Hydrogène blanc : les premiers permis d’exploration accordés en France dans les Pyrénées
Le gouvernement a annoncé dimanche qu’il donnait son feu vert au projet de recherches d’hydrogène blanc dans les Pyrénées-Atlantiques.
lundi 4 décembre 2023, par Denis Lapalus
Hydrogène blanc
C’est une première en France. Le gouvernement a annoncé dimanche qu’il donnait son feu vert au projet de recherches d’hydrogène dit « blanc », dans les Pyrénées-Atlantiques. Le combustible, naturellement présent dans le sous-sol, a un intérêt croissant pour la décarbonation de l’industrie et des transports. Annoncé dimanche dans le Journal officiel, ce « permis exclusif de recherches de mines d’hydrogène natif, hélium et substances connexes dit Sauve Terre H2 », précise l’arrêté du 23 novembre, signé par la ministre de la Transition énergétique et le ministre délégué à l’Industrie. Il a été accordé à la société TBH2 Aquitaine pour 5 ans, et concernera une zone de 225 km² environ, qui s’étend des environs de Sauveterre-de-Béarn jusqu’à Navarrenx, ainsi qu’en Soule.
« Si l’hydrogène natif existe réellement en abondance et est une ressource disponible, c’est une excellente nouvelle. Nous aurions tort de fermer cette porte », confiait en juin aux « Echos » un porte-parole du cabinet d’Agnès Pannier-Runacher, la ministre de la Transition écologique.
Plusieurs demandes de permis en attente
Outre TBH2 Aquitaine, d’autres entreprises se sont engouffrées dans la brèche. Parmi elles, la start-up 45-8 Energy, qui a déposé en mars dernier, conjointement avec Storengy (filiale d’Engie spécialisée dans le stockage souterrain de gaz naturel), une demande de permis de recherches dans les Pyrénées-Atlantiques. Les autres demandes aujourd’hui à l’instruction ont été déposées en Auvergne-Rhône-Alpes (dans l’Ain et le Puy-de-Dôme) par la société Sudmine, une start-up dédiée à « l’exploration responsable » des ressources naturelles. L’exploitant gazier Française de l’Energie (FDE) a également demandé un permis de recherche portant sur une surface de 2.254 km2 en Moselle et en Meurthe-et-Moselle . Une demande faite après la découverte fortuite d’un immense gisement d’hydrogène naturel dans l’ancien bassin houiller lorrain.
Une ressource économiquement exploitable
Si cet hydrogène natif attire aujourd’hui, c’est parce qu’il présente de multiples avantages par rapport aux autres types d’hydrogène. Alors que le « gris » est fabriqué à partir d’énergies fossiles, l’hydrogène « blanc » se génère quotidiennement et naturellement dans le sous-sol grâce aux interactions entre l’eau et les roches. Il est donc naturellement bas carbone. Son coût estimé, sur la phase industrielle, est aussi imbattable : en dessous de l’euro voire du demi-euro par kilo, contre environ 10 euros le kilo, subventions incluses, pour l’hydrogène vert avec électrolyse. Un faible « cash cost » confirmé par la société canadienne Hydroma qui pilote le seul gisement exploité à ce jour dans le monde, à Bourakébougou, au Mali.
Considéré jusqu’ici comme une curiosité géologique, l’hydrogène blanc est désormais vu comme une potentielle ressource gazière exploitable. Les ressources mondiales ne sont pas encore clairement définies mais d’après les premières recherches, elles seraient de l’ordre de 23 millions de tonnes par an, voire plus. En France, plusieurs régions seraient particulièrement bien loties, notamment la Nouvelle-Aquitaine et le Grand Est.
Rien de concret avant 7 à 10 ans
Il faudra toutefois se montrer patient avant d’imaginer la France comme puissance productrice d’hydrogène blanc. D’autres pays - dont l’Australie et les Etats-Unis - sont lancés dans la course et prennent une longueur d’avance. Dans un pays comme la France, il peut s’écouler sept à dix ans entre le moment où une entreprise dépose une demande de permis d’exploration et celui où le site entre en production.