L’incroyable business de Sorare auprès des passionnés de sports, entre loisirs et spéculations financières, une activité qui brouille les cartes
Le renommé commerce de vignettes de footballeurs, autrefois sous forme d’images à coller dans un album (Panini), sont désormais accessibles sous forme numérique, achetables via des enchères, et délivrées avec un certificat d’authenticité (NFT).
mardi 21 septembre 2021, par Denis Lapalus
Il faut être sans doute être passionné pour ne pas avoir du mal à comprendre comment un telle activité peut connaître un tel succès. Mais les faits sont là. Avec la blockchain, sont nés pléthores d’activités commerciales toutes plus étonnantes les unes que les autres. Le renommé commerce de vignettes de footballeurs, autrefois sous forme d’images à coller dans un album (Panini), sont désormais accessibles sous forme numérique, achetables via des enchères, et délivrées avec un certificat d’authenticité (NFT). Sous forme de jeux, manager d’équipes, investissements, spéculations et trading débarquent, avec du vrai argent. Âmes sensibles s’abstenir.
Une levée de fonds record de 680 millions de dollars
Et oui ! L’appétit des investisseurs n’est toujours pas rassasié de ces activités numériques, se mettant à vendre tout type de cryptoactifs. Sorare réalise la plus grosse levée de fonds de la French Tech. La start-up lancée en 2018, à la croisée des cartes à collectionner, des paris sportifs et du jeu de gestion sportive, a annoncé mardi 20 septembre 2021 avoir bouclé un tour de table en Série B de 680 millions de dollars, soit environ 580 millions d’euros. Ont participé à ce tour de table les fonds Atomico, Bessemer Ventures, D1 Capital, Eurazeo, IVP et Liontree rejoignant ainsi ses investisseurs historiques que sont Benchmark, Accel et Partech. La jeune pousse a également séduit des investisseurs comme les footballers Antoine Griezmann, Gerard Piqué, Rio Ferdinand, Oliver Bierhoff et César Azpilicueta, ainsi que les entrepreneurs Alexis Ohanian et Gary Vaynerchuck.
Jeux et spéculations financières
Et dire que l’on croyait que le monde d’après serait plus proche de la nature, plus réel. C’est tout l’inverse. Après les millionnaires en Bitcoin voici donc que le nouveau graal serait donc de spéculer sur des cartes de joueurs de foot. Cela existait déjà du reste du temps des cartes de joueurs physiques. Pourquoi pas après tout. Mais force est de constater, que comme pour la spéculation de court terme sur les marchés financiers, la majorité des investisseurs seront perdants. Bien évidemment, dans les médias, seuls les gagnants feront la une, car leurs gains seront conséquents. Les milliers de perdants de petites sommes resteront dans l’ombre de la matrice. Car à ce jeu, aucune valeur n’est créée, ce type de jeu ne porte que sur des prix que les autres joueurs veulent bien payer. De la spéculation à l’état pur.
Un brouillage des cartes..
Les clients de Sorare jouent et tentent de gagner de l’argent. C’est donc bien un jeu d’argent. La plateforme revendique 250.000 joueurs en ligne, dont 35.000 posséderaient d’ores et déjà au moins une carte de joueur, avec son certificat NFT. Ce certificat garantie son unicité, mais attention, pour un même joueur réel, plusieurs dizaines de milliers de cartes seront émises... Les résultats sont basés sur les performances des matchs de la vraie vie. L’équipe composée par le joueur en ligne reçoit donc un score après les résultats des matchs réels de la vraie vie. En fait, comme si l’on pariait directement sur un site de paris sportifs, sauf qu’en plus, une spéculation sur les cartes des joueurs est possible.
Plusieurs échelles de rareté ?
Et oui.. C’est là que nous allons perdre des lecteurs. Vous pensiez qu’une carte de joueur était unique, authentification NFT et tout le toutim, mais en fait, la ruse est que pour un même joueur de la vraie vie, il va exister une multitude de cartes, bien plus que 10.000 (si le joueur joue pendant 10 années par exemple) ! La carte unique maitresse restera la plus chère, viennent ensuite 10 exemplaires par joueur et par saison et puis 100 cartes du même joueur et enfin 1000 exemplaires du même joueur. A chaque niveau de rareté, le prix est sensé diminuer. Mais bon, personne n’est à l’abri d’une erreur. Vous l’aurez compris, cela sent quand même un peu le château de cartes...
Les exemples de prix de cartes donnés dans la presse, sur le site Les Echos, fait état de 280.000 dollars pour celle de Cristiano Ronaldo. Bref, du délire pour une image numérique sans aucune valeur. Le bon côté pour les clubs de foot partenaires de la plateforme étant qu’ils perçoivent une rémunération pour l’utilisation de leurs droits d’images. au moins à ce point, cela alimente financièrement la vraie vie...
Et la fiscalité dans tout cela ?
Comme tous cryptoactifs, une déclaration fiscale est à établir, aussi bien pour la détention du compte, que pour les plus-values réalisées. L’imposition s’effectue dès le premier euro, selon la Flat Tax, soit 30% en 2021. La plateforme doit de son côté réglementairement adresser un relevé d’information fiscal aux services fiscaux.