Le patrimoine des Français en forte baisse : les ménages français appauvris, une première en 10 ans
Sans surprise le patrimoine des Français est en forte baisse à fin 2023, la principale raison en étant la baisse de la valeur de l’immobilier, les placements financiers ressortent en hausse à faveur d’une année boursière exceptionnelle.
jeudi 12 décembre 2024, par Denis Lapalus
Les ménages français se sont appauvris l’an dernier, pour la première fois depuis une décennie. Comme chaque année à la même période, la Banque de France livre son étude sur le patrimoine national, tout comme sur le patrimoine des ménages. Le péché mignon des Français étant l’immobilier (91% de leurs actifs), comme attendu, la crise immobilière commence à se ressentir dans les chiffres publiés pour l’année 2023, l’édition 2024, à paraître en 2025, sera encore bien plus marquante.
Le patrimoine économique national a chuté de 4,2 % entre 2022 et 2023
Le patrimoine économique national a globalement diminué de 4,2% en 2023, soit une perte de 820 milliards d’euros entre 2022 et 2023. Rien de réellement alarmant puisqu’il s’agit essentiellement d’une baisse de la valorisation de l’immobilier. Plus marquant, le patrimoine des ménages a également diminué, alors que l’immobilier résidentiel était encore en hausse en 2023. Avec une année boursière exceptionnelle, le patrimoine financier net des ménages a fortement augmenté en 2023 : une hausse de +8,3%. Il est probable qu’en 2024, les chiffres ne soient pas aussi flatteurs.
Patrimoine des Français
Catégorie | Valeur 2023 (milliards d’euros) | Variation annuelle (%) | Montant de la perte ou du gain (milliards d’euros) |
---|---|---|---|
Patrimoine économique national | 18 674 | -4,2 | -820 |
Patrimoine des ménages | 14 567 | -0,9 | -132 |
Actifs immobiliers | 6 346 | -13,7 | -1 006 |
Patrimoine financier net des ménages | 4 809 | +8,3 | +368 |
Sociétés non financières | 3 297 | -10,0 | -367 |
Patrimoine des administrations publiques | 786 | -27,5 | -299 |
L’immobilier et le foncier en baisse
Les actifs immobiliers, qui constituent 91,3 % des biens non financiers des ménages, reculent de -4,7 %. Si l’immobilier résidentiel a pourtant vu sa valeur augmenter de +3,8 %, la valeur des autres actifs immobiliers joue un rôle central dans cette baisse du patrimoine global. La forte baisse des prix des terrains bâtis (-13,7 %) est un marqueur fort. Les ménages, qui détiennent près de 78 % du patrimoine national estimé par la Banque de France à 18.674 milliards d’euros fin 2023, en subissent directement les conséquences.
Le patrimoine des ménages chute de plus de 100 milliards d’euros
Le patrimoine des ménages s’élève à 14 567 milliards d’euros, en baisse modérée de -0,9 %, soit une chute en valeur de 132 milliards d’euros en un an. Et si la perte est en moyenne inférieure à la baisse de valeur du patrimoine national, c’est uniquement grâce à la hausse des actifs financiers. L’année 2023 a été exceptionnellement favorable aux placements financiers. Les produits réglementés, comme les livrets (livret A, LDDS, etc.) et les dépôts à terme, attirent également un regain d’intérêt grâce à leur meilleure rémunération.
Les entreprises et l’État : grands perdants en 2023
Le patrimoine des sociétés non financières a chuté de -10,0 %, atteignant 3 297 milliards d’euros. La baisse des terrains bâtis (-12,8 %) et la montée des coûts d’investissement en sont les principaux responsables. Malgré une hausse des actifs fixes (+4,8 %), les entreprises peinent à compenser cette dévaluation.
Les administrations publiques sous tension
L’État français n’est pas épargné. La valeur de son patrimoine dégringole et recule de -27,5 %, un effet combiné de la hausse des passifs financiers (+6,4 %) et de la baisse des actifs non financiers (-3,7 %). Avec une valeur estimée par la Banque de France à 786 milliards d’euros fin 2023, le patrimoine des administrations chute de 299 milliards en un an. La dette publique, mesurée en valeur de marché, a grimpé de 6,7 %, accentuant les pressions budgétaires.
Les Français riches de plus en plus tard
Le patrimoine des Français atteint son maximum à 75 ans au plus tard, avant de décroître. En 2010, ce pic s’établissait autour de 60 ans, et même 55 ans en 1998.