Bourse : nul besoin d’être un génie de la finance pour s’attendre à une correction à venir
Les investisseurs débutants peuvent stopper leurs investissements programmés pendant quelques semaines, la réalité devrait apparaître aux yeux des teneurs de position dès la rentrée.
samedi 29 juillet 2023, par Denis Lapalus
Les indices boursiers de nouveau sur des niveaux records... Dopage boursier ? Les effets des investissements programmés de millions d’investisseurs ? Sans tenir compte de la conjoncture ? Certes, la tendance reste haussière, mais il faut vraiment se préparer à quelques secousses dans les semaines à venir. Les déceptions sont lourdement sanctionnées.
Une semaine de hausse avec des résultats meilleurs que prévus
Que de bonnes nouvelles sur les marchés actions ! Mais également quelques moins bonnes, très sévèrement sanctionnées ! De vrais dopants pour les investisseurs. Le CAC40 prend encore 0.59% sur cette semaine pour finir à 7476.47 points. Côté DAX40, l’indice est également sur un niveau record. Les résultats publiés jusqu’à maintenant pour le premier semestre sont de bonne facture. Hormis quelques canards boiteux, sur lesquels les vendeurs à découvert se font plaisir, les actions dont les résultats sont au rendez-vous voient leur cours grimper davantage. Et comme si cela ne suffisait pas, l’inflation ralentit (5% IPCH sur juillet), les prix grimpent donc de moins en moins vite, et la croissance de la France surprend par sa vigueur au T2 2023. Les banques centrales continuent d’augmenter leur taux directeur (+0.25 % aussi bien pour la FED que pour la BCE), mais l’anticipation des investisseurs étant que cela devrait bientôt se stopper. Cela donne donc un effet supplémentaire d’euphorie. Un peu trop ?
Les bonnes nouvelles, pas bidons
- La France réussit à sortir 0.5% de croissance au deuxième trimestre, personne n’y croit vraiment, ce n’est pourtant pas la saison des stagiaires en entreprise. L’INSEE confirme, non, ce n’est pas une erreur de calcul !
- Air-France KLM : nouveau record pour la marge opérationnelle (9.6 % !), cela sent la recovery ! Mais il faudra faire encore des efforts pour éponger la dette. Le CA est en hausse malgré une capacité de transport moindre qu’en 2019.
- EDF : le titre n’est plus coté, et voici que l’électricien crache pas moins de 5,6 milliards d’euros de bénéficies au premier semestre. De quoi de faire grincer les dents des petits porteurs spoliés par cet OPA de l’Etat sur EDF à un cours ridicule.
- TotalEnergies : des bénéfices en baisse, mais c’est normal, puisque les cours du brut ont baissé, mais le titre reste de qualité. Objectif de cours de TotalEnergies à 64.5 euros à moyen terme (source Bourse Direct).
- BNP Paribas : encore une bonne surprise ! Résultats meilleurs qu’attendus. BNP Paribas confirme par ailleurs un nouveau programme de rachat d’actions, ce qui devrait soutenir le cours du titre. Le bénéfice net distribuable par action est en hausse. Objectif de cours de 72 euros (source Bourse Direct).
- ORANGE : le bénéfice net d’ORANGE chute de 26%. Les conditions de cession du portefeuille de clients de ORANGE Bank déçoivent. Bref, ce n’est pas la grande fête chez l’opérateur historique.
Le luxe n’est plus évoqué dans ces colonnes, car ce secteur n’a aucun sens. LVMH sort une marge opérationnelle de 44%. Ce n’est plus du business, mais du "vol". Les consommateurs devraient cesser un jour de faire torpiller de la sorte. Par ailleurs, compte-tenu de la futilité des articles produits, les enjeux environnementaux pour ces sociétés du luxe restent une question. Les cours des titres s’envolent (LVMH, Kering), mais c’est de la pure spéculation acharnée, alors que les marchés en Asie et aux USA devraient se calmer largement.
Du côté des gamelles...
Les investisseurs ne font pas dans la dentelle. Dès lors que le moindre bémol est indiqué, c’est la grande fessée. Alors s’enjouer pour les résultats des entreprises qui réussissent, le luxe, toujours le luxe, il va falloir se méfier.
- Casino, -9.98 % : Casino a annoncé vendredi avoir conclu un accord de principe avec ses futurs repreneurs et ses principaux créanciers en vue de renforcer ses fonds propres et de restructurer sa dette. L’accord signé hier avec EP Global Commerce, Fimalac et Attestor d’un côté et les créanciers de l’autre a été approuvé par le conseil d’administration sur recommandation unanime du comité ’ad hoc’, rappelle le distributeur. Il prévoit la conclusion d’un accord de ’lock-up’ contraignant, au cours du mois de septembre 2023, devant permettre l’ouverture d’une procédure de sauvegarde accélérée au mois d’octobre 2023. La réalisation effective de toutes les opérations de restructuration est prévue pour le premier trimestre 2024.
- Capgemini, -7% : en panne de croissance.
- Sanofi, -2,8% : peut mieux faire. Le relèvement de la perspective de hausse du profit par action pour 2023 était anticipé et les analystes attendaient de la direction du laboratoire davantage d’indications sur les futurs relais de croissance.
- Atos, -22.5% : le flux de trésorerie disponible a été négatif de 969 millions d’euros au premier semestre, cela ne sent pas bon.
- Téléperformance : -17 %, des doutes sur le développement de l’activité face à l’émergence de l’IA. Sérieusement ? Franchement les investisseurs semblent bien mal informés sur ce point. L’assistant SIRI présent sur les Iphone, qui est le premier assistant IA génératif, n’a pas changé a donne. Il faudrait arrêter de prendre ses désirs pour des réalités. Les attentes de l’IA générative tiennent davantage du phantasme que de la réalité.
Bourse : une euphorie qui n’a rien de rationnelle
En bourse, il est facile d’anticiper une hausse, puisque globalement, avec les indices boursiers ne font que grimper sur la durée. Avoir une vue baissière est beaucoup plus rare. Mais les planètes sont certes favorables à court terme, mais investir en bourse, ce n’est pas regarder deux mois devant soi. Toutefois, il faut se rappeler que se prendre un krach sur un portefeuille, cela peut couter 5 années de galère pour combler une perte latente de 30%. Ainsi, pour les investisseurs néophytes, il serait sans doute opportun de considérer qu’avec des taux d’intérêts en hausse, des rendements obligataires de plus en plus élevés, les marchés actions deviennent de moins en moins attractifs. Certes, les signaux économiques ne sont pas affolant pour le moment. L’inflation se calme, lentement mais surement. Les banques centrales communiquent avec fermeté leur total absence d’anticipation sur le futur, ce qui confirme que la politique monétaire des banques centrales intéresse davantage les journalistes financiers que les investisseurs.
Croissance ralentie attendue pour le second semestre
Le second semestre est attendu en recul de chiffre d’affaires par l’ensemble des entreprises. Autant dire qu’il ne faut pas s’attendre à d’aussi bons résultats qu’au S1 ! On vous aura prévenu.