DCA / ETF sur le long terme, pour réduire les frais : CTO, PEA ou Assurance-Vie ?

Que ce soit pour une stratégie DCA ou des investissements ETF classiques, pour le long terme, la question des frais d’enveloppes est souvent posée. Quelle enveloppe est la plus avantageuse sur le long terme ?

vendredi 9 août 2024, par Denis Lapalus

ETF sur le long terme ? La tendance actuelle, privilégiée par les investisseurs débutants, est d’adopter stratégie d’achat régulier sur des ETF généralistes, type MSCI World Index. Cette stratégie DCA (Dollar Cost Averaging) consiste à moyenner son prix de revient sur un actif financier donné. Cela permet de ne pas avoir à scruter les évolutions des cours. De fait, cette stratégie n’apportera pas la rentabilité la plus élevée qui soit, compte-tenu de l’obtention à terme, d’un prix de revient correspondant à la moyenne du marché. Mais le DCA permet aux néophytes de minimiser leurs risques, de ne pas à avoir à scruter les variations erratiques du marché, et de viser un rendement moyen au fil des années. Les marchés actions étant globalement haussiers sur le très long terme (l’inflation étant globalement incluse dans les cours). C’est pourquoi, pour l’application d’une telle stratégie, relativement peu performante, réduire les frais payés reste essentiel.

Idée reçue : les frais seraient un frein majeur pour le rendement ? Logiquement, plus les frais sont élevés et plus le rendement sera proportionnellement faible. Mais penser que des frais élevés imposent systématiquement des rendements faibles est évidemment une erreur. Les meilleurs contre-exemples sont évidemment les fonds les plus rentables au monde (plus de +50% de rendement en moyenne par an). Les fonds les plus rentables au monde sont également les plus chargés en frais du marché. Si les frais abaissent le rendement de fonds peu performants, des frais élevés ne sont pas un frein pour les fonds les plus performants (ie, également les plus agressifs, et donc les plus risqués). Pour les ETF, ces fonds sans aucune gestion stratégique (gestion passive), il est clair que des frais élevés ne sont pas justifiés. Rechercher les frais les plus bas possibles prend alors tout son sens.

 Les différentes enveloppes

Afin d’investir sur des ETF, sur le long terme, différentes enveloppes sont possibles : PEA, CTO, Assurance-Vie, PER (assurance ou bancaire). Chaque enveloppe possède ses avantages et son lot d’inconvénients. Partons du principe que l’investisseur optera pour des produits financiers concurrentiels, ie, des comptes titres (CTO ou PEA) sans frais d’abonnement, sans frais de garde et sans frais de gestion. Du côté des assurances-vie, idem, des contrats d’assurance-vie sans frais sur les versements et des frais de gestion annuels parmi les plus bas du marché. Le seuil est actuellement de 0.50% pour les contrats les moins chers du marché (Lucya CARDIF, Linxea Spirit 2, Meilleurtaux Liberté Vie, etc.). Du côté des PEA, la tarification maximale est fixée par la réglementation à 0.50% par transaction.

EnveloppesFrais discriminants à étudier
CTO (Compte Titres Ordinaire) Frais de transactions (< 0.5%), absence de frais de garde, de gestion et d’abonnement
PEA (Plan épargne en actions) Frais de transactions (< 0.5%), absence de frais de garde, de gestion et d’abonnement
Assurance-Vie Frais de gestion annuels sur les unités de compte (0.50%), éventuels frais spécifiques sur ETF, absence de frais sur versements

 Prélèvements sociaux pour tous

Dans tous les cas, pour toutes les enveloppes, les prélèvements sociaux s’appliqueront sur les plus-values réalisées. La seule différence entre le CTO et le couple PEA/Assurance-vie étant que ces prélèvements sociaux ne sont payés que lors des retraits sur les deux dernières enveloppes. Nous nous plaçons dans le cadre d’un investissement de long terme, afin de bénéficier du bonus fiscal, la durée minimale de détention d’un PEA est de 5 ans. Pour un contrat d’assurance-vie, la durée est de 8 ans. La fiscalité portant sur les plus-values issues d’un CTO sont de 12.8%.

