
Réforme des retraites : déficit immédiat de 6,6 milliards en 2025, ce rapport de la Cour des Comptes pour un conclave dont l’issue semble être déjà connue

Le rapport de la Cour des Comptes fait le point sur la réforme des retraites de 2023.
jeudi 20 février 2025, par Denis Lapalus
Quel est le déficit du système de retraites par répartition ?
Selon le dernier rapport de la Cour des Comptes, le déficit "immédiat" du système de retraite par répartition serait de 6 milliards d’euros. Ce déficit sera croissant dans les années à venir, et "dérivera à 30 milliards dans les années qui viennent" a indiqué le Premier Ministre après avoir reçu ce rapport.
Le déficit du système des retraites atteindra près de 15 milliards d’euros en 2035, estime la Cour des comptes dans un rapport commandé par Matignon et remis jeudi 20 février à François Bayrou. Elle prévoit un déficit autour de 6,6 milliards dès cette année, mais stable jusqu’en 2030, avant une dégradation continue qui atteindra environ 30 milliards d’euros en 2045. Passé cette date, les incertitudes sont trop nombreuses pour obtenir une projection fiable, explique la Cour.
Le recul de l’âge, un bénéfice à court terme seulement
La Cour des comptes évalue également les effets de la réforme des retraites votée en 2023. Elle estime que le recul de deux ans de l’âge légal rapportera 10 milliards d’euros à l’horizon 2030, avec "un effet maximal" en 2032. Toutefois, l’effet de la réforme sera "amoindri" après 2040, et les bénéfices pour l’équilibre financier du système de retraites "se réduiront avec le temps", prévient la Cour. Elle cite comme raison de cet amoindrissement, notamment, l’augmentation de l’espérance de vie et donc du temps passé à la retraite des personnes nées après 1970.
Le rapport étudie enfin les effets d’une nouvelle modification d’un an de l’âge légal de départ à la retraite. Elle conclut qu’une telle mesure aurait un impact important à court terme mais relativement limité à moyen terme. Au contraire, une variation d’un an de la durée de cotisation a un effet moins important à court terme, mais "s’accroît avec le temps", assure la Cour.
À peine deux années après la réforme des retraites de 2023
La réouverture des débats autour de la réforme des retraites s’annonce tendue, patrons et syndicats arrivant chacun avec une vision très différente des pistes à étudier pendant les trois mois d’échange. Abrogation pour les uns, une dose de capitalisation pour d’autres : trouver des accords pour faire évoluer le système de retraites - déficitaire - s’annonce comme une mission particulièrement ardue pour les partenaires sociaux, appelés à rediscuter pendant au moins trois mois de la très contestée réforme de 2023.
Première réunion le 27 février 2025
La première réunion de négociations, elle, se tiendra le 27 février, selon plusieurs sources syndicales, soit huit jours plus tard, « parce qu’il n’y a pas de salle libre et assez grande pour recevoir tout le monde avant », indique un responsable syndical. Les discussions se poursuivront ensuite les jeudis après-midi, jusqu’à fin mai au moins. L’initiative avait été saluée par les syndicats, qui n’avaient pu infléchir la dernière réforme malgré de très nombreuses manifestations géantes contre une loi qui, notamment, fait passer de 62 à 64 ans l’âge légal de départ. Mais à l’approche des premières discussions, certains points fâchent.
Le mirage d’un compromis
Le patronat avance aussi ses propositions (gouvernance, capitalisation, etc.) et refuse mordicus toute mesure qui entraînerait une augmentation de sa contribution. Ainsi, le président de la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME), Amir Reza-Tofighi, a proposé que les salariés travaillent trois jours fériés par an, et mettent le salaire correspondant sur un compte en vue de leur retraite. Le président du Medef, Patrick Martin, prône la contribution de certains retraités au financement de la protection sociale. « À partir du moment où les retraités sont ceux qui votent le plus et qu’ils sont de plus en plus nombreux, un certain nombre de propositions sont des suicides », remarque toutefois un parlementaire, issu du bloc central.