L’assurance-vie a traversé la crise sanitaire sans encombre, et compte bien prouver sa résilience face à la récession et l’hyper inflation

L’hyper inflation et la probable récession qui frappe à notre porte ne devrait pas remettre en cause les apports de l’assurance-vie. Avec la remontée des taux d’intérêts, les modèles d’avant politique monétaire ubuesque pourront revenir sur le devant de la scène.

mercredi 30 mars 2022, par Denis Lapalus

Plébiscite pour l’assurance-vie, malgré les crises

Les épargnants préfèrent l’Assurance-Vie comme placement financier, loin devant tous les autres. En 2021, l’environnement économique et financier a profondément changé : le PIB français a rebondi de +7% après une récession de −8 % en 2020, le chômage a diminué, la tendance baissière des taux d’intérêt a marqué une inflexion et les marchés boursiers sont repartis à la hausse. 2021 est également l’année du retour d’une inflation significative que les conséquences du conflit russo-ukrainien viennent amplifier.

Hyper inflation et potentielle récession à venir

La période d’hyper inflation que nous connaissons, et allons continuer de connaître dans les mois à venir, avec une inflation proche des 8%, ne remettra pas en cause les apports de l’assurance-vie. Certes, les rendements réels des placements sont, pour la majeure partie, négatifs. Toutefois, cela ne remet rien en cause. Il est illusoire de changer radicalement de stratégie de placement afin de tenter de lutter contre cette inflation, essentiellement liée à un contexte géopolitique spécifique. La prise de risque sur les marchés financiers ne doit pas s’effectuer au nom de la baisse de rendements par ailleurs. Cela n’a aucun sens. Ainsi, les fonds en euros les plus performants continueront de servir un rendement relativement attractif. La diversification des supports au sein de l’assurance-vie est la clé pour une épargne résiliente. Les fonds croissance devraient prendre de l’ampleur. Par ailleurs, les PER assurances vont continuer d’offrir le meilleur support pour l’épargne long terme. La clarification des frais, devenue réglementaire à partir de cet été 2022 devrait ouvrir les yeux de certains épargnants laissant une trop grande marge de liberté à leurs conseillers.

L’activité du secteur de l’assurance retrouve les tendances d’avant la crise sanitaire

En Assurance Vie, le marché a rebondi pour atteindre des cotisations records au-delà du seuil symbolique des 150 milliards d’euros, portant la collecte nette à +23,7 milliards d’euros, niveau inégalé depuis 2010. En 2021, l’assurance vie a généré un rendement pondéré de +3,1 %. Sur l’année, 423 000 assurés ont bénéficié des dispositions de la Loi PACTE et ont transféré leur épargne d’anciens contrats vers des contrats plus récents, après 236 000 en 2020. Avec 18 millions de détenteurs pour 38 millions de bénéficiaires, l’assurance vie confirme son statut de placement populaire qui permet à tous les Français de protéger leur épargne dans un contexte de taux bas et d’inflation.

Encours en assurance-vie

L'encours total des contrats d'assurance vie s'élève à 1.975 milliards d'euros à fin Oct 2024.

Assurance-vie pour le mois de Oct 2024
Total des versements effectués durant le mois
15,00 M€
Versements effectués sur les fonds euros
9,00 M€
Versements effectués sur les unités de compte
6,00 M€
Proportion des versements en unités de compte
40,00 %
Montant des prestations (rachats/dénouements)
12,10 M€
Collecte nette
2,90 M€
(source chiffrée : France Assureurs)

Assurance santé et prévoyance

En assurance santé et prévoyance, après le ralentissement de 2020, le marché retrouve une croissance proche de celle des dix dernières années, à +4,3 % et à 26,5 milliards d’euros. Les prestations, à 21,3 milliards d’euros, ont de nouveau augmenté plus vite (+5,8 %) que les cotisations. Le déploiement du 100 % santé est un succès majoritairement financé par les assureurs : le coût additionnel pour les assureurs s’élève à 346 millions d’euros.

Assurances dommages

En assurance de dommages et de responsabilité, le marché bénéficie de la reprise économique et affiche une croissance de +3,8 % pour atteindre 62,4 milliards d’euros de cotisations. Les prestations progressent à un rythme supérieur à celui de l’inflation de l’année 2021. En assurance automobile, sur les 10 dernières années, le coût moyen des sinistres progresse à un rythme annuel de 5,7 % en corporel et de 3,5 % en matériel. L’évolution du coût des pièces détachées (+4,6 % en 2021) contribue à cette augmentation en matériel. En assurance habitation, le coût des dommages augmente continuellement depuis 10 ans sous l’impact notamment des aléas naturels. Enfin, sur le marché des professionnels et entreprises, les indemnisations retrouvent leur tendance haussière d’avant la crise sanitaire, après une année 2020 particulièrement sinistrée.

