Assurance-Vie, l’après fonds euros obligataires ? Des fonds verts, des fonds immobiliers ou encore de l’eurocroissance ?
Une des plus influentes associations d’épargnants, l’AFER, tenait ses assises de l’épargne lundi soir dernier à Paris. L’association, le plus souvent remontée contre vents et marées, se plie bien docilement à l’avis de l’assureur de son contrat, Aviva. Les fonds euros obligataires, c’est terminé pour le moment. Mais alors où placer en attendant un retour à une politique monétaire classique ? Entre fonds verts et eurocroissance, l’AFER semble encore hésiter. L’important étant pour le moment de rassurer les épargnants, non, les fonds euros obligataires ne vont disparaître demain matin.
mercredi 30 octobre 2019, par Denis Lapalus
Les fonds immobiliers ? Le risque existe
Alors que nombre d’épargnants pensaient que le marché de l’immobilier serait l’alternative toute désignée des fonds euros, les assureurs ne se précipitent pas pour proposer des placements garantis basés sur ce premier. Bien au contraire. Si les OPCI existent bien, leurs performances moyennes ne semblent pas donner entière satisfaction. D’un autre côté, l’engouement actuel pour les SCPI en assurance-vie, pertinent, car réduisant fortement les risques en cas de retournement du marché, est tel que les gestionnaires peinent de plus en plus à dénicher des actifs répondant aux ratios rendement/risque recherchés. Mais l’essentiel est sans doute ailleurs. Et pour cause, en surchauffe, l’immobilier pourrait bien être le prochain piège à éviter. La remontée des taux d’intérêt sonnant de façon certaine la fin de l’euphorie de l’immobilier. Mais en attendant une éventuelle remontée des taux d’intérêt, tous les acteurs du marché, allant jusqu’aux autorités de contrôle, prônent pour une chute des rendements des fonds euros. Question de survie à terme des assureurs. Si le capital des épargnants est pour le moment encore préservé sur les fonds euros, c’est une mission impossible pour les nouveaux versements. La stratégie de portefeuille obligataires, âgée d’une quarantaine d’années, est obsolète. Il faut tourner la page.
Histoire de forcer la main aux épargnants d’aller investir sur des placements alternatifs, les messages s’enchaînent dans les médias, entre entretien de la peur de la fin des fonds euros et messages rassurants, un méli-mélo savamment orchestré afin de ne pas déstabiliser le marché, tout en passant des consignes : investir sur des supports à risques. Ainsi, hormis la gestion profilée proposée par nombre de courtiers, l’AFER de son côté penche pour les fonds verts, très tendance actuellement. Fervent défenseur de la première heure de l’EuroCroissance, malgré l’accueil très mitigé des épargnants, l’AFER enfonce le clou en réaffirmant que ces fonds peuvent être l’avenir. Leur modernisation tant attendue devant réconcilier les épargnants avec ce produit.
La fin des fonds euros classiques : seulement temporaire pour l’AFER
Afin de préserver le capital d’ores et déjà placé sur les fonds euros, les assureurs vont sérieusement verrouiller leurs accès. Ainsi, nombre d’assureurs évoquent la remise en place de frais sur versements sur les fonds euros, à l’instar du Crédit Agricole Assurances. Convaincu que le mouvement des taux négatifs est réversible, le Président de l’Afer a renouvelé sa confiance dans les fonds en euros et appelé au respect de l’épargnant : « Ce n’est pas par la contrainte mais par la liberté qu’on convaincra les épargnants de s’ouvrir à d’autres formes de produits d’épargne. »
Fonds verts : une simple mode, ou une réelle tendance de fond ?
Avec les alertes climatiques, investir sur des fonds verts est devenu tendance. Tout le monde tente de s’acheter une bonne conscience à bon compte. En investissant sur des fonds verts, au moins, cela peut donner du sens à une épargne, qui n’en a plus vraiment. Ce monde financier marchant sur la tête, avec des taux négatifs, à la poursuite d’une croissance vitale que notre monde ne peut supporter.
Pour l’AFER, les fonds verts sont certes une demande forte des épargnants, mais peuvent être également une alternative aux fonds euros traditionnels. Reste encore à proposer un système de garantie du capital suffisant. Sur ce point, les assureurs doivent encore cogiter. L’ACPR a de son côté déjà proposé d’adapter la réglementation afin que toute solution sensée soit réalisable. C’est dire si la situation actuelle est préoccupante.
Aisni Gérard Bekerman, lors des Assises de l’épargne de l’AFER, le 28 octobre 2019 a exprimé sa volonté de faire de l’Afer un acteur majeur des transitions en cours : « On ne peut pas construire l’avenir avec les recettes du passé – aussi bonnes qu’elles aient été. Le devoir de l’Afer est de trouver des solutions. Je suis pour les fonds verts, la transition écologique, la French Tech : pas seulement parce que c’est rentable, pas seulement parce que c’est éthique, mais parce que c’est un nouveau paradigme. Une bonne action peut être aussi une bonne affaire. Préparons l’avenir ! »