L’action du néocourtier Robinhood en chute de plus de 50%. Mais que font ses clients ?
L’action RobinHood n’est-elle qu’un feu de paille ? Le néocourtier vedette aux USA, adulé par les débutants en bourse, misait sur ses clients et leurs réseaux d’influence pour soutenir durablement le cours de son action. Malheureusement pour le néocourtier, ces derniers semblent penser davantage à leurs propres profits qu’à soutenir l’entreprise. La mise en place de systèmes règlementaires pourrait également contrecarrer le modèle économique de Robinhood, d’ores et déjà illégal en Europe.
lundi 23 août 2021, par Denis Lapalus
Un peu plus haut à 84.62 $ ! Qui a acheté l’action Robinhood à ce prix ? Le cours de l’action est désormais de 42.64$. Une belle gamelle.
Un cours doublé lors de l’IPO sous l’effet de la spéculation
À l’image du Bitcoin, le cours de l’action Robinhood (NASDAQ:HOOD) est très volatile. Les tendances spécualatives à la hausse puis à la baisse s’enchaînent au rythme des rumeurs et autres actualités, vérifiées ou pas. Peu importe. Rien de mieux afin de favoriser la spéculation. Les clients de Robinhood étant pour la majorité ceux issus des réseaux sociaux. Ils ont démontré leur pouvoir d’influence sur les cours lors des opérations sur GameStop ou encore AMC.
Difficile de le prouver, mais de nombreux observateurs sur les réseaux pensent évidemment que la baisse du premier jour de cotation de l’action Robinhood était joliment orchestrée. Cela aurait bien fonctionné, afin de prendre à revers les spéculateurs baissiers, le cours s’est enflammé. Plus que de raison une nouvelle fois. En franchissant les 80$, le cours de l’action retombe comme un soufflet, pour une fois de façon rationnelle.
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Néocourtier : aucuns frais de transaction, mais...
Avant son introduction sur le marché, le modèle économique de Robinhood avait été dévoilé. Si les clients ne paient pas de frais de transaction, ils en paient le prix tout de même quelque part. Les néocourtiers ne faisant que revendre leur flux de transaction à d’autres plateformes, ils n’assurent en rien l’exécution de l’ordre transmis au meilleur prix pour leurs clients. Cette politique d’exécution au meilleur cours est une obligation en Europe. C’est pourquoi la plateforme Robinhood n’est pas légale notamment en France.
Le modèle économique des néocourtiers
- Commercialisation de son flux d’ordres : Une des principales sources de bénéfices est connue sous le nom de "payment for order flow", (paiement pour le flux d’ordres). Les néocourtiers redirigent les positions de leurs clients vers des places de négociation hors bourse, en échange d’une rémunération. Cette pratique est illégale au Royaume-Uni et en Europe car elle génère de fait un conflit d’intérêts. Les sociétés étant incitées à exécuter les ordres de leurs clients sur la place boursière qui leur génère le maximum de bénéfices au lieu de s’assurer que le client obtient le meilleur cours possible.
- Découverts des clients : Les investisseurs en manque de veine se prennent des taux de découvert dignes des meilleures banques. Ainsi, les revenus d’intérêt sur les comptes débiteurs de ses clients représentent 7 % de ses revenus.
- Ventes à découvert : les revenus tirés du prêt-emprunt de titres rapportent 10% de son chiffre d’affaires.
Le dogecoin... Chronique d’une mort annoncée
Ce qui est plus alarmant pour les analystes financiers (professionnels et non ceux des réseaux sociaux) est que Robinhood réalise une part importante de son chiffre d’affaires repose sur les cryptomonnaies, et notamment Dogecoin (62% du CA de Robinhood réalisé sur les cryptomonnaies). Ces marchés sont purement spéculatifs et fortement volatiles. Cette cryptomonnaie en particulier, le Dogecoin, qui a été créée comme une farce au départ, de l’aveu même de son créateur, est devenue l’emblème même de la spéculation pure. De son côté, Wolfe Research a déclaré dans une note postérieure aux résultats que le ralentissement des échanges de Dogecoin au troisième trimestre pourrait être "beaucoup plus aigu que ce que de nombreux investisseurs avaient prévu."
Robinhood et la réglementation
Avec déjà de nombreux procès en cours, et une condamnation historique pour tromperie, Robinhood pourrait être déclaré illégale. Le président de la Securities and Exchange Commission (SEC), Gary Gensler, a déclaré en juin que la SEC examinait le paiement pour le flux d’ordres, alimentant les spéculations selon lesquelles cette pratique pourrait être interdite.