EuroCroissance : le casse du siècle se met en place tranquillement
L’EuroCroissance, souhaité par le gouvernement, est un échec cuisant. Afin de booster le rendement de ce placement dont la performance n’est connue qu’à son échéance, les assureurs font le forcing pour pouvoir transférer les plus-values latentes des fonds euros classiques vers l’EuroCroissance. Certains pourraient appeler cela du vol organisé.
jeudi 17 mars 2016, par Denis Lapalus
EuroCroissance : un flop total
Moins de 800 millions d’euros de collecte pour l’EuroCroissance en 2015, contre les 134 milliards pour l’assurance-vie classique, le placement mis en place par le gouvernement est un échec total.
Les assureurs affirment que ce placement serait bien plus attractif si son rendement serait vraiment plus élevé que le fonds euros (ie, ce qui n’est donc pas acquis à ce jour !). Leur idée est donc de transférer une partie des bénéfices des fonds euros existant sur les fonds eurocroissance. Cela sent le souffre.
Transférer les plus-values latentes des fonds euros vers l’EuroCroissance pour doper le placement
L’EuroCroissance c’est sur le papier une promesse de meilleur rendement pour un engagement sur une durée minimale de placement, sans rendement intermédiaire. Le hic étant qu’aller chercher du rendement est délicat compte-tenu des conditions de marché. Les assureurs ne sont pas certains de pouvoir y arriver. Alors que les fonds euros classiques sont condamnés à une baisse de rendement inéluctable, les assureurs espèrent bien pouvoir abréger cette descente aux enfers en transférant les plus-values latentes vers l’eurocroissance.
- Partir pour un placement de 8 ans, sans la moindre performance garantie, il faut être fou !
En clair, l’EuroCroissance, c’est avant tout une histoire de conviction. Vous souscrivez pour le produit pendant 8 ans minium, mais vous ne connaîtrez le rendement réel de votre placement qu’au terme du placement. Si votre capital est garanti (seulement pour un fonds eurocroissance 100%), son rendement peut être nul à terme. Vous n’aurez perdu que l’inflation. Un rendement inconnu, c’est tout de même une inconnue de taille... Surtout qu’à ce jour, les assureurs avouent que le rendement a bien du mal à se construire. D’où la brillante idée d’aller prendre des bénéfices dans les fonds en euros en cours. Certains pourraient appeler cela du vol.
- Des transferts de plus-values limitées pour éviter le torpillage des fonds euros
Alors afin de ne pas sortir de leur léthargie les épargnants, et plusieurs propositions de tentatives de montage financier plus tard, l’ACPR milite pour une nouvelle mesure. Le montant maximum des plus-values latentes transférables prendrait en compte l’ensemble des sorties du fonds euros et le montant total des versements effectués au cours de la période précédente sur le fonds euro-croissance. Selon le collège de l’ACPR cela permettrait « de ne pas dépendre de l’encours euro croissance déjà accumulé avant l’entrée en vigueur du dispositif temporaire d’incitation, mais des versements effectués durant sa mise en œuvre, ce qui apparaît plus cohérent » ainsi que celui de bloquer « automatiquement les transferts de plus-values latentes du fonds euros si la collecte sur le fonds euro croissance s’essouffle ».