Un nouveau placement épargne retraite individuel et universel en vue ?

La cogitation est à son paroxysme autour de la future Loi PACTE, visant à orienter l’assurance-vie vers le financement des entreprises. Le pire ne semble pas à craindre. Les principales mesures étant d’ores et déjà connues. Les assureurs de leur côté voient plus loin et anticipent déjà le dossier suivant : la réforme des retraites de 2019. Leur idée est de proposer un nouveau placement dédié à l’épargne retraite, un nouveau PERP en quelque sorte, mais qui lui ressemblerait bien étrangement...

mardi 20 mars 2018, par Denis Lapalus

PACTE : orienter l’assurance-vie vers le financement des entreprises, un vieux rêve...

Cela n’a rien de nouveau. Tous les gouvernements successifs se sont cassé les dents sur cette thématique. Au final, tout simplement, les épargnants n’ont pas vocation à prendre des risques pour financer les PME, sur le dos de leur épargne. Cela semble bien compréhensible. Alors les fonds eurocroissance nouvelle génération, les unités de compte de financement de PME, et autres fonds euros bonifiés à capital non garanti tels qu’évoqués dans le PACTE, pourront toujours être largement développés, aucun besoin n’émane des épargnants... Et qui place son argent ? Ce sont les épargnants.

Du côté de l’épargne retraite, il est rappelé que l’Assurance-Vie peut avoir comme finalité la constitution d’un capital, mais n’est pas spécifiquement un produit d’é[a[pargne retraite]a], les assureurs avancent déjà leurs pions avant la réforme suivante, celle de l’épargne retraite.

Mieux que le PERP, le nouveau PERP...

Le PERP est à ce jour le seul support d’épargne dédié à l’épargne retraite. Encore trop souvent comparé à tort à l’assurance-vie. Le PERP est accessible à tous. Que l’on soit fonctionnaire, indépendant, salarié... Tout le monde peut souscrire un ou plusieurs PERP. Le PERP est transférable, au contraire de l’assurance-vie, d’un assureur à un autre. En cas de transfert, les fréquentes pénalités facturées lors du départ sont souvent remboursées par l’établissement d’accueil. D’ailleurs, les épargnants n’hésitent plus à fuir ces premiers PERP bancaires totalement moribonds, truffés de frais, pour aller vers du sans frais, des unités de compte proposant des SCPI, et tout ce qui existe de porteur à ce jour.

Mais le PERP souffre d’un mal bien français : il est associé à une réduction fiscale, avantage réservé aux contribuables payant effectivement des impôts. Du coup, il n’a pas vraiment cette casquette de produit d’épargne populaire. L’idée géniale serait donc de proposer le PERP, mais sans cet avantage fiscal lié à l’imposition sur les revenus... Oui, je sais, moi aussi, je sais être ironique.

Réforme de l’épargne retraite individuelle, les assureurs prônent la même chose que le PERP, en couleurs ?

Rien de bien novateur du côté des assureurs français. Le nouveau produit d’épargne retraite universel proposé par les assureurs ressemblerait à s’y méprendre à un PERP. Une phase d’épargne et une phase de rente. Mais voilà, la sortie en rente, les épargnants n’en veulent pas.

Pas de sortie en rente viagère pour les épargnants, mais 100% en capital

En France, seuls les assureurs sont favorables à la sortie en rente viagère contre aliénation du capital. On comprend aisément pourquoi, tout est joué d’avance. C’est de la bonne vieille statistique, telle que les assureurs l’aime tant. Mais les épargnants n’aiment pas les rentes viagères. Exemple d’une rente viagère, quel que soit le produit : il faut 100.000€ de capital, à aliéner (donc qui est perdu pour l’épargnant), pour obtenir une rente viagère de 300€ par mois, imposable sur les revenus. Si les épargnants avaient le choix, bien peu opterait pour la rente viagère, surtout compte-tenu du recul de l’âge de la retraite. Il faut vivre 24 années pour être gagnant sur une rente viagère, en partant à la retraite à 67 ans, cela fait du 91 ans !

Et si la solution nous venait d’ailleurs ?

Souvenez-vous. En 2017, la proposition, au niveau européen d’un nouveau produit d’épargne retraite, le PEPP (Pan-european Personal Pension Product), à caractéristiques communes pour tous les pays de l’Union Européenne. Evidemment, en France, les arguments d’une spécificité locale ne manquent pas, avec la fiscalité la plus complexe au monde, un système de retraite alambiqué au possible, cela semble impossible... Et pourtant, en 2019, cette proposition pourrait bien voir le jour à la surprise générale. Les discussions continuent.

Tous droits réservés © FranceTransactions.Com, 2001-2024