Bourse : une petite saignée avant de repartir de plus belle ? Ou pas ?
La bulle financière sur les marchés actions ne semble pas vouloir vraiment se dégonfler. Quoique...
mercredi 17 avril 2024, par Ben Laidler, Denis Lapalus
Une saine saignée toujours attendue
Ben Laidler, Global Markets Strategist pour eTORO nous livre son analyse de baisse de la journée d’hier. Les actions ont connu un début d’année 2024 fulgurant, le S&P 500 réalisant sa meilleure année depuis 70 ans. Le mois d’avril a cependant été plus difficile, comme prévu, et nous sommes sur le point d’assister à un "repli" du marché qui n’a que trop tardé. La cause immédiate en est la révision des prévisions de baisse des taux de la FED et la hausse des rendements obligataires. Nous considérons qu’il s’agit d’un répit salutaire, et qu’une faiblesse prolongée peut être achetée. Les deux piliers du marché haussier que sont la croissance des bénéfices et les réductions de taux encore à venir restent en place, tandis que d’importantes liquidités restent sur la touche. Nous nous concentrons sur les secteurs et les régions les moins chers et les plus sensibles à l’économie, des valeurs financières à l’Europe. Un signal contrarien à court terme est la volatilité VIX qui dépasse le niveau 1 STD de 28.
Des baisses inévitables à venir
Les baisses de marché sont inévitables. Il n’y a pas de récompense sans risque. Les actions américaines ont enregistré des rendements annuels moyens à long terme de 10 %, et les actions ont historiquement augmenté beaucoup plus souvent qu’elles n’ont baissé. Le S&P 500 a connu en moyenne trois modestes "reculs" de plus de 5 % par an (voir le graphique), bien plus souvent que des "corrections" de 10 % ou de rares "krachs" de 20 %, tandis que la chute moyenne du S&P 500 en cours d’année a été de l’ordre de -14 %. L’année dernière, par exemple, le S&P 500 a subi une correction intra-annuelle de -10 %, mais a terminé l’année civile avec une hausse de 24 %. En 2020, la chute en cours d’année a été bien pire (-34 %), mais l’indice a tout de même progressé de 16 % sur l’ensemble de l’année civile.
Un étau à 3 têtes
Les marchés boursiers sont dans un étau à court terme, pressés de trois manières.
- Une réévaluation des réductions de taux de la Fed, plus tardives et moins importantes, avec une croissance du PIB plus forte et une inflation plus solide. Cette situation entraîne une hausse des rendements obligataires et affecte particulièrement les titres dont la valorisation est élevée, comme la technologie, ou dont l’endettement est important, comme l’immobilier.
- Les fortes incertitudes géopolitiques, de l’Ukraine au Moyen-Orient, ont contribué à la hausse du dollar américain et à la remontée du VIX à des niveaux moyens à long terme.
- La toile de fond technique plus faible des marchés qui se sont fortement redressés, le sentiment élevé des investisseurs et un repli statistiquement attendu, avec une saisonnalité de milieu d’année faible dont on peut dire qu’elle est maintenant avancée au mois d’avril.