CARMF : la hausse des pensions de retraite complémentaire des médecins de 4.8% à compter du 1er janvier 2023 n’aura pas lieu

Mauvaise nouvelle pour les médecins retraités. La CARMF renonce à la hausse de 4.8% de leurs pensions de retraite complémentaire, afin de préserver ses comptes.

mercredi 30 novembre 2022, par Denis Lapalus

La CARMF renonce à augmenter les pensions complémentaires

La CARMF abandonne l’idée de revaloriser la part complémentaire des retraites des libéraux de près de 5 % début 2023. « Une mesure extrême » prise en réaction à la décision d’exonérer de cotisations les médecins cumulant travail et retraite. Il fallait choisir, cela ne peut être l’un et l’autre.

Hausse des pensions contre exentération des cotisations pour les retraités en activité

L’annonce pourrait aggraver le « ras-le-bol » des médecins libéraux appelés par les syndicats à faire grève jeudi et vendredi pour réclamer une hausse de leur rémunération . La Caisse autonome de retraite des médecins de France (CARMF) a annoncé qu’une partie des pensions des praticiens ne sera pas augmentée de près de 5 % début 2023 comme envisagé. Cette décision « extrême », prise avec une « immense amertume », à l’heure où l’inflation bat des records , concerne la part complémentaire des retraites des médecins libéraux. Celle-ci représente autour de 45 % de la pension des médecins, qui ont vu leur pension de base revalorisée de 4 % cet été mais peuvent aussi toucher un troisième niveau de retraite, qu’ils espèrent voir augmenter par le gouvernement en début d’année prochaine.

Cumul travail et retraite

L’abandon d’une hausse de 4,8 % envisagée est la conséquence des mesures promues par l’exécutif pour encourager les médecins à travailler au-delà de l’âge de départ en retraite, explique la CARMF. Dans le cadre du projet de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) , en fin de discussion à l’Assemblée, le gouvernement a en effet soutenu l’idée d’exonérer de cotisations retraites les médecins libéraux cumulant travail et retraite. A condition que les revenus n’excèdent pas un plafond fixé par décret. La mesure, défendue par Emmanuel Macron lui-même, lors d’une récente intervention télévisée, est une des réponses que le gouvernement a promis d’apporter au problème du manque de médecins traitants touchant quelque 6 millions de Français.

Un équilibre financier

Le budget « est responsable d’une baisse des cotisations de 73 millions d’euros dans ce régime, baisse pour laquelle la CARMF n’a pas obtenu de garantie de compensation », déplore la Caisse. D’où la nécessité aux yeux de la CARMF, dont le régime est déjà déficitaire de renoncer à augmenter les pensions afin de « maintenir l’équilibre financier et l’harmonie intergénérationnelle ». «  L’effet de l’exonération étant temporaire et largement demandé par les médecins, nous ne prévoyons pas de compensation. Nous laissons le régime s’organiser en indépendance », répond-on dans l’entourage du ministre du Travail, Olivier Dussopt, à propos des cotisations de retraites complémentaires.

« La CARMF recevra une compensation par l’Etat au titre des cotisations d’assurance-vieillesse de base non perçues », indique cependant le cabinet du ministre de la Santé, François Braun. Lors du débat sur le PLFSS au Sénat, la ministre chargée des PME, Olivia Grégoire, avait expliqué que la mesure, temporaire, «  précède l’examen à venir de la réforme des retraites, dans le cadre de laquelle il nous faudra trouver un mode de fonctionnement plus pérenne  ».

Quid des réserves de la CARMF ?

Comme l’indique le quotidien Les Echos, la décision de la CARMF hérisse en tout cas du côté des médecins. « Je trouve cela proprement inadmissible, car cela va concerner toutes les générations  », lance Franck Devulder, président de la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF). Certes la caisse a un déficit technique pour son régime complémentaire mais «  elle a quatre ans de réserves devant elle », souligne-t-il.

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