En 2020, les ratios de solvabilité avaient bien résisté à la crise sanitaire. En 2021, la solvabilité du marché s’est renforcée, à 241 % pour les entreprises vie et à 269 % pour les entreprises non-vie. Cette solidité a permis aux entreprises d’assurance de jouer pleinement leur rôle : l’assurance protège, l’assurance finance et l’assurance emploie.

L’assurance protège

Le dérèglement climatique se traduit d’ores et déjà dans le coût des sinistres qui, pour la 6e année consécutive, dépasse les 3 milliards d’euros. L’année écoulée a notamment été marquée par de nombreuses inondations et un épisode de gel tardif. Face à cette réalité, France assureurs a publié en octobre 2021 une étude intitulée « Impact du changement climatique sur l’assurance à l’horizon 2050 » qui prévoit un quasi-doublement du coût des aléas climatiques dans les trente prochaines années par rapport aux trente dernières. Les assureurs se sont en particulier mobilisés en faveur de la loi relative à l’indemnisation des catastrophes naturelles qui prévoit une simplification des franchises et une prise en charge des frais de relogement.

Le vieillissement de la population française s’accentue. Dans ce contexte, la part des séniors couverts par un contrat individuel en assurance santé progresse régulièrement. C’est pourquoi France Assureurs a publié deux livres blancs intitulés « Redessiner l’assurance santé au bénéfice d’un système créateur de valeur pour tous les Français » et « Construire une nouvelle solution solidaire et transparente face à la dépendance liée à l’âge ». Ce dernier présente une solution assurantielle concrète, coconstruite avec la Mutualité Française, destinée à mieux prendre en charge la perte d’autonomie : les assureurs proposent un nouveau « contrat de complémentaire santé responsable » incluant systématiquement une garantie en cas de dépendance lourde liée à l’âge.

L’assurance finance

Avec 2 742 milliards d’euros de placements fin 2021, les assureurs sont des acteurs clés du financement de l’économie. Ils investissent massivement dans les entreprises, à hauteur de 62 % de leurs placements, et dans la dette publique à hauteur de 28 %. Ils ont également soutenu l’innovation dans le contexte de crise lié à la pandémie de Covid-19, par exemple via le fonds Tibi (3,4 milliards d’euros d’investissements) ou via les dispositifs de place (Prêts participatifs Relance, Obligations Relance). Au total, les assureurs français ont investi près de 1 700 milliards d’euros dans les entreprises, avec en particulier une progression de +19 % sur l’année en faveur des PME et ETI.

France Assureurs a rejoint en tant que partenaire institutionnel l’alliance internationale d’investisseurs institutionnels « Net Zero Asset Owner Alliance (NZAOA). Elle a aussi signé les « Principles for Responsible Investment » (PRI), un réseau d’acteurs engagés pour l’investissement responsable. L’exposition au charbon thermique des assureurs a continué à diminuer pour ne représenter que 0,6 % des actifs gérés à fin 2021.

En juillet 2021, France Assureurs a publié ses propositions dans le cadre de la révision de la directive européenne Solvabilité 2. Il s’agit avant tout de préserver la capacité des assureurs en Europe d’une part à développer des offres adaptées et d’autre part à investir à long terme pour financer la transition écologique et la relance économique.

L’assurance emploie

Le secteur de l’assurance s’adapte et anticipe les mutations de la société grâce à un dialogue social innovant et constructif. En 2021, les assureurs l’ont encore prouvé à travers notamment deux accords de branche structurants signés avec les partenaires sociaux. Le premier s’engage en faveur de la mixité, de la diversité et de l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes. Le second vise à favoriser et intensifier le télétravail. L’assurance a été l’une des premières branches à se doter d’un tel accord.

Par ailleurs, France Assureurs s’est associée avec la Fédération bancaire française (FBF) et la Fédération Syntec pour présenter un livre blanc commun : « Promouvoir l’emploi qualifié – un enjeu stratégique pour la France ». Pour répondre aux enjeux de l’emploi qualifié, les 3 fédérations avancent 6 propositions concrètes visant à renforcer les compétences, rééquilibrer les territoires et créer un choc de confiance à la fois social et fiscal.

Enfin, la profession se mobilise en faveur de l’apprentissage des jeunes : son développement dans l’enseignement supérieur représente un vecteur essentiel de cohésion sociale. 25 % des nouvelles embauches du secteur sont des alternants.

Pour Florence Lustman, présidente de France Assureurs : « Les assureurs sont des partenaires solides et durables. Les résultats du secteur que nous présentons aujourd’hui le prouvent. Au fil des crises qui se succèdent, les assureurs accompagnent leurs assurés au quotidien, en protégeant leurs proches, leur santé, leurs biens comme leur épargne. Les assureurs sont également des acteurs clés de la relance économique et de l’indispensable transition écologique. Enfin, ils s’impliquent dans le débat public pour porter des propositions innovantes au service de tous les Français, que ce soit en matière d’emploi qualifié, de santé ou de dépendance. »

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