Réforme des retraites : adieu l’âge pivot de 64 ans, la durée de cotisation fait son grand retour
C’était attendu, la réforme des retraites ne sera pas un long fleuve tranquille. Mais cette fois-ci, c’est surprise, surprise... Emmanuel Macron préfère désormais un accord sur la durée de cotisation plutôt que sur l’âge de départ et promet un nouveau grand débat afin de trouver un compromis permettant de résorber le déficit du système actuel.
mercredi 28 août 2019, par FranceTransactions.com (avec AFP)
Si côté produit d’épargne retraite, la mise en place du PER (nouveau Plan épargne retraite) a été rondement menée, avec la commercialisation des premières versions dès octobre 2019, la réforme des retraites reste quant à elle un épineux dossier.
Volte-face sur les retraites, premier échec
Emmanuel Macron préfère désormais "un accord sur la durée de cotisation plutôt que sur l’âge" de départ et promet un nouveau "grand débat" afin de trouver un compromis permettant de résorber le déficit du système actuel.
Adieu l’âge pivot de 64 ans
L’affaire semblait pourtant réglée. Après des semaines de cacophonie au printemps, le gouvernement avait tranché en faveur d’un "âge d’équilibre" devenu le symbole du futur "système universel" par points promis par M. Macron. Le haut commissaire à la réforme des retraites, Jean-Paul Delevoye, avait précisé l’idée mi-juillet : l’âge légal resterait fixé à 62 ans, mais il faudrait travailler jusqu’à 64 ans pour une pension "à taux plein".
Mais puisque l’âge pivot ne convient à personne, le sujet sera remis à l’ordre du jour dès les 5 et 6 septembre, lors d’entretiens à Matignon avec les partenaires sociaux. Les Français seront aussi consultés à l’automne, sous une forme à déterminer.
Une nouvelle grande négociation
"Il y aura une grande négociation" sur la réforme et ce sera "plus qu’une concertation, je tiens à un grand débat", a affirmé M. Macron, souhaitant que ce chantier "incarne le changement de méthode" initié après la crise des "gilets jaunes". Farouchement opposée à cette réforme, la CGT y voit une "confirmation pour les salariés" qu’ils devront "travailler plus pour gagner moins à la retraite".
"Personne n’est dupe", juge le secrétaire général de Force ouvrière, Yves Veyrier, prédisant que "ce qui pourrait apparaître comme une position moins arbitraire va conduire beaucoup de personnes à travailler au-delà de 64 ans".
Le patronat, lui, continue de plaider pour un relèvement de l’âge légal, "indispensable" selon la CPME, tandis que le patron du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux, considère qu’"on (n’en) fera pas l’économie et c’est mentir par omission aux Français que de dire le contraire".
La CFDT satisfaite
Seule la CFDT a exprimé un semblant de satisfaction. "Le président de la République a dit que l’âge pivot était une erreur, n’était pas une bonne chose en tout cas. Tant mieux, on l’avait dit aussi, donc maintenant on verra", a réagi son secrétaire général Laurent Berger. Favorable au principe d’un "système universel", l’organisation "attend les concertations avec le Premier ministre la semaine prochaine, pour regarder comment ça va bouger", a-t-il indiqué.
Dans l’équipe de M. Delevoye, on rappelle qu’il existe déjà un régime "à la fois par points et qui utilise la durée de cotisation" : l’Agirc-Arrco, caisse complémentaire des salariés du privé, gérée par les partenaires sociaux. La même source souligne que "la durée n’est pas écartée du rapport" du haut commissaire, car elle resterait "nécessaire pour tout un nombre de sujets, comme le minimum de pension, la pénibilité et les carrières longues".
Le chef de l’Etat en a fait une contrainte, demandant "que notre régime, quand il rentre(ra) en vigueur en 2025, soit équilibré financièrement", car "il n’y pas de finance magique, il y a toujours quelqu’un qui paye".