 PEA : l’enveloppe à privilégier

Le PEA est l’enveloppe à privilégier, mais également la plus limitée. Le PEA est un CTO auquel s’applique des règles fiscales spécifiques. Les plus-values ne sont pas imposables sur le revenu dès lors que le PEA a 5 années d’ancienneté (prendre date a donc du sens, comme en assurance-vie). Mais évidemment le gros bémol du PEA réside dans sa limite des actifs financiers éligibles. La majorité des actifs financiers (obligataires, matières premières, actions US, marchés émergents, etc.) ne sont pas éligibles au PEA. Il faut alors passer par des fonds proposant des montages financiers afin de se retrouver exposé aux marchés US ou émergents. La détention d’actions américaines ou d’obligations en direct est impossible sur un PEA.

 Comparatif des frais

Concernant les frais, le PEA et le CTO l’emportent haut la main, même devant le contrat d’assurance-vie le moins cher du marché pour les ETF, le contrat LUCYA CARDIF. Et l’écart sur 15 ans devient réellement significatif. Et pourtant ce contrat ne propose que 0.50% de frais de gestion sur les ETF, sans frais de transaction additionnels.

 Frais : un facteur de 1 à 25

Pour un investissement de 100 euros tous les mois sur un ETF durant 15 ans, avec une réalisation de plus-values latentes une fois par passée les 10 premières années (désinvestissement de 4000 € par an), les frais sont de l’ordre de 197 € sur un PEA, alors qu’ils seront de près de 800 € sur un contrat d’assurance-vie, soit un facteur 4 ! La situation empire dès lors que l’on passe à des versements réguliers mensuels de 500 euros par mois. Si la facture des frais reste identique pour un PEA Bourse Direct, pour le contrat d’assurance-vie le moins cher du marché, le total des frais de gestion sur les 15 années serait de 5.102 €, soit un facteur multiplicateur de plus de 25 !

  • Si le PEA est de loin l’enveloppe la plus attractive pour obtenir un rendement net fiscal le plus élevé possible, cette enveloppe ne permet pas d’investir sur tous les actifs financiers.
  • Le CTO permet d’investir sur des titres étrangers en direct, et donc ainsi d’éviter ces fonds (ETF) englobant le plus souvent des titres dont tous les investisseurs ne voudraient pas détenir direct. C’est bien le souci de ces indices.
  • L’Assurance-Vie ressort comme étant l’enveloppe la plus chère, et de loin. Toutefois l’assurance-vie permet de bénéficier de nombreux autres avantages qui ont une valeur.

 L’assurance-vie a d’autres atouts

Mais évidemment le placement préféré des Français a bien d’autres atouts. Ce n’est pas le moins cher pour monter une stratégie DCA sur ETF, mais cette enveloppe fiscale permet néanmoins de placer sur des fonds euros, sans risque, à des taux de rendements concurrentiels avec ceux tirés des ETF. Par ailleurs, l’assurance-vie permet d’investir sur toutes sortes d’actifs financiers. Enfin, bien que cela n’attire pas les jeunes investisseurs, l’assurance-vie est une enveloppe dont la transmission s’effectue hors succession, au contraire du PEA ou du CTO.

 Frais de transactions Vs Frais de gestion

Le CTO (compte-titres Ordinaire) n’impose généralement plus de frais de gestion (abonnement annuel), alors que la plupart des contrats d’assurance-vie concurrentiels facturent des frais de gestion de l’ordre de 0.50% par an. La moyenne des frais de gestion sur les unités de compte est même bien plus élevée, mais les épargnants sont invités à prendre connaissance de la liste des contrats d’assurance-vie proposant des frais de gestion à 0.50%, avant de souscrire.

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