Baisse de 438 milliards des placements des assureurs en 2022, pourquoi ce n’est absolument pas un souci ?
La baisse de valorisation des assureurs est évaluée par la Banque de France à 438 milliards d’euros en 2022. Ce n’est en rien un souci. Décryptage.
mardi 11 avril 2023, par Denis Lapalus
En France, l’on aime bien se faire peur avec pas grand chose.
Baisse de valorisation des portefeuilles de 15% en 2022
La Banque de France a précisé ce 11 avril 2023 que la chute combinée du marché obligataire et du marché actions en 2022 se matérialise par une baisse de 438 milliards de la valorisation des portefeuilles des assureurs français. Ainsi, à fin décembre, l’encours des placements financiers des assureurs s’établissait à 2.369 milliards d’euros, "en forte baisse sur l’année 2022", souligne la banque centrale dans une publication trimestrielle sur le secteur. Cette diminution est de l’ordre de 15%. C’est l’assurance vie qui concentre l’essentiel des placements et de la perte de valeur : -419 milliards d’euros l’an dernier pour 2.108 milliards d’euros d’encours à fin décembre.
Pourquoi n’est-ce pas un souci ?
Il ne s’agit pas de pertes financières, mais uniquement d’une baisse de valorisation des actifs financiers. Les assureurs détiennent à eux seuls 40% des émissions obligataires de la France (la dette du pays). Pour toute obligation à taux fixe, quand les taux d’intérêts augmentent, le prix des obligations à taux fixe baisse. Toutefois, cela n’est pas un souci pour les assureurs, puisque, comme pour un investisseur particulier, si l’obligation est détenue jusqu’à son terme, les variations intermédiaires de prix des obligations détenues n’ont aucune incidence sur le rendement final. C’est le cas des obligations détenues dans les fonds euros des assureurs, elles sont détenues jusqu’à leurs échéances.
Où est le risque ?
Le risque porte sur une demande de retrait massif des avoirs des épargnants. Dans un tel cas, les assureurs seraient alors contraints de revendre des lignes obligataires à pertes, et le risque de faillite deviendrait fort. C’est d’ailleurs le même principe qu’avec la banque américaine SVB qui avait trop massivement investi sur des obligations d’Etat. Il est fortement improbable que les épargnants demandent massivement le retrait de leurs avoirs, car justement, cette hausse des taux d’intérêts permet de faire remonter graduellement les rendements des fonds euros. En 2022, le rendement moyen des fonds euros a ainsi grimpé à 2% net des frais de gestion, brut des prélèvement sociaux et fiscaux (source France Assureurs).