Pourquoi les fonds en euros immobiliers ont été largement moins rentables en 2018 que les fonds euros classiques ?

Pourquoi les fonds euros immobiliers peuvent-ils être, au global, largement moins rentables que les fonds euros classiques ou dynamiques sur 2018 ? C’est un paradoxe, mais bon nombre d’épargnants, et même de médias financiers, se prennent les pieds dans le tapis en comparant les rendements des fonds en euros. Les rendements des fonds euros immobiliers sont en haut de tableau, et pourtant. Non, les fonds en euros immobiliers ne sont pas, au final, plus rémunérateurs que les fonds euros classiques en 2018, ni même que les fonds euros dynamiques ! Encore faut-il comparer ce qui est comparable.

samedi 2 février 2019, par Denis Lapalus

Parce qu’un fonds en euros est un placement à capital garanti...

Les publications des rendements des fonds euros au titre de l’année 2018 se poursuivent. Sans surprise, les fonds en euros à vocation immobilière affichent les taux les plus élevés. Mais ils ne sont pas autant les meilleurs fonds euros du marché. En gestion financière, seule l’approche globale compte.

Le meilleur fonds en euros, au titre de l’année 2018, ne peut pas être un fonds en euros imposant des conditions de répartition sur des unités de compte. Cela n’a aucun sens ! Cela tient de la supercherie de premier degré. Ainsi, le fonds euros Sécurité Pierre Euro est, certes, de qualité, en servant 3.20% au titre de l’année 2018, mais il ne sera certainement pas le meilleur du marché. Ce fonds impose une répartition de son versement à hauteur de 50% à 65% sur des unités de compte, selon les périodes promotionnelles. Pour peu que l’épargnant n’ai pas investi ce solde sur des SCPI, il se retrouve à la tête d’une moins-value latente sur son contrat, le tout en ayant choisi le meilleur fonds euros du marché ? Ce serait un peu dur à avaler. Il existe des fonds euros qui servent des rendements proches de ce niveau, sans aucune condition de répartition, à l’instar du fonds euros Garance, qui a publié du 3.10% en 2018, sans condition restrictive ubuesque.

Les fonds en euros immobiliers assortis de conditions de répartition en unités de compte, le miroir aux alouettes préféré des assureurs

Les épargnants non avertis se font rapidement piéger par des taux attrayants. Rien de mieux qu’un taux en tête de classement pour que les épargnants soient attirés. Et pourtant, en scrutant les conditions de versement sur ces fonds euros immobiliers, les épargnants devraient faire rapidement demi-tour. Il n’en est rien. Les fonds en euros immobiliers, publiant les "meilleurs" rendements du marché, sont de véritables miroirs aux alouettes. Les souscriptions vont bon train. Les épargnants acceptent donc sans rechigner de placer de 20% à 65% de leur capital en unités de compte afin de pouvoir invertir sur ces fonds euros. Un non-sens, et même le plus souvent, un défaut de conseil de la part de l’intermédiaire financier, pour les épargnants les plus averses aux risques.

Une stratégie souvent gagnante, sauf en 2018...

Tout est bien, quand tout va bien. Cette démarche est même très rentable, quand les places financières sont bien orientées, comme en 2017. Cette année-là quel que soit l’investissement effectué, les gains étaient au rendez-vous. Mais, à l’inverse, comme en 2014, l’année 2018 aura réservé quelques surprises au second semestre. Du coup, ces épargnants avides de haut rendement sur leurs fonds en euros immobiliers peuvent en être de leur poche. En effet, une perte, en valeur latente, de -6% à -10% sur leurs unités de compte, fera pencher le capital de leur contrat d’assurance-vie dans le rouge... Qu’ils se rassurent, affirment les assureurs, les unités de compte sont des placements à long terme. Et donc ? Il suffit d’attendre le retour à meilleure fortune. Oui, sauf que rien ne dit que 2019 sera une année favorable aux unités de compte...

Simulateur de rendement réel de fonds euros immobiliers à conditions de versement

En investissant sur ces pseudos meilleurs fonds en euros du marché, combien avez-vous potentiellement perdu ? Potentiellement seulement, car tant que vous n’avez pas arbitré vos unités de compte, vous n’avez rien perdu réellement...

La moyenne officielle des rendements des OPC sur 2018 n’est pas encore connue. Du côté de Quantalys, le rendement moyen estimé pour 2018 des classes d’actifs est de -14.16% pour les actions zone euro et -2.83% pour les actions US. En partant sur une moyenne estimée de -8% pour les OPC sur 2018, nous ne devrions pas être trop loin du compte. Vous pouvez adapter le calcul en fonction de vos rendements effectifs.

La botte secrète, qui n’en est pas une ?

La critique est facile. L’art est plus difficile. Les épargnants ne souhaitant pas que ce soit l’assureur qui fixe arbitrairement la répartition de leur capital, ou plus simplement ne souhaitant pas céder aux sirènes de ces fonds euros immobiliers ne sont pas à court de solutions. L’une d’elle, comme toujours, consiste à faire soi-même ce que l’on vous propose tout fait. Ainsi, sans aller sur les unités de compte en OPC, mais via les SCPI. En optant pour un fonds euros classique, et des supports immobiliers de type SCPI, les épargnants obtiendront peu ou prou un rendement similaire, tout en conservant une totale liberté de répartition sur leur capital. L’avantage dans ce cas sera évidemment la diversification, ne pas tout miser sur l’immobilier est essentiel. Car des jours plus sombres pourraient arriver sur le marché de l’immobilier...

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