Jeunes actifs : kit de démarrage pour bien épargner, par quoi commencer ?

Vous avez entre 25 et 35 ans et n’avez rien vraiment débuté à ce jour en matière d’épargne ? Plutôt que de suivre les conseils des forums, voici quelques éclairages.

dimanche 31 décembre 2023, par Denis Lapalus

Sur les forums, toujours les mêmes conseils, dès qu’un jeune actif évoque le souhaite d’investir sur des placements à risques, toujours la même rengaine : investir sur un ETF MSCI World Index sur un PEA et basta... Sauf que, le plus souvent c’est inadapté. Décryptage.

Nécessité d’épargner et d’investir

Sur ce site, FranceTransactions.com, le mot épargner fait référence à la notion de mettre de l’argent de côté, sans prendre de risques, alors qu’investir signifie prendre ses risques avec son capital, même minimes.

Après la crise COVID et la réforme des retraites, de nombreux jeunes actifs ont pris conscience qu’il fallait impérativement épargner pour le futur. Excellente chose. La retraite par capitalisation est la seule issue. Le PER, tout comme l’Assurance-Vie, sont des produits financiers adaptés pour la constitution de sa retraite par capitalisation. Mais ce ne sont évidemment que des enveloppes d’investissements. En étant jeunes actifs, c’est bien de ses soucier de sa retraite, mais il est probable que le financement de la résidence principale soit le premier objectif. Néophyte en épargne et investissements, vous cherchez des orientations pour votre stratégie d’épargne. Plutôt que de suivre le comportement de la majorité (qui n’a pas toujours raison), voici quelques éclairages différents de ce que l’on retrouve le plus souvent sur les forums ou sites commerciaux des conseillers en investissements financiers.

1️⃣ Epargne de précaution

Sur ce point, il semblerait que tout le monde soit d’accord. Il faut, avant toute autre chose, se constituer une épargne de précaution. Un capital qui peut être mobilisé à tout moment. La règle formulée par les CGP est d’avoir devant soi près de 6 mois de revenus réguliers (et non pas 6 mois de salaires, tout le monde n’est pas salarié !). Les intermédiaires en produits financiers argueront que 3 mois suffisent, histoire de placer quelques souscriptions de produits financiers supplémentaires. C’est purement commercial. 6 mois au moins, c’est bien.

Quels placements pour mon épargne de précaution ? La France est un cas unique au monde. Notre pays propose des placements épargne net de toute fiscalité à des taux qu’aucune banque ne peut proposer. Il convient donc d’en profiter au maximum. C’est pourquoi, il faut évidemment placer jusqu’au maximum sur le LEP (soumis à plafond de revenus pour sa détention), le livret A et le LDDS.

Epargne de précaution
PlacementsTauxPlafonds de versement
Livret A 3,00 % 22.950 €
LDDS 3,00 % 12.000 €
LEP (1) 4,00 % 10.000 €
Livret jeune(2) 3,00 % minimum 1.600 €
(1) : le LEP est soumis à conditions de revenus. (2) : le livret jeune est accessible à tous les jeunes sans condition jusqu’à leur 26 ans.

Certains diront que 6 mois d’épargne de précaution, c’est trop. L’adage, "l’on est jamais assez prudent..." existe pourtant. Mais avec les taux proposés actuellement sur ces placements épargne réglementés, il n’existe pas d’autres placements alternatifs proposant de meilleurs ratios rendement/risque ! Donc en profiter et faire le plein semble bien pertinent.

2️⃣ Connaître la référence de rémunération du sans risque

Avant d’évoquer la partie qui fâche, pour les débutants en épargne et investissements, la première des notions à connaître, c’est le taux de rendement du placement sans risque. Combien puis-je percevoir en plaçant mon argent sans risque, tout en laissant mon argent disponible ? Pour les particuliers français, le taux du livret A tient actuellement ce niveau de référence. Attention, ce n’est pas toujours le cas. Le taux de référence d’un placement sans risque à retenir est donc de 3,00 % net d’impôt, soit 4,29 % équivalent brut. À chaque fois que l’investisseur place son argent, il devra donc évaluer la prise de risque prise sur son capital par rapport à la différence potentielle de rendement.

Cas concret : On me propose un investissement 6% brut alors que le risque de perte maximale de mon capital est estimé à 25% sur une horizon de 24 mois. Vais-je investir sachant que j’ai encore la possibilité de placer sur un placement sans risque, rapportant 4.29 % brut ? La réponse devrait être non. Ce n’est pas rationnel de risquer 20% de son capital pour un rendement de 1.71% brut, soit 1.2 % net supplémentaire.

4️⃣ Investir

C’est là que cela commence véritablement à diverger. Sur les forums, les conseils fusent auprès des néophytes : investir sur un ETF MSCI World Index. Choisir un ETF parmi les plus faibles en frais de gestion, et investir régulièrement. Cette stratégie basique est sans conteste la plus utilisée par les néophytes. Pourtant, comme toujours, ce n’est pas parce que cette stratégie est la plus souvent conseillée qu’elle est la plus pertinente. Son principal souci ? Les marchés actions produisent les meilleurs rendement sur le très long terme, en choisissant bien ses périodes de référence. Dans les faits, conseiller actuellement un débutant à investir sur l’ETF MSCI World Index, c’est se préparer à des déconvenues.

En effet, le plus important est définir en premier lieu son horizon d’investissement, et non pas le produit sur lequel investir. Ainsi, pour les investisseurs qui souhaitent devenir le plus rapidement possible propriétaire de leur résidence principale, investir sur un ETF MSCI World Index n’est pas une bonne idée. Que se passera-t-il si les machés actions dévissent de 20 % ? Il faudra plus d’une année supplémentaire pour s’en remettre, c’est au moins, dans le meilleur des scénarios, deux années de placement perdues. Le meilleur rappel est l’année 2022.

Le saviez vous ? Quand un indice boursier baisse de 20%, une hausse de 20% l’année suivante ne suffit pas à annuler la baisse précédente... Faites vos calculs. Une seule année baissière, c’est près de 3 années d’investissement de perdues. Alors les investissements réguliers en bourse, c’est sans doute le plus mauvais de conseils. Quand les marchés sont baissiers, l’on vend ses positions avant qu’il ne soit trop tard. La moyenne à la baisse du prix de revient n’est pas une stratégie gagnante en bourse sur le long terme. C’est la base.

Bénéficiez des taux d’intérêts actuels ! Avec la hausse des taux, le mieux est de bénéficier des comptes à termes et autres livrets épargne, avant de s’intéresser aux opportunités sur le marché obligataire. L’heure n’est plus vraiment d’investir sur des actions, les indices financiers sont à des niveaux de records historiques à fin 2023, alors qu’une baisse de l’activité économique est attendue en 2024. Cela n’a aucun sens de recommander d’investir sur un ETF MSCI World Index dans ce contexte. Cela tient du défaut de conseil. Ainsi sur une horizon de placement de 5 ans, dans le but par exemple de se constituer un apport pour une acquisition immobilière, opter pour les marchés actions n’est pas pertinent. Le choix d’un fond obligataire daté semble davantage pertinent.

Ainsi, les néophytes, ne maitrisant pas encore le fonctionnement des obligations s’intéresseront en premier lieu aux fonds obligataires datés. L’horizon de placement devant correspondre à l’horizon de placement du fonds. Les rendements proposés sont attractifs. Comme toujours, prendre garde aux frais des fonds choisis.

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