Crédit immobilier : les incidents de remboursement en forte progression (+10% sur une année)
Le marché de l’immobilier n’a pas fini de vaciller en 2022. Avec la hausse du coût de la vie, tout comme celle des taxes foncières, de nombreux propriétaires trop juste financièrement vont affronter des temps difficiles. Les incidents de remboursement ont déjà grimpé de 10% sur une année, mais la situation n’est pas alarmante pour autant.
mardi 24 mai 2022, par Denis Lapalus
Les chiffres de surendettement publiés par la Banque de France sont toujours en baisse. Mais la vigilance est cependant de mise. En avril, la Banque de France a recensé 64.065 inscriptions au fichier national des incidents de remboursement des crédits aux particuliers (FICP), soit une hausse de 10 % sur un an, selon le dernier baromètre de l’inclusion financière, rapporte le quotidien Les Echos. « Les nouvelles déclarations d’incidents réalisés par les établissements de crédit auprès de la BDF sont en hausse par rapport à 2021, sans toutefois être revenues aux niveaux enregistrés en 2019, souligne l’institution. Cette augmentation sur un an concerne plus particulièrement les incidents de remboursement de crédits aux particuliers ».
Incidents de remboursement de crédit en forte hausse
Une partie des Français aurait-t-elle cédé trop vite aux sirènes de la propriété immobilière ? Sur la base de taux de crédit immobilier jamais vu, de nombreux propriétaires n’ont pas mesuré l’impact de l’acquisition d’un bien à un prix élevé. En optant pour une durée d’emprunt longue, ils paient leur crédit le plus cher qui soit, même avec un taux faible. Le coût de revient relatif (intérêts payés par rapport aux revenus) n’a jamais été aussi élevé que pendant cette période de taux extrêmement bas. Un paradoxe bien français. L’effet aubaine était pour les banques et non pas forcément pour les emprunteurs.
Hausse imprévue du coût de la vie
Vers un surendettement lié au contexte économique. Dans la plupart des cas, le surendettement provient d’un accident de vie, d’une séparation ou de la perte d’un emploi. Mais cette fois-ci, le contexte actuelle de la hausse du coût de la vie pourrait bien en être la cause. Alors que la Banque des Règlements Internationaux s’inquiète du niveau élevé d’endettement des entreprises et des ménages, la Banque de France constate une hausse des déclarations au fichier national des incidents de remboursement des crédits aux particuliers (FICP).
Mesures d’encadrement
Tous ces crédits contractés pendant une période où l’Etat a soutenu massivement l’économie pourraient devenir compliqués à rembourser pour certains ménages si l’inflation continue de grimper. Surtout si les salaires ne suivent pas. Pour l’heure, les autorités françaises ne s’inquiètent pas, conscientes notamment du matelas d’épargne encore abondant des Français. « Nous pouvons nous réjouir d’avoir pris des mesures d’encadrement de l’octroi de crédit avant la crise », confiait récemment une source proche de la Banque de France (BDF), en référence aux recommandations Haut Conseil de Stabilité Financière . Introduites fin 2019, elles visent à limiter à 35 % la part des revenus consacrée par les ménages au remboursement de leur prêt et la durée des emprunts à 25 ans. Cet encadrement est devenu contraignant depuis le 1er janvier dernier.
Le crédit immobilier pèse toujours plus lourd dans le surendettement
Signe supplémentaire de difficultés de certains ménages, la Banque de France a recensé 60.759 inscriptions (+8 %) au fichier central des chèques (FCC), qui recense les personnes qui ont émis un chèque sans provision, ainsi que les personnes s’étant vu retirer leur carte bancaire suite à un usage abusif. Là aussi, un niveau supérieur à 2021, mais inférieur à 2019.