Euro : dix ans déjà mais toujours pas toutes ses dents...

L’euro fêtera bientôt ses dix ans, l’heure est donc venue de dresser un premier bilan d’une monnaie unique très controversée depuis sa mise en circulation en 2002.

mardi 27 décembre 2011, par Jérémie G.

Euro : un anniversaire couronné de succès ?

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Le 1er janvier 2012, l’euro fêtera ses dix ans. Un premier cap qui pourrait bien être son dernier au vu de la crise que traverse en ce moment l’ensemble de la zone euro.

À l’heure des bilans de ses 10 années de monnaie unique, que peut-on garder de cette décennie monétaire ?

Actuellement, 95,6 milliards de pièces et 14,2 milliards de billets sont en circulation pour une valeur de près de 870 milliards d’euros, d’après les chiffres de la BCE.

Euro : Des sensibilités sur une monnaie controversée

Inflation : gare aux amalgames !

Et si l’euro a facilité pour le consommateur la comparaison des prix au sein de la zone, le tourisme avec la suppression des cours de change et la diversification de l’épargne, la monnaie unique a en revanche accéléré la hausse des prix au moment du passage à l’euro en 2002.

Une hausse des prix toujours bien présente dans les esprits des particuliers malgré une bonne gestion de l’inflation par la BCE.

Pour André Sapir, économiste du centre Bruegel de recherche sur les politiques économiques en Europe, ce sentiment s’explique surtout parce que les personnes font toujours les conversions dans leur monnaie nationale "avec les prix d’il y a dix ans".

Une interconnexion gênante, un nerf à vif

La monnaie européenne a aussi facilité les risques de contagion des différentes crises économiques car elle a rendu les pays de la zone encore plus interdépendants.

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Aujourd’hui, c’est se désavantage qui est pointé du doigt avec l’absence d’autonomie de la politique monétaire, qui repose uniquement entre les mains de la BCE. Ainsi, la fragilité d’un pays peut mettre en péril toute la zone et les défaillances en terme de dette des différents états européens fonctionnent comme un mécanisme cumulatif qui alourdit des difficultés déjà très pesantes.

Pourtant, l’euro que tout le monde accable en ce moment n’est pas la raison de toutes les misères de l’Europe. Et s’il faut pointer du doigt quelque chose, c’est plutôt les limites des instances européennes, notamment face aux marchés, et la piètre gestion des comptes nationaux qu’il faut mettre en cause.

Un taux de change pivot trop élevé ?

Enfin, on a souvent jugé l’euro "trop fort" critiquant le fait que les exportations en pâtissaient sérieusement ce qui permettait d’expliquer notamment les déséquilibres du commerce extérieur français.

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Une conception économique très limitée puisqu’elle ne prend pas en compte le fait qu’un euro fort implique aussi des importations à bas prix et donc un rééquilibrage de la balance commerciale. En ajoutant à cela que contrairement à l’Allemagne la France est beaucoup moins tournée vers l’exportation on comprend mal pourquoi l’euro fort a été si souvent décrié dans l’Hexagone.

De plus, une monnaie forte permet des investissements à l’étranger au rabais et un pouvoir d’achat élevé.

Ainsi, à l’heure ou la question de l’éclatement de la zone euro se pose, la monnaie unique va fêter dix années d’utilisation, un passage à la maturité qui pourrait très vite tourner au drame.

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