la vie, qui par essence même, en généralisant sera tout aussi faux qu’en prenant l’IPC pour un indice du coût de la vie. Et ce, pour les mêmes raisons, nous sommes tous différents. Multiplier les indices du coût de la vie pour toutes les catégories possibles de la population n’a aucun sens.
Pourquoi multiplier les indices IPC n’aurait aucun sens ?
Nous serions capables de définir de multiples listes de produits de consommation, selon que vous habitiez à la campagne, à la ville, que vous soyez végétarien ou pas, en bonne santé ou pas, que vous êtes amateur de chocolat, etc. Vous imaginez rapidement que cela n’a aucun sens, car la combinatoire serait tellement élevée que ces millions d’indices distincts seraient rapidement moyennés... Et nous reviendrons alors à un indice moyen, qui ne reflète rien concrètement pour chacun d’entre nous, comme à ce jour, pour les personnes confondant Inflation et indice du coût de la vie.
Coût de la vie, une mesure simple, vos comptes !
Afin de mesurer l’évolution du coût de la vie, vous pouvez également, si vous tenez à jour le suivi de vos dépenses, mesurer l’écart de mois en mois de vos différents postes. Vous obtiendrez alors la véritable variation de votre pouvoir d’achat, votre indice du coût de la vie. L’inflation publiée par l’INSEE vous indiquera alors, dans votre indice de votre coût de la vie, la part de la diminution de la valeur de l’argent, des véritables hausses de prix de ce que vous consommez.