Crise, les arnaqueurs ne sont pas à court d’idées : investissements dans la chloroquine, le whisky, fausses cagnottes, SCPI, livrets...
Investir dans la chloroquine ? ou l’hydroxy-chloroquine ? le whisky ? des SCPI étrangères ? Placer au taux de 6% avec une prime de 120 euros ? Faire un don sur des cagnottes fantômes pour les soignants ? De nouvelles arnaques financières émergent avec la crise.
vendredi 12 juin 2020, par FranceTransactions.com (avec AFP)
La crise fait émerger de nouvelles arnaques financières
Investir dans la chloroquine et devenir riche ? Emprunter de l’argent sans condition pour surmonter la crise ? Des appels aux dons, avec de vraies fausses cagnottes pour les soignants ? Placer à 6% sans risque pendant 1 an ? Des masques made in France fabriqués en Asie ? Investir sur des SCPI à hauts rendements, à moindres frais, à l’étranger ?Les fausses promesses cachent de vraies arnaques. L’inventivité des arnaques financières est sans limite, contrairement à votre potentiel d’épargne.
Chloroquine ou Hydroxychloroquine ?
Avec le coronavirus, fini les diamants ou les bovins : c’est désormais la chloroquine qui est vantée par ces sites frauduleux. Ce traitement du paludisme fait l’objet d’une polémique très médiatisée quant à ses effets contre le virus. Plus un sujet est controversé, plus les escrocs s’en mêlent, afin de piéger plus facilement les convaincus. Les réseaux sociaux se sont enflammés afin de savoir si l’hydroxy-chloroquine était, ou pas, la solution afin de "sauver le monde". Personne n’a encore une réponse certaine, mais les plus candides ont retenu le nom de cette molécule. Et rien de plus facile pour les arnaqueurs que de proposer à ces personnes convaincues d’investir dans l’hydroxy-chloroquine afin de gagner rapidement de l’argent.
AMF et ACPR constatent les dégâts
"Un terreau" pour les escroqueries : c’est le résumé de la crise économique et sanitaire du coronavirus pour Benoît de Juvigny, secrétaire général de l’Autorité des marchés financiers (AMF). Il s’exprimait vendredi à l’occasion d’une conférence commune entre cette institution et l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR). A elles deux, elles surveillent et régulent tout le champ des investisseurs et de la finance. A ce titre, elles luttent notamment contre les escroqueries financières contre les particuliers. Celles-ci bouillonnent avec la crise du virus qui donne de nombreuses idées aux escrocs en ligne, entre inquiétudes sanitaires et angoisses économiques face à une récession qui s’annonce d’une violence sans précédent. "Ces arnaqueurs sont capables de s’adapter très vite à l’actualité (...), sachant que derrière, on joue toujours sur les mêmes cordes", a résumé Dominique Laboureix, secrétaire général de l’ACPR.
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Fausses cagnottes en ligne
Ainsi, de fausses cagnottes en ligne jouent sur le désir des particuliers de se montrer solidaires en période de crise. Mais l’argent, souvent promis aux soignants, va dans le portefeuille de l’escroc. Les régulateurs avaient déjà alerté début mai sur ce type d’escroquerie. Vendredi, ils ont détaillé d’autres arnaques aux ressorts différents.
Masques et gels hydroalcooliques
Multiplication de faux-sites de commerce de masques et gels hydroalcooliques : les plateformes de commerce en ligne ont mis un terme au commerce de masques et de gels hydroalcooliques, devant la multiplication de personnes peu scrupuleuses pensant faire du commerce avec l’achat/revente de ces articles, de fait, très recherchés. De faux masques made in France, sont vendus à prix forts, alors qu’ils sont fabriqués en Asie. Il est recommandé d’acheter ces articles en pharmacie.
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Crédit en moins de 72 heures, sans condition
Des sites promettent ainsi au visiteur d’obtenir un crédit en moins de 72 heures et sans aucune condition. "L’objectif, (c’est) de collecter des données personnelles", comme des identifiants de carte bancaire, a expliqué Nathalie Beaudemoulin, coordinatrice des travaux entre l’ACPR et l’AMF. Ces données "vont être utilisées dans des arnaques ou pour des démarchages abusifs", soit directement par l’escroc, soit après avoir été revendues à un autre acteur, souligne-t-elle.
Faux investissements
La crise a aussi donné un nouveau visage à une arnaque classique, les faux investissements dans un produit original et présenté comme la promesse de gains miraculeux. Au fil des ans, des sites ont ainsi proposé d’investir dans les diamants ou des cheptels de vaches. Mais le particulier ne voit jamais le produit dans lequel il est censé avoir investi et, généralement, ne récupère jamais sa mise. "Il n’y a pas d’investissement, ce sont des sites vitrines", a insisté Claire Castanet, chargée de la protection des épargnants à l’AMF.
Un Whisky ? ou juste un doigt ?
Sur le même principe, des arnaques proposent d’investir dans des produits comme le whisky, qui ne sont pas directement liés au virus mais vantés comme des valeurs refuges dans le contexte actuel. Le cas du whisky est particulièrement pervers car le produit est censé vieillir pendant de longues années pour gagner en valeur. "Les victimes ne se rendront pas compte rapidement qu’il s’agit d’une arnaque", souligne Mme Castanet.
Devenir trader, un leurre qui cartonne
Des sites proposent des formations en quelques heures au métier de traders, une promesse attirante pour tirer son épingle du jeu sur des Bourses mondiales subissant d’importants soubresauts depuis le début de la crise. Il s’agit en fait de "ventes pyramidales", selon Mme Castanet. Egalement qualifié de chaîne de Ponzi, ce type d’arnaque nécessite en permanence de recruter de nouveaux clients, avant de s’effondrer immanquablement. Cette vague d’arnaques dégrade encore plus un contexte déjà marqué par une multiplication des escroqueries financières, avant même la crise de 2